PORTRAIT. Architecte, enseignant, architecte conseil de l'Etat, Bernard Desmoulin réalise et rénove des équipements culturels, conservatoires de musique et de danse. Se questionnant en permanence, il se demande pourquoi l'architecture ne peut être belle… à l'inverse de l'actrice Ava Gardner qu'il admire tout particulièrement pour sa beauté. Portrait.

L'architecte Bernard Desmoulin n'est pas dans l'exubérance. Discret, il cultive plutôt son jardin. Et surtout la sobriété. Une caractéristique que l'on retrouve dans son agence, rue Faubourg Poissonnière, dans le 9ème arrondissement de Paris. Ici, tout est blanc et épuré afin que chacun des collaborateurs puisse profiter de l'espace.

 

On l'aura donc compris, le concepteur privilégie les lignes, les volumes aux fioritures et à l'architecture "gadget" : "Je ne travaille jamais sur la forme", confie-t-il lors de sa carte blanche organisée par Archinov, le 5 février dernier. "Je m'intéresse à la construction, aux techniques constructives et aux matériaux (…) j'essaie d'éviter la gratuité, le factice. Je n'aime pas l'architecture objet", assure-t-il. Et donc la facilité. Celui qui dit être fasciné par la beauté d'Ava Gardner, avoue avoir du mal à retrouver cette caractéristique dans sa discipline : "La beauté a disparu du discours des architectes. Elle est bannie depuis le 17ème siècle, et elle est bien partie pour ne pas être présente au 21ème", déplore-t-il. Seule peut-être la villa Malaparte, bâtie à flanc de colline en Italie par Adalberto Libera, trouve grâce à ses yeux. S'interrogeant sur la beauté, l'architecte n'hésite pas à lancer : "Je ne sais pas pourquoi l'architecture n'est pas capable de produire une charge poétique comme la musique ou le cinéma".

Une architecture parfois discrète, parfois extravagante

Reste que son architecture est là et bien ancrée. Parfois discrète, parfois extravagante, elle s'adapte au lieu ou à une commande comme à Montreuil où il a livré un centre d'art contemporain en 2013 accoudé à une maison bourgeoise ancienne. "L'art contemporain est fait de questionnements, on en est plus au stade du laid ou du beau. Et c'est un peu pareil avec ce bâtiment dont le propos est finalement ailleurs", développe Bernard Desmoulin. Lors de la construction du musée du pays de Sarrebourg, la réflexion a été portée par le site et l'histoire de la commune puisque l'architecte s'est inspiré des grands entrepôts lorrains pour imaginer son bâtiment. Résultat : un programme lisible et sans gesticulation. Un vocabulaire simple, marque de l'architecte. Un trait important que l'on l'observe également dans la rénovation du Centre Culturel français à Mexico (1998) ou dans son projet de restauration du grand commun de Versailles de Mansart ou l'écriture permet d'identifier clairement les rajouts contemporains. Autant de réalisations dans lesquelles Bernard Desmoulin affiche son goût prononcé dans la confrontation avec l'Histoire. Mais pas uniquement puisqu'il envisage son travail dans une continuité : "La ville s'écrit comme une longue histoire et j'essaie d'y participer", raconte-t-il. Une manière de laisser une trace dans le temps, oui… mais toujours avec humilité.

 

Bernard Desmoulin en quelques dates
Collaborateur à l'agence Scau à Paris, puis à l'agence I.M. Pei à New York (États-Unis) (1981-1983)
1987 : il crée son agence
1984 : Lauréat des Albums de la jeune architecture décernés par le ministère de l'Équipement
1998 : Centre culturel français à Mexico (Mexique)
2000: médaille d'argent de l'Académie d'architecture
2003 : musée de Sarrebourg
2006 : restructuration du musée des Arts décoratifs à Paris
2009 : Equerre d'argent
2010 : aménagement du grand commun du château de Versailles (2010)
2013 : centre d'art contemporain de Montreuil

 

Retrouvez la vidéo de présentation de sa carte blanche, "la Beauté d'Ava Gardner", en cliquant ici

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Restauration du grand commun de Versailles de Mansart

Restauration du grand commun de Versailles de Mans
Restauration du grand commun de Versailles de Mans © Michel Denancé
La restauration du grand commun de Versailles de Mansart permet d'identifier clairement les rajouts contemporains.

Grand commun de Versailles de Mansart

Restauration du grand commun de Versailles de Mans
Restauration du grand commun de Versailles de Mans © Michel Denancé
Ne pas écraser l'histoire du lieu a jalonné le projet de la rénovation du Grand commun de Versailles.

Centre d'art contemporain de Montreuil

Centre d'art contemporain de montreuil
Centre d'art contemporain de montreuil © Michel Denancé
Le bâtiment réalisé attire l'attention. De 2,50 m de large et de 20 mètres de long, il se distingue dans le quartier où il est implanté.

Centre d'art contemporain de Montreuil

Centre d'art contmeporain de Montreuil
Centre d'art contmeporain de Montreuil © Michel Denancé
Le bâtiment interroge, interpelle, un peu comme l'art contemporain.

Musée du pays de Sarrebourg

Sarrebourg
Sarrebourg © Andrei Sebastien
Ce bâtiment s'inspire des grands entrepôts lorrains. Au programme : jeux de reflets et travail des matériaux.

Conservatoire du 12ème arrondissement de Paris

Conservatoire
Conservatoire © Michel Denancé
Le conservatoire Paul Dukas dispense un enseignement artistique spécialisé en musique, danse et art dramatique. Il accueille actuellement 1 250 élèves et 90 professeurs.

 

L'architecture joue sur les matériaux et les reflets.

Conservatoire du 12ème arrondissement de Paris

Conservatoire du 12ème arrondissement de Paris
Conservatoire du 12ème arrondissement de Paris © Michel Denancé
L'architecte a mixé plusieurs matériaux afin que le bâtiment change d'aspect au fur et à mesure de la journée.

Pôle de restauration de l'Ensam Cluny

Cluny
Cluny © Luc Boegly
Ici, on peut voir comment l'architecte mêle l'architecture contemporaine dans un lieu historique.

Hôtel de Cluny - Boulevard Saint-Michel - Paris

Agence Desmoulin
Agence Desmoulin © Agence Desmoulin
Projet en cours qui alliera contemporain et patrimoine historique.