CONJONCTURE. Les entreprises de bâtiment se portent bien en ce début 2019, mais des inquiétudes pèsent sur l'activité pour la fin de l'année. Et les professionnels en appellent au renforcement du prêt à taux zéro et du Pinel. Détails.

Les indicateurs sont bons, en ce début 2019, pour les entreprises de Bâtiment. C'est ce qui est notamment ressorti de la conférence trimestrielle menée par la Fédération française du bâtiment, ce 9 mars 2019. "L'activité immédiate des entreprises de bâtiment ressort à haut niveau sur le début de l'année, avec des carnets de commande à 6,5 mois", a ainsi déclaré Jacques Chanut, président de l'organisme.

 

Pour les entreprises de plus de dix salariés, les carnets sont même à un niveau historiquement haut, à huit mois et plus. En matière d'emploi, la tendance restera positive en 2019, avec 5.000 créations dont 3.000 salariés.

 

30.000 logements devraient passer à la trappe en 2019

 

Pour autant, la FFB s'inquiète des conséquences, pour la fin 2019, des baisses observées ces derniers mois dans la construction de logements neufs. Sur trois mois glissants (novembre 2018-janvier 2019), en effet, les autorisations chutent de 6,9% (-8,4% en individuel, -5,5% en collectif) et les mises en chantier de 11,1% (-11,7% en individuel, -10,8% en collectif). Seul point positif : les ventes d'habitat individuel, en diffus, ont augmenté de +1,1% en glissement annuel sur les trois mois concernés. "Le rabotage du PTZ a donc bien conduit à descendre d'un pallier", commente Jacques Chanut - ce marché ayant chuté de 11,1 % en 2018.

 

 

La FFB table ainsi sur une année 2019 à 392.000 logements neufs, nettement au-dessus de la moyenne de long terme (360.000), mais enregistrant une baisse de 30.000 unités par rapport à 2018. "Sur le non résidentiel neuf, après les hésitations de la fin 2018, le redressement attendu se dessine effectivement", signale par ailleurs Jacques Chanut. "Certes, hors bâtiments agricoles, en glissement annuel sur trois mois à fin janvier, les surfaces commencées abandonnent encore 4,5 %, mais les surfaces autorisées progressent de 6,5 %." Ce qui augure d'une "très bonne année" sur ce segment.

 

La microentreprise, moyen de "blanchir le travail illégal chez les particuliers"
"La FFB déplore les nouvelles facilités accordées aux microentrepreneurs : la suppression de l'obligation de comptes bancaires séparés entre les activités professionnelles et personnelles ne concourra pas à assainir ce régime, qui participe déjà largement à blanchir le travail illégal chez les particuliers", affirme Jacques Chanut. L'organisation demande ainsi l'exclusion des métiers du bâtiment du champ de la microentreprise, "ou, a minima, l'interdiction de cumuler l'activité de microentreprise avec celle de salarié dans le même secteur d'activité et de limiter à deux ans le bénéfice du régime".


Appel pour revenir au PTZ version 2017

 

Malgré tout, Jacques Chanut n'hésite pas à évoquer la possibilité d'une nouvelle crise pour le secteur, avec la conjugaison de la baisse du neuf et l'approche des élections municipales, traditionnellement néfastes à la commande publique. D'autant plus qu'en matière de rénovation, qui représente 56% de l'activité des entreprises, la situation est stable.

 

Pour tirer le secteur vers le haut, la FFB milite ainsi pour revenir à la version 2017 du prêt à taux zéro neuf, "c'est-à-dire avec une quotité ramenée à 40 % en zones B2 et C", jusqu'à la fin 2021. Elle souhaite aussi que "la piste du 'zonage de projet' pour l'éligibilité au dispositif Pinel soit mise à l'étude au plus vite par les pouvoirs publics". En matière d'aide financière, les professionnels souhaitent également une clarification de l'avenir du Crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE), à propos duquel la secrétaire d'État Emmanuelle Wargon a assuré qu'il serait bien transformé en prime - idée qui aurait due être concrétisée dès 2019, mais finalement repoussée.

 

Reste également en suspens l'avenir de la RLS (réduction de loyer de solidarité), question qui doit être tranchée "au plus vite" auprès des bailleurs sociaux. C'est pour toutes ces raisons que la FFB maintient sa prévision initiale pour 2019 : -0,5% d'activité pour le Bâtiment.

 

Élections européennes : un manifeste de la FFB
La Fédération française du bâtiment (FFB) a souhaité établir une liste de propositions pour les élections européennes 2019. Après les déconvenues subies par les professionnels du fait du travail détaché ou de l'assurance en libre prestation de services (LPS), l'organisation appelle à "tenir réellement compte des risques de contournements et de fraudes" dans le cadre du marché commun. Autre demande : "alléger les contraintes règlementaires pesant sur les entreprises, notamment les PME", en clarifiant "certains textes, tels que le Règlement général sur la protection des données (RGPD) ou le règlement sur les produits de construction". Enfin, la FFB en appelle à davantage de soutien financier des projets liés à la transition écologique et la lutte contre la fracture territoriale.

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