ETUDE. Selon les résultats de l'Observatoire de l'emploi des entrepreneurs, mené par l'association GSC et Altares, un peu plus de 48.000 dirigeants d'entreprise ont perdu leur emploi en 2019. Le secteur de la construction est particulièrement touché.

Leur nombre recule de près de 4%, mais reste encore élevé. En 2019, 48.358 chefs d'entreprise ont perdu leur emploi, tous secteurs confondus, selon les dernières données de l'Observatoire de l'emploi des entrepreneurs, réalisé par l'association GSC et la société Altares.

 

Le secteur le plus touché est la construction, même si leur nombre connaît une baisse sensible de 8,3%. Un quart des chefs d'entreprises ayant perdu leur activité professionnelle œuvrait ainsi dans le BTP. Cela correspond par exemple à 5.893 dirigeants dans le second œuvre (c'est 10,7% de moins par rapport à 2018), 4.004 dans le gros œuvre (-5% sur un an), ou encore 504 dans les travaux publics (-4,9%), ou encore 107 dans la promotion immobilière (-7%), selon l'étude.

 

9 gérants sur 10 à la tête d'une TPE de moins de 6 salariés

 

Par région, leur nombre est en baisse partout, exception faite de la Bourgogne-Franche-Comté (331 en 2019, contre 312 en 2018). L'Ile-de-France compte le plus grand nombre de chefs d'entreprise qui ont cessé leur activité professionnelle (2.755 en 2019, contre 3.125 en 2018), suivi de l'Auvergne-Rhône-Alpes (1.306 vs 1.360 un an auparavant), et la Provence-Alpes-Côte d'Azur (1.061 en 2019, contre 1.108 l'année précédente).

 

 

Les dirigeants de TPE sont les plus touchés

 

Globalement et tous secteurs confondus, il est aussi à noter que les dirigeants de petites entreprises sont les plus touchés : 9 gérants sur 10 en perte d'emploi étaient à la tête d'une TPE de moins de 6 salariés, et même 75% était dans une société de moins de 3 salariés. En regardant plus particulièrement la forme juridique des entreprises, plus de la moitié (54,2%) de ces anciens dirigeants étaient à la tête d'une SARL, malgré une tendance à la baisse.

 

La répartition par chiffre d'affaires montre que 78,5% des entrepreneurs dirigeaient une entreprise dont le CA était inférieur à 500.000 euros. L'étude note par ailleurs "une augmentation de 15,3% des pertes d'emplois chez les dirigeants de sociétés développant de 5 à 10 millions de CA".

 

Les artisans face au burnout

 

Les chefs d'entreprise ne sont pas à l'abri d'un burnout. Mais le phénomène fait rarement l'objet de recherche. C'est pourquoi Olivier Torres, enseignant-chercheur et président-fondateur de l'Observatoire Amarok, sur la santé des dirigeants de PME et des entrepreneurs, et Charlotte Kinowski-Moysan, doctorante en entrepreneuriat, se sont récemment penchés sur ce sujet.

 

Leur principal enseignement est que le risque de burnout est bien universel, et "concerne tout autant les dirigeants que la population des salariés et des cadres. Ce n'est pas une surprise, mais l'absence des mesures du burnout auprès de cette population clé pour l'économie pouvait donner le sentiment que les chefs d'entreprise étaient à l'abri".

 

Les artisans sont parmi les plus touchés (35,3%). Et 16,4% des dirigeants d'entreprise de BTP interrogés pour l'étude sont en proie au risque de burnout, faisant partie de l'un des secteurs les plus impactés potentiellement.

 

Pour les deux auteurs, il est donc temps de mettre en place "une politique énergique de prévention du burnout des chefs d'entreprise. Cette question doit devenir un enjeu de santé publique, car l'impact d'un burnout [du dirigeant] sur sa propre entreprise et sur les emplois afférents sont colossaux".

actionclactionfp