POSITION. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire est intervenu ce vendredi matin sur la polémique qui oppose depuis quelques jours les pouvoirs publics aux professionnels du BTP.
Les chantiers vont-ils pouvoir reprendre sous certaines conditions ? Le Gouvernement semble avoir en tout cas entendu les demandes du secteur du BTP, dont les fédérations professionnelles appelaient à un arrêt des chantiers pour des raisons notamment sanitaires. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, est revenu sur ce sujet sur LCI, ce vendredi matin. "Les entrepreneurs du bâtiment, je les comprends", a-t-il assuré, engageant ce qui ressemble à un signe de détente après plusieurs jours de polémique. "Ils ont des salariés, sont responsables de leur protection, et il n'est pas évident de protéger les compagnons sur un chantier." Le ministre a ainsi assuré qu'il comprenait la demande de la FFB, de la Capeb et de la FNTP de stopper les activités dans l'attente de la définition de règles de protection de la santé.
Trouver des règles "sous 24 ou 48 heures"
"Ce que je souhaite, et c'est un travail engagé par la ministre du Travail Muriel Pénicaud et la Fédération française du bâtiment, c'est que dans le cadre d'un dialogue social nous définissions un protocole pour les salariés de ce secteur", a assuré le ministre. Ce qui permettrait de savoir à quelles conditions un chantier peut, ou non, rester ouvert. "Nous définirons ensemble, je l'espère sous 24 ou 48 heures, des règles sanitaires strictes qui s'appliqueront à tous les chantiers."
Le membre du Gouvernement a également souhaité rassurer les professionnels sur le chômage partiel. Au vu du souhait de continuation de l'activité des chantiers, des responsables du BTP s'inquiétaient du fait de voir leur secteur exclu du dispositif exceptionnel d'activité partielle mis en place. "Les entreprises du BTP qui sont à l'arrêt bénéficieront bien sûr du chômage partiel, car elles sont en attente de règles pour protéger leurs salariés", a-t-il dit. Mais, même après la fixation d'un cadre sanitaire par les pouvoirs publics et les représentants du secteur, le ministre précise que certains chantiers ne pourront toujours pas être ouverts. Dans ces cas-là, ceux où les règles de sécurité de base (espacement des travailleurs, équipements de protection pour chacun...), les entreprises de BTP auront toujours accès au chômage partiel.
Accord en vue après une semaine mouvementée
Dans la foulée, le président de la FNTP Bruno Cavagné a confirmé que l'heure était au retour au calme entre les professionnels et le gouvernement, et qu'un accord était sur le point d'être trouvé. "Il faut prendre en compte l'intérêt supérieur du pays. Nous réfléchissons à des solutions, pour remettre rapidement le BTP au travail, dans des conditions de sécurité convenables", a-t-il assuré. Elaborés avec l'OPPBTP, des protocoles devraient être dévoilés dans quelques jours. Bruno Cavagné a avancé la date du 24 mars, et la transmission de premiers éléments au gouvernement dans le week-end.
Sur le principe, en cas de validation de ce cadre collectif, les chantiers pourraient redémarrer dès le lendemain. Mais cela dépendra évidemment de la capacité à rassurer les entreprises et surtout leurs salariés. Mais aussi de la reprise des activités industrielles, car beaucoup de fournisseurs ont fermé boutique, rendant l'approvisionnement et donc le travail impossible : "La ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne est en contact avec les industriels et se veut rassurante : ils travaillent aussi à l'élaboration de protocoles et ont pas mal avancé", croit savoir le président de la FNTP.
"Tout le monde ne sera pas au boulot le 25 mars"
Malgré tout, il ne faut pas s'attendre à ce que "tout le monde soit au boulot le 25 mars au matin", a-t-il reconnu, sachant que 80% des chantiers de travaux publics sont actuellement à l'arrêt. Partout, il va falloir prioriser les chantiers, voir ceux qui peuvent être redémarrés rapidement et quand cela sera possible, évalués ceux pour lesquels il faudra plus de temps.
L'urgence, "c'est de se mettre d'accord, que nous parvenions ensemble à trouver ces bons protocoles, pour préserver au maximum la sécurité de nos salariés. Et il ne faudrait pas oublier de sécuriser aussi nos entreprises", a lancé Bruno Cavagné. Il a regretté avoir perdu 5 jours, alors que le secteur avait unaniment demandé un arrêt provisoire des chantiers pour permettre justement de mettre en place ce qui semble aujourd'hui être mieux compris par le gouvernement. Il aura fallu un difficile bras de fer, qui avait atteint son paroxysme hier, 19 mars, pour parvenir à faire passer le message.
Des premières pistes de bon sens
Quelques pistes, relevant presque du bon sens, ont été avancées par le président de la FNTP. Pour se rendre sur les chantiers, l'usage de la voiture individuelle devrait être privilégié, plutôt que le transport à plusieurs en fourgons. Sur place, outre le respect des distances qu'il faudra respecter, les compagnons seront moins nombreux, et leur température pourrait être prise régulièrement. Des tâches manuelles pourraient aussi être remplacées par des tâches mécaniques.