INTERVIEW. Quelques semaines après la présentation de la stratégie climat globale du groupe Bouygues, Bouygues Construction dévoile plus en détail sa propre feuille de route, ambitieuse, et qui nécessite une large mobilisation. Explications avec sa directrice RSE, Claire Boilley-Forestier.
C'était le 16 décembre 2020. Le groupe Bouygues présentait sa stratégie climat globale. A ce moment, Philippe Bonnave, P-dg de Bouygues Construction, dévoilait les ambitions spécifiques à ses métiers : réduire les émissions de gaz à effet de serre (EGS) d'au moins 30% d'ici à 2030. Un objectif revu à la hausse par rapport à la feuille de route précédente, moins détaillée, qui évoquait alors une baisse de 20% de EGS. Dans le détail, la baisse doit désormais être de 40% sur les scopes 1 et 2 (les émissions directes), de 30% sur le scope 3A, comme nous le rapportions dans les colonnes de Batiactu dès le mois de décembre. Après ce rendez-vous de fin d'année destiné principalement aux investisseurs, Bouygues Construction communique plus largement désormais et entre encore davantage dans le détail des actions à mener. Une étape d'autant plus importante que c'est par le dialogue, la pédagogie et la mobilisation de toutes les parties prenantes, pas seulement des forces internes, que les objectifs, ambitieux, pourront être atteints. C'est ce qu'explique Claire Boilley-Forestier, directrice RSE de Bouygues Construction, à Batiactu.
Batiactu : Début 2020, Martin Bouygues annonçait vouloir établir rapidement une stratégie climat, que chaque entreprise du groupe devait s'approprier. Comment Bouygues Construction a bâti la sienne ?
Claire Boilley-Forestier : Nous travaillons sur notre réduction du carbone depuis longtemps. Pour revoir notre propre stratégie climat, la préparation a été une étape importante. En ce sens, la mobilisation de nos 30 "top managers" est à saluer, car ils se sont beaucoup impliqués pendant neuf mois, soit environ une centaine d'heures !
Le premier enjeu était de parvenir à leur donner tous les éléments de compréhension nécessaires sur la question du carbone. Malgré la crise sanitaire, ils ont pris le temps de se former, chaque semaine durant trois mois, puis de travailler en ateliers pendant quatre mois. Cette implication du top management est l'une des clés de la réussite, peu importe les objectifs chiffrés. Ils sont convaincus et convaincants, deviennent de véritables ambassadeurs. Réussir à embarquer l'ensemble de nos collaborateurs sera l'autre clé. Pour cela, il faudra également les former.
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Batiactu : Comment comptez-vous former près de 60.000 collaborateurs ?
C.B-F. : Dès 2021, nous allons mettre en place un module de formation obligatoire pour comprendre les enjeux macro. Parallèlement, nous nous pencherons sur chaque métier pour étudier quelles sont les marges de manœuvre et les leviers d'actions possibles. Nous ne pourrons pas tous les décliner dès 2021, mais nous comptons en former un maximum. Chacun a un rôle à jouer, tous les collaborateurs doivent se saisir du sujet. Nous devons pour cela leur donner les outils nécessaires et une vision sur leurs propres champs d'action.
Batiactu : Quelles actions fortes comptez-vous mettre en place pour réduire vos émissions directes ?
C.B-F. : Les scopes 1 et 2 ne représentent pas la partie la plus importante : 11% de nos 2,9 tonnes de CO2 émises en 2019. Nous agirons tout de même sur ces axes car, si nous voulons créer une culture carbone, les collaborateurs doivent s'engager sur cette voie plus vertueuse au quotidien.
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