Conditions de travail sur les chantiers, mouvements de terrains en raison du dessèchement des argiles, surconsommation de climatisation... la vague de chaleur de cet été rappelle l'importance des paramètres climatiques dans la construction.

Les températures extrêmes qui se sont abattues sur la France pendant la première quinzaine d'août ont légèrement perturbé certains chantiers de l'été. Des conditions particulièrement difficiles ont poussé les entreprises à des aménagements d'horaires. Ce fut le cas notamment sur le chantier du tramway de bordeaux, où le temps de travail a été réduit sensiblement et les horaires décalés afin d'éviter l'exposition des ouvriers aux pics de chaleur et de gérer au mieux les complications techniques comme le séchage trop rapide du béton. Néanmoins, toutes les entreprises n'ont pas souhaité procéder à de tels aménagements et le travail est généralement resté très pénible. La multiplication des poses, autre moyen de soulager les ouvriers, n'a semble t-il pas entraîné de retards majeurs, assure-t-on chez Bouygues.

Les effets de la canicule sur la construction se sont également fait sentir sur les terrains argileux. Selon le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), certaines argiles se rétractent et entraînent des mouvements de terrains non-homogènes. Ce phénomène, appelé le "retrait-gonflement des argiles" est susceptible de provoquer la fissuration de certains pavillons.
Une cartographie de cet aléa a été établie à la demande du Ministère de l'Ecologie pour les 33 départements les plus touchés par la sécheresse. Les cartes départementales doivent permettre l'adoption de mesures de prévention et à plus long terme l'élaboration de plans de prévention des risques liés à ce phénomène, les pouvoirs publics s'attendant à de nouvelles canicules dans les années à venir. Le dessèchement des argiles est le risque naturel qui induit les dépenses les plus importantes en France après les inondations. Des solutions préventives sont pourtant applicables, comme l'approfondissement des fondations en dessous de la tranche la plus superficielle du sol (1 à 2 m de profondeur) où l'évaporation se produit et l'homogénéisation profondeurs d'ancrages pour éviter les dissymétries.

Plus généralement, la canicule a mis en lumière une relative inadéquation entre certains procédés de construction et les conditions climatiques d'extrême chaleur. Hubert Despretz, de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (Ademe), estime par exemple dans Libération du lundi 25 août qu' "il y a des améliorations à faire en termes d'habitat". "Les architectes ont eu tendance ces dernières années à construire des bâtiments extrêmement vitrés qui deviennent de véritables serres, pour peu qu'ils soient équipés d'ordinateurs et de néons" estime-t-il.

De ce point de vue la climatisation fait donc l'objet de toutes les convoitises mais également toutes méfiances. En effet les bâtiments utilisant des peaux de verres requièrent quasi-obligatoirement un système de climatisation, entraînant une hausse de la consommation d'électricité pendant des périodes où la pénurie n'est jamais très loin.

Une chose est sûre, si un pas a été franchi récemment par la RT 2000 qui a imposé la notion de confort d'été dans les constructions, les acteurs de la construction devront intégrer le paramètre de l'extrême chaleur dans les années à venir, en particulier pour les ouvrages destinés aux personnes sensibles comme les hôpitaux ou les maisons de retraite.

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