Côté rue, côté jardin. Le nouveau bâtiment de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Picardie à Amiens présente un double visage. Tout en élégance, le projet imaginé par le duo d'architectes Chartier-Corbasson est une véritable bouffée d'oxygène, notamment grâce à sa façade végétalisée bucolique. Visite.
Drôle d'histoire pour le nouvel édifice de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Picardie. En effet, ici trônait il y a quelques temps une maison-close nommée l'Edelweiss, un site devenu avec le temps une véritable verrue pour la ville d'Amiens. A ses côtés, une ancienne écurie et l'hôtel particulier Bouctot-Vagniez, témoin architectural de l'art nouveau des années 1900, qui abritait jusqu'au mois de juin dernier les salariés de la chambre de commerce et d'industrie.
Depuis, ils ont emménagé dans des locaux flambant neufs (en lieu et place de l'Edelweiss) qui bénéficient d'un véritable eden : jardin avec bassin, pont et grotte. Ainsi, pour s'implanter dans ce paysage, il fallait créer un bâtiment en adéquation avec cet environnement verdoyant. Là était le défi : imaginer un édifice au cœur de ce patrimoine : «L'idée était d'inscrire la réalisation dans la continuité du jardin tout en laissant l'hôtel respirer», explique Thomas Corbasson, de l'agence Chartier-Corbasson. Pour cet enfant du pays, le projet se devait d'être élégant et respectueux du cadre tout en imposant un signal fort. Une marque. Pas de doute, le pari est réussi.
Une façade bucolique
Avec sa façade végétalisée, la nouvelle CCI ne manque pas d'atouts. Dotée d'ouvertures et d'une allure de rocher gigantesque, elle interpelle par les nombreuses plantes grimpantes sur son mur dont les couleurs varient selon les saisons. Campanules, Bergenias, Euphorbes, fougères, heucheras caramel offrent un petit coin poétique et champêtre. : «Ici, tout est tellement bucolique que ce matin, un héron est venu manger les poissons du bassin», s'amuse Patrick Lemoine, directeur de la communication de la CCI. Et pour faire tenir tout ce petit monde végétal d'environ 340 m2, des panières, un système de rails et de tubes ont été ingénieusement inventés par l'entreprise Tracer. «Pour épouser les formes de la façade, les bacs aciers des plantes ont été réalisés par torsion», précise l'architecte. Et pour prendre soin et entretenir ces espèces, il est prévu qu'un jardinier passe quatre fois par an.
Si le bâtiment révèle un côté jardin des plus surprenants, la façade côté rue est plus discrète avec sa double peau et une résille rappelant les motifs des habitations en briques multicolores situées de part et d'autre.
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Un programme, une ambition
Le programme comprend deux parties : un espace public avec un auditorium contemporain tout en bois de 180 places maximum destiné à l'organisation d'événements, des salles de réception et des bureaux pour les 45 salariés. Tout comme la façade côté jardin, l'intérieur s'apparente à une grotte : «Il répond aux formes extérieures», glisse Thomas Corbasson. Avec des plafonds biscornus, l'aspect rocaille est rendu par un habillage plâtre, l'absorbant acoustique et les finitions de peinture. Les espaces se veulent lumineux et généreux : «Chaque étage est doté d'une terrasse», note l'architecte. Enfin, le mode de chauffage repose sur les plafonds et les sols ainsi qu'un système de ventilation double flux. Les bureaux sont certifiés NF Bâtiment tertiaire démarche HQE : «Il s'agit d'un bâtiment vitrine représentatif des savoir-faire de la région», se félicite Patrick Lemoine. En effet, les architectes ont privilégié les entreprises de la région pour la construction. Reste aujourd'hui au bâtiment à trouver son équilibre mais les ambitions sont grandes : «Nous voulons faire vivre cet endroit. Nous souhaitons pouvoir organiser des événements comme des pièces de théâtre dans l'auditorium sur le monde de l'entreprise, etc. Et puis nous espérons également ouvrir le jardin au public et plus particulièrement aux jeunes du lycée d'en face», s'enthousiasme le directeur de communication. Pas de doute, la CCI de Picardie est bien décidée à ne pas se reposer sur ses lauriers et compte bien montrer avec son bâtiment «vert» en figure de proue son dynamisme et son innovation.
La nouvelle CCI de Picardie
La façade côté rue est plus discrète avec sa double peau et sa résille.
Une façade en résille
Polychromie inspirée par la brique.
Le bâtiment, côté jardin
Le projet met en scène un mur végétale composé d'un éventail de plantes différentes et adaptées : non allergènes et résistantes gel.
Un explosion d'ouverture
De nombreuses ouvertures ornent la nouvelle CCI.
Deux bâtiments face à face
Vue depuis l'entrée : un volume en retrait
Un bâtiment lumineux
les ouvertures jouent avec le reflet du patrimoine existant.
Un bâtiment aux allures de grotte
Grotte à proximité de l'édifice
Grotte rocaille contiguë à la nouvelle CCI. Un jardin champêtre ornent la nouvelle CCI ainsi que l'hôtel particulier dans lequel étaient logés les salariés auparavant.
Terrasse champêtre
Campanules, Bergenias, Euphorbes, fougères, heucheras caramel offrent un petit coin poétique et champêtre
Effet miroir
Façade nord, un dialogue avec l'existant
Un bâtiment en deux parties, une faille
La faille, espace de respiration au cœur des bureaux
Intérieur de la CCI
Le hall d'entrée, inspirée de la grotte rocaille contigue
Auditorium
L'auditorium, un coffre spacieux tout en bois. "C'est également une caverne d'Ali Baba", plaisante l'architecte Thomas Corbasson.
Plan de coupe
Coupe transversale type
Maître d'ouvrage : CCI de Picardie
Architecte : Chartier et Corbasson
Surface : 1800 m2
Montant des travaux : 5,6 millions d'euros.
Début des travaux : fin 2009
Livraison : juin 2012