SOLUTION TECHNIQUE. Après le béton 2.0, une startup française a imaginé un moyen de communiquer avec ce matériau grâce à un smartphone standard, ce qui simplifie grandement l'accès à l'information dans un bâtiment. Rolland Mélet, le directeur général de 360 SmartConnect, a dévoilé l'étendue des possibilités de cette technologie lors de la 3e édition de la Journée Expertise & Construction au Cerib.
La traçabilité progresse sur les chantiers. En effet, la donnée devient, peu à peu, vitale dans la construction, qu'il s'agisse de l'origine d'un élément, de la date de sa pose ou de ses maintenances ou de ses caractéristiques techniques propres, dont sa composition en vue de son recyclage. "La révolution numérique est passée par là. Il y a eu Excel, Autocad… Mais il y a avait des problèmes de versionning sur les chantiers, avec des ressaisies qui dégradaient les informations", raconte Rolland Mélet, le directeur général de 360 SmartConnect. "Puis est arrivé le BIM, c'est-à-dire une maquette 3D doublée d'une base de données, cohérente et structurée". Seulement se pose un problème : celui de l'accès à ces informations sur le chantier. Il est en effet difficile d'équiper tous les intervenants, sous-traitants compris, de terminaux dédiés. D'autant que si plusieurs technologies propriétaires cohabitent, chaque opérateur pourrait se retrouver avec plusieurs récepteurs, spécifiques à chaque protocole ! Comme dans le cas du béton 2.0 employé par Lafarge dans la tour D2 à la Défense, où un détecteur RFID était nécessaire pour recueillir les données des puces noyées dans le matériau au moment de son coulage.
Le bâtiment parle, et il a plein de choses à dire !
Rolland Mélet reprend : "Le moyen d'accès à l'information doit être simple, économique, sans terminal spécifique. D'où l'idée que l'ouvrage lui-même devait devenir l'interface et qu'il devait communiquer avec un smartphone, dont aujourd'hui tout le monde est équipé". Autre problématique, celle de la durée de vie des puces, qui doit être au moins équivalente à celle de l'ouvrage, elle-même potentiellement supérieure à 100 ans… La solution brevetée 360 SmartConnect, qui a nécessité 5 ans de R&D, repose en fait sur un standard NFC (Near Field Communication) sécurisé qui permet à deux "objets" de communiquer entre eux, juste à travers de faibles champs magnétiques, sans apport d'énergie. La technologie, dérivée de la RFID, est efficace à très courte portée (quelques centimètres) et transmet une quantité de données peu élevée (entre 100 et 400 kbps). "En approchant son smartphone de la surface, une fenêtre du navigateur Internet s'ouvre automatiquement. Elle contrôle l'identité de l'utilisateur et donne ensuite accès - ou non - à un ensemble de contenus Web, selon les droits accordés", fait valoir le directeur général. Le béton parle donc au téléphone de l'utilisateur.
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Mais quel est l'intérêt ? "Celui de développer des services à valeur ajoutée ! La data à une valeur à exploiter". Le chef d'entreprise évoque divers exemples, comme les informations techniques des produits de la construction (éléments préfabriqués en béton, chape) mais également sur des dimensions ou des dates de visites de vérification. "Une manière révolutionnaire de gérer la traçabilité, sécuriser la maintenance et valoriser les ouvrages", annonce la société. En effet, au-delà des acteurs de la construction, les utilisateurs eux-mêmes pourront avoir accès à certaines données sélectionnées via leur smartphone posé sur une surface de contact signalée. Et 360 SmartConnect ne s'arrêtera pas en si bon chemin : elle imagine déjà de transformer les puces en véritables capteurs capables d'instrumenter un bâtiment. Mais pour y parvenir, il faudra les alimenter en énergie : "Il va falloir faire du energy harvesting, peut-être par induction, ce qui permettra d'interroger le capteur sur l'état du matériau qui l'entoure". Une nouvelle façon d'ausculter le bâtiment en lui demandant de dire "33" ?