L'organisation européenne du béton prêt à l'emploi (ERMCO) a publié les chiffres de production pour l'année 2011. Il ressort que l'Italie, l'Allemagne et la France sont les trois plus gros producteurs de ces bétons, avec plus de 40 millions de mètres cubes chacun. Zoom sur les spécificités du marché français.

Avec 41,3 millions de mètres cubes de bétons prêts à l'emploi produits en 2011, la France a connu une forte augmentation de sa production (+10,4 %), supérieure à la moyenne européenne (+2,7 %). «Cette progression est un effet de rattrapage de 3 mois d'intempéries subis en 2010, et qui représente à lui seul 3 à 4 points», nous explique Benoist Thomas, secrétaire général du SNBPE (Syndicat National du Béton Prêt à l'Emploi). «Elle correspond également à une bonne tenue du marché immobilier et à un léger desserrement du crédit», note le responsable du syndicat professionnel.

 

Dans les chiffres publiés par l'European Ready Mixed Concrete Organization, on apprend ainsi que l'Hexagone se classe troisième après l'Italie (51,8 millions m3, -4,8 %) et l'Allemagne (48 millions m3, +14,3 %). «Il faut tenir compte de la tradition italienne et allemande de réaliser des voiries en béton», glisse Benoist Thomas. Ramenée à la population nationale, la production correspond à 0,638 m3 par habitant ; là encore, la France se situe légèrement au-dessus de la moyenne communautaire qui s'établit à 0,613 m3, mais loin derrière l'Autriche (1,254 m3/habitant), la Belgique (1,07 m3/habitant) et l'Italie (0,858 m3/habitant). Là encore, l'utilisation de béton pour réaliser des voiries constituerait l'explication de ce classement.

 

Les exceptions françaises
La France se démarque par la quantité d'adjuvants incorporée au béton : 90 kg/m3, soit bien plus que ce qui se pratique dans les autres pays de l'Union européenne (moyenne de 74,3 kg/m3). «Les producteurs ont développé tout une palette de bétons spéciaux qui ne sont pas des bétons routiers. Ils offrent notamment des bétons d'ornement qui sont colorés et qui nécessitent donc des additifs comme des pigments», détaille le secrétaire général du SNBPE. «De même, pour conférer certaines caractéristiques aux bétons, les industriels utilisent des adjuvants, comme dans le cas des bétons agricoles qui sont conçus pour résister à des milieux agressifs ».

 

Le pays présente un réseau dense de centrales à béton (environ 1.800 employant 14.500 personnes), le tout desservi par 6.500 camions toupies. Une organisation qui permet aux producteurs de bétons prêts à l'emploi de livrer des bétons adaptés aux expositions des ouvrages, à leurs conditions de mise en œuvre et aux phasages des chantiers. L'utilisation de pompes à béton permet en outre de résoudre des problèmes posés par des accès difficiles. «En France, 22 % des bétons sont pompés, avec des pointes à 30 % dans les départements du Sud-Est». Ainsi, la flotte de véhicules pompe continue sa progression avec plus de 1.800 machines, plaçant le pays au 2e rang européen après l'Italie (2.400 pompes) mais devant l'Allemagne (1.600 camions pompes). «Le SNBPE milite pour le pompage des bétons, qui est gage de productivité», déclare Benoist Thomas. La technique permettrait notamment de mobiliser moins de personnel (3 personnes contre 5) et ne nécessiterait pas de grue. En termes de mètres cubes, le pompage serait également plus efficace avec un débit de 30 m3/heure contre seulement 6 m3/h à la grue.

 

Le marché français, très dépendant du marché de la construction, serait donc relativement épargné par la crise. «Les niveaux de production restent élevés et le marché soutenu, contrairement à ce que l'on observe en Espagne ou au Portugal. Les chiffres de l'année 2012 resteront honorables, même si l'on attend un léger repli», conclut le responsable du SNBPE.

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