PORTRAIT. Jérôme Brunet aime le verre, le Rubik's cube et les tableaux de Hopper. Le co-fondateur de l'agence Brunet Saunier a développé le concept de monospace au sein de ses réalisations et en particulier dans les centres hospitaliers en constante évolution. Portrait.
"Ainsi l'hôpital cesse d'être un organisme statique et acquiert une flexibilité qui lui permet de suivre l'évolution de la médecine nouvelle en même temps qu'elle lui permet des possibilités de croissance dans le futur". Devant le public attentif de la Carte blanche Archinov en partenariat avec le groupe SMA, Jérôme Brunet est fier de réciter une citation inconnue d'un certain...Le Corbusier. Fier surtout d'évoquer sa vision annonciatrice de l'hôpital de demain.
Pour mieux saisir la démarche de l'architecte de la villa Savoye, Jérôme Brunet s'est plongé dans ses carnets et notamment ses croquis. Un d'entre d'eux rappelle un tableau de 1493, Le martyre des pèlerins et les funérailles de Sainte Ursule, oeuvre de Vittore Carpaccio. Le Corbusier s'est curieusement inspiré de la scène funéraire pour dessiner les plans des chambres de son futur projet. Celui de la conception d'un hôpital de 1200 lits à Venise. En 1964, il exprime sa vision de la modernisation du tissu urbain vénitien, la maquette laissant apparaître un hôpital fondu dans la ville. Le bâtiment présente une alternance de patios et de jardins bordurant. Poétique, Jérôme Brunet y voit lui une "nappe assez mouvante comme des nénuphars sur l'eau". Le projet est hélas contesté par les autorités locales et ne verra pas le jour après la mort de le Corbusier en 1967.
Pour mieux saisir la démarche de l'architecte de la villa Savoye, Jérôme Brunet s'est plongé dans ses carnets et notamment ses croquis. Un d'entre d'eux rappelle un tableau de 1493, Le martyre des pèlerins et les funérailles de Sainte Ursule, oeuvre de Vittore Carpaccio. Le Corbusier s'est curieusement inspiré de la scène funéraire pour dessiner les plans des chambres de son futur projet. Celui de la conception d'un hôpital de 1200 lits à Venise. En 1964, il exprime sa vision de la modernisation du tissu urbain vénitien, la maquette laissant apparaître un hôpital fondu dans la ville. Le bâtiment présente une alternance de patios et de jardins bordurant. Poétique, Jérôme Brunet y voit lui une "nappe assez mouvante comme des nénuphars sur l'eau". Le projet est hélas contesté par les autorités locales et ne verra pas le jour après la mort de le Corbusier en 1967.
Retrouvez en pages suivantes, la suite du portrait consacré à Jérôme Brunet...
Centre hospitalier de Marne-la-Valley
La notion de flexibilité des lieux, défendue par Le Corbusier, est au coeur des préoccupations de l'agence Brunet Saunier Architecture. Eric Saunier et Jérôme Brunet, deux jeunes architectes rencontrés en classe de seconde, décident en 1981 de monter leur cabinet. A travers des programmes éclectiques - hôtel de police d'Hérouville-Saint-Clair (1985-1990), école de musique et de danse de Chalon-sur-Saône (1992-1995) - les deux compères s'illustrent déjà dans la manière de réfléchir sur l'évolutivité du bâtiment et affirment leur goût pour une esthétique lisse, épurée.
Centre hospitalier de Chambéry
Ingénieux, l'agence élabore en 1995 une solution structurelle majeure pour le laboratoire du Louvre. Pour illuminer les locaux situés à 15 m en profondeur, l'équipe réussit la prouesse de maintenir la structure grâce à des poutres en verre, consolidées par des croix de sabot en acier. Étonnant.
Hôpital universitaire de Genève
Par la suite, l'agence se spécialise progressivement dans le domaine hospitalier. A l'origine, il s'agissait d'un concours, comme un autre, remporté pour la conception de l'Institut de santé Saint-Pierre à Pavalas-les Flos (1999). Puis les projets s'enchaînent : centres hospitaliers de Cannes (2001), Douai (2001), Toulon (2002), Belfort-Montbéliard (2006), Chambéry (2010).
En parallèle et depuis 10 ans, l'agence développe et généralise l'utilisation de la maquette numérique (BIM) sur l'ensemble de ses projets.
En parallèle et depuis 10 ans, l'agence développe et généralise l'utilisation de la maquette numérique (BIM) sur l'ensemble de ses projets.
Centre hospitalier de Belfort-Montbéliard
L'évolution constante de la médecine renforce la difficulté de la conception car "il faut imaginer un hôpital qui puisse évoluer dans les dix prochaines années", remarque Jérôme Brunet. L'architecte a donc développé le concept de "monospace", référence au célèbre véhicule de la marque Renault ou au jeu du Rubik's Cube. "Le monospace soutient l'idée que l'hôpital est un ensemble unique, capable de permettre une totale fusion entre le plateau technique et l'hébergement - une forme unitaire et homogène, presque anodine pour ne jamais subir l'avenir et, au contraire, toujours l'anticiper".
UFR MIM et LEM 3 - Technopole de Metz
Les plans des centres hospitaliers de Belfort et Chambéry, présentés lors de la soirée Carte Blanche, reprennent à peu de choses près celui de l'hôpital de Venise. Organisés autour de patios, les différents blocs doivent être capables de fusionner si besoin ou de se mutualiser. Les structures privilégient des façades lisses et transparentes où "les poutres ont été placées en retrait des vitres pour renforcer cette sensation de légèreté".
Nouvel hôpital Limmattal Zurich
Jérôme Brunet relève lui-même le défaut de ses réalisations : l'homogénéité. Seule touche de fantaisie dans cet univers uniforme, l'ambiance des patios qui change de couleurs en fonction de la lumière du jour.
Ecocampus du Grand Paris à Vitry
"A une époque, on nous reprochait même de faire des gaufres, alors on a décidé d'inventer des moules à gaufres", ironise-t-il.
Centre hospitalier universitaire Vaudois Lausanne
La fin de la conférence se termine par une dernière référence sur le tableau Nighthawks d'Edward Hopper, (1942). "Le mystère est palpable entre la lumière forte du bar et la vitre qui semble disparaître". Jérôme Brunet aime laisser planer le doute.