CONDITIONS DE TRAVAIL. Les antennes bretonnes de la Fédération française du bâtiment (FFB) et de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) ont lancé un appel au préfet de région pour lui demander de rouvrir des salles de restauration dans chaque commune, de sorte que les ouvriers puissent prendre leur pause-déjeuner dans un lieu chauffé et convivial.
C'est une initiative régionale qui pourrait bien faire des émules au niveau national. Ce 3 décembre 2020, les antennes bretonnes de la Fédération française du bâtiment (FFB) et de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) tenaient une conférence de presse commune pour lancer un appel au préfet de la région Bretagne. Leur message ? Demander la réouverture immédiate des lieux de restauration dans chaque commune afin de permettre aux artisans et ouvriers de la construction de pouvoir, alors que la période hivernale arrive, prendre leur pause-déjeuner dans de bonnes conditions, autrement dit dans un lieu chauffé et convivial. Car depuis le reconfinement sanitaire de l'automne 2020, les bars, cafés et restaurants sont de nouveau fermés sur obligation administrative et ce, jusqu'au 20 janvier 2021 au moins.
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Des considérations sanitaires mais aussi humaines
Une situation qui contraint les professionnels du bâtiment à rester sur des chantiers découverts ou à s'isoler dans leurs véhicules pour consommer à la hâte leur casse-croûte de la mi-journée. Citant l'exemple des chauffeurs routiers qui peuvent toujours s'arrêter dans les restaurants routiers pour prendre leur pause, le président de la FFB Bretagne, Stéphane Le Teuff, estime urgent de trouver une solution "pragmatique" en ce début du mois de décembre : il demande ainsi aux préfet et sous-préfets de Bretagne "d'ouvrir des salles de restauration pour aider nos compagnons à se restaurer convenablement", soulignant que "de nombreux maires ont déjà ouvert des lieux dans certains départements", à l'image de l'édile de Carhaix, dans le Finistère. Pour les responsables locaux de la FFB, ce sujet soulève des questions non seulement sanitaires, mais aussi humaines, le temps du déjeuner étant bien souvent un moment de convivialité partagé entre collègues, "une qualité de vie au travail".
[Mise à jour du 11 décembre 2020] La CGT construction réagit à l'appel du patronat
Frédéric Mau, secrétaire fédéral FNSCBA-CGT, souhaitant réagir à cet article, nous a fait parvenir ce texte de réponse : "S'agissant des repas du midi, la majorité des travailleurs n'ont pas accès aux restaurants. À la mesure des salaires extrêmement bas pratiqués dans le BTP, cumulé à une indemnité conventionnelle de repas à 9,30 euros/jour (quand elle est respectée !), qui est devenue, par nécessité, un complément de salaire. Pour cette large majorité de travailleurs, nous ne saurions trop rappeler à tous, qu'il existe également des matériels adaptés pour l'installation des bases vies. Que ce soit pour des chantiers de longues durées, ou des chantiers en itinérance. Que ces équipements possèdent des espaces chauffés pour les repas et que l'investissement dans un four à micro-ondes et d'un frigo ne peut constituer une mise en danger de la santé financière de l'entreprise. Que pour les entreprises de second œuvre, nous n'avons jamais pu obtenir une mutualisation des coûts pour les installations de ces bases vies et que de notre point de vue, il revient à la maîtrise d'ouvrage de trancher car en responsabilité quasi-totale de la moins-disance systématique dans les appels d'offres. Enfin, la FFB n'a eu de cesse de porter aux nues le guide de l'OPPBTP codifiant les gestes et comportements sur chantier des gestes barrières liés au covid. Ce guide, contesté par l'ensemble des organisations syndicales confédérées, hormis la CFDT, préconise très clairement la prise de repas en extérieur et qu'en cas d'impossibilité d'application de ces mêmes préconisations, le chantier doit s'arrêter. Quelques entreprises du Bâtiment peuvent être considérées comme vertueuses. Nous les connaissons. Mais en aucun cas cela ne reflète la réalité dans nos professions."
"Nous soutenons bien entendu cette initiative", a complété François De Pena, président de l'Umih d'Ille-et-Vilaine. "On est en capacité d'ouvrir dès demain s'il le faut, en toute sécurité, pour accueillir un public restreint. Il y a l'unanimité des restaurateurs bretons sur le sujet." Les deux organisations assurent d'ailleurs avoir déjà réfléchi à une organisation spécifique permettant de concilier réouverture des restaurants et respect des conditions sanitaires : "Nous pouvons mettre en place un protocole strict et un système de registre d'accueil, comprenant le nom, les coordonnées, les entrées et sorties, comme cela avait été le cas au moment du couvre-feu en octobre, avant le reconfinement", explique François De Pena. "Les contrôles se feraient via les cartes professionnelles du BTP", précise Stéphane Le Teuff.
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Une initiative locale
Soulignant que "toutes les initiatives ne partent pas de Paris", le patron de la FFB Bretagne assure que des actions similaires sont menées dans d'autres départements et régions, et que "des décisions vont être prises d'ici la semaine prochaine". Et de considérer que "le préfet de région est le bon interlocuteur sur le sujet car il peut faire remonter les doléances au Gouvernement et est responsable de l'application des arrêtés ministériels". Affaire à suivre.