La Butte-Rouge, à Châtenay, classée "site menacé" par une organisation européenne

 

Rénovés entre 1980 et 1995 mais pas depuis, certaines habitations souffrent de pathologies qui les rendent difficilement habitables. Pour financer le programme de rénovations, mais aussi pour introduire de l'habitat privé dans un quartier aujourd'hui 100% social, et pour densifier un espace désormais très accessible en transports publics, la Ville de Châtenay-Malabry ambitionne un grand programme de travaux, comme l'expliquait à Batiactu Emmanuelle Lhuillier, architecte missionnée par la municipalité pour coordonner ce programme de rénovation urbaine. En fin d'année dernière, un groupement, mené par les paysagistes de Wald, a été désigné lauréat pour la conception du plan guide de la Butte-Rouge.

 

 

 

Lors de la présentation des sites menacés, le président exécutif d'Europa Nostra, Hermann Parzinger, a jugé que la liste des sept sites les plus menacés en 2022 embrassait "une grande diversité de sites patrimoniaux allant d'une cité-jardin exemplaire du 20e siècle, au centre historique d'une ville médiévale gravement endommagé par des inondations, en passant par un bâtiment emblématique intégré dans le plus ancien ensemble de bains de notre continent et désormais à l'abandon". "Ces divers sites sont menacés soit par négligence, soit par une volonté de destruction planifiée, soit par des projets de développement inadaptés".

 

La cité-jardin de la Butte-Rouge est, selon Europa Nostra, "la seule cité-jardin française à allier avec autant d'intelligence et d'efficacité les aspects urbain, architectural, environnemental et social dans sa topographie". Elle offre un "exemple réussi de la combinaison harmonieuse entre réformes socio-économiques et innovation architecturale". À ce titre, elle bénéficie d'une reconnaissance internationale, rappelle Europa Nostra, et "fait figure de modèle urbain dans un contexte de mesures pour atténuer le changement climatique".

 

Un quartier "menacé de démolition"

 

Le quartier serait, affirme le collectif, "menacé de démolition". "Depuis trois ans, la ville de Châtenay-Malabry a très clairement fait part de son intention de détruire cette remarquable cité-jardin, en alléguant le fait que les bâtiments ne sont pas conformes aux nouvelles normes architecturales". Environ 85% des bâtiments de cet ensemble risquent donc de disparaître, dénoncent-ils. Interrogée par Batiactu, Emmanuelle L'Huillier se défendait de vouloir supprimer la majorité des bâtiments mais expliquer ne pas avoir sanctuarisé une partie importante du bâti pour "laisser de la souplesse" aux concepteurs du plan-guide.

 

Pour Europa Nostra, ce projet de rénovation urbaine "porterait un grave préjudice à l'intégrité et à la cohérence architecturales du site". L'organisation dénonce également la "spéculation immobilière". Celui-ci conduirait à "la destruction des bâtiments existants, de l'habitat social et des nombreux arbres remarquables répartis sur les espaces verts afin de les remplacer par de nouveaux appartements coûteux", juge le Comité Consultatif du programme 'Sept merveilles d'Europe en péril'.