ENTREPRISES. Alors que se poursuit l'examen parlementaire de la loi de Finances rectificative post-coronavirus, le ministère de l'Économie présente son propre plan de relance à destination des artisans et indépendants. Au programme : nouvelles mesures de soutien à leur trésorerie, accompagnement renforcé aux outils numériques et redynamisation des territoires.

Au moment où Gouvernement et parlementaires discutent du projet de loi de Finances rectificative n°3 - celui de la reprise d'activité post-confinement -, Bercy ne veut pas oublier les artisans et indépendants et le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a dévoilé ce 29 juin 2020 devant les députés un plan de relance destiné à soutenir les petites entreprises dans cette période précaire. Un mois et demi après l'amorce du déconfinement de la population, l'exécutif entend donc faciliter au maximum le redémarrage des entreprises artisanales et des micro-entrepreneurs dans un contexte pour le moins encore compliqué : "Ce que nous disent ces entreprises, c'est que, suivant les territoires, 15 à 30% d'entre elles se posent la question d'être capables de terminer l'année", a indiqué la secrétaire d'État à l'Économie, Agnès Pannier-Runacher. Avec, en toile de fond, la survie d'un tissu économique déjà fragilisé dans nombre de territoires.

 

 

Une enveloppe supplémentaire de 900 millions d'euros pour aider les TPE-PME à se refaire une santé financière

 

D'où un plan de relance qui se veut "puissant" et "ambitieux" et qui se décompose en trois volets. "Le premier vise à accompagner les entreprises durant la phase de reprise en matière de trésorerie et de simplification de leur environnement de travail", a détaillé l'une des locataires de Bercy. Concrètement, le Gouvernement va consacrer d'ici peu une enveloppe supplémentaire de 900 millions d'euros pour aider les TPE-PME à se refaire une santé financière : cette somme comprend 400 millions d'annulations de charges sociales et 500 millions venant abonder le fonds de solidarité, lequel sera prolongé pour le mois de juin 2020.

 

A ce sujet, il a été décidé de supprimer un critère qui "empêchait un certain nombre d'entreprises de ne pas avoir accès au volet 2 du fonds de solidarité", à savoir la possibilité de toucher entre 5.000 à 10.000 € suivant les secteurs d'activité grâce à un dispositif mis en place par les régions. Plus largement, plusieurs freins administratifs venant alourdir les procédures vont aussi être levés.

 

Faire bénéficier les artisans des atouts d'Internet

 

Le deuxième volet du plan consiste à "accompagner la transformation numérique et écologique des artisans". Ici, l'objectif est de permettre aux entreprises d'augmenter leur chiffre d'affaires en recourant à ces technologies, pour se rendre davantage visibles sur Internet, trouver de nouveaux clients, mettre en avant les offres de services, faciliter les échanges, par exemple pour des prises de rendez-vous... "Par rapport à l'accélération des plateformes numériques, l'objectif n'est pas de résister, l'objectif est de s'approprier les codes qu'elles créent, en termes de qualité de service client et de modèle de vente, pour les utiliser pour les artisans, autant que possible en les mettant ensemble ou avec l'appui de collectivités locales pour mieux faire valoir leurs offres", a détaillé Agnès Pannier-Runacher.

 

Dès le mois de juillet, Bercy va donc renforcer son accompagnement des entreprises, une consolidation qui s'effectuera en quatre étapes : d'abord une évaluation de "la maturité numérique" des TPE-PME ; ensuite, la mise à disposition d'un "diagnostic professionnel et de recommandation" ; puis la possibilité pour les artisans et indépendants de suivre une formation pour la mise en oeuvre de leur projet numérique ; enfin, "le passage à l'acte", c'est-à-dire le financement des projets pour rendre plus accessibles tel ou tel produit ou service.

 

"Des foncières spécialisées pour racheter et rénover des milliers de petits commerces"

 

 

Troisième et dernier volet, celui de "la dynamisation du commerce de proximité dans les territoires", principalement ceux au tissu économique déjà fragilisé et qui risquent de souffrir encore plus de la crise du coronavirus. "Nous allons pour ce faire nous appuyer sur des foncières spécialisées pour racheter et rénover des milliers de petits commerces dans les prochaines années, et les remettre en location avec des baux commerciaux adaptés à la réalité économique de ces petits commerces", a indiqué la secrétaire d'État, qui a d'ailleurs fait référence à des structures existantes déjà en charge de ce genre de programmes, comme des sociétés d'économie mixte. "Ce qui nous intéresse, c'est de nous appuyer autant que possible sur la force de ces outils qui existent, mais on ne s'interdira évidemment pas d'en créer de nouveaux pour renforcer cette action - on parle de 300 millions d'euros investis par la Banque des territoires et 500 millions levés sous forme de prêts pour activer ces foncières." Le but : faciliter l'installation de nouveaux artisans après avoir remis en état des locaux adaptés à l'exercice de leur métier.

 

Mais le Gouvernement n'entend pas s'arrêter là : d'autres mesures devraient ultérieurement venir compléter ce plan spécifique, mais sous forme d'amendements au projet de loi de Finances 2021 ; à titre d'exemple, Bercy souhaiterait améliorer l'exonération de CFE (Cotisation foncière des entreprises) dans les petites villes. Dans tous les cas, la salve de mesures présentée aujourd'hui sera "amplifiée" par le plan de relance globale sur lequel le Gouvernement est en train de plancher et qu'il finalisera pour la rentrée de septembre, "avec une vision transversale à l'ensemble des TPE", a conclu Agnès Pannier-Runacher.

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