Le plan pour sauver le Bâtiment sera présenté d'ici à quinze jours. En attendant, Capeb et FFB restent sur le pied de guerre pour défendre la profession et étaient même à l'honneur au Sénat et à l'Assemblée nationale ce mercredi. Au menu des auditions : comment atteindre l'objectif de 500.000 logements construits par an et assurer la rénovation thermique des bâtiments. Compte-rendu.
Le 26 février 2013 devait être une date à marquer d'une pierre blanche pour le monde du bâtiment. Il n'en fut rien, puisqu'à l'issue de la réunion gouvernementale qui s'est déroulée hier, rien n'a été décidé. Un coup d'épée dans l'eau ? Non, car selon le président de la Commission du Sénat, Daniel Raoul, qui a auditionné ce mercredi matin Didier Ridoret (FFB) et Patrick Liébus (Capeb), le chef de l'Etat présentera son plan d'urgence pour le bâtiment sous une quinzaine de jours. Encore un peu de patience donc…
La rénovation énergétique : nerf de la guerre
Quoi qu'il en soit, il a tout de même donné les grandes lignes qui seront à l'ordre du jour de ce plan : une enveloppe supplémentaire de 600 M€ ; une refonte du CIDD ; un élargissement du PTZ+ ; la création d'un fonds d'investissement spécifique. Les présidents des deux fédérations ont, tour à tour, présenté leurs propositions en la matière. Patrick Liébus a ainsi mis en garde contre les financements innovants qui ont été présentés par le Plan Bâtiment Durable, ainsi que contre la notion de tiers-financeur. Qui le paiera, s'est-il interrogé, sachant que cela coûtera au minimum 8% du montant, ce qui aura donc un impact sur le prix des travaux. Il a donc prôné pour le mixte énergétique et le mixte de travaux, qui sont, selon lui, les solutions les plus adaptées. Il a également redit l'importance du programme Habiter Mieux, dont les plafonds de ressources doivent être revalorisés. "L'essentiel est de lutter contre la précarité énergétique", s'est-il insurgé. Le président de la Capeb a également expliqué qu'il faudrait effectuer un "travail sur le CIDD et l'éco-PTZ", et pourquoi pas "remonter le plafond à 45.000 €". Enfin, il a salué le dispositif FEE Bat, qui vient d'être pérennisé pour 2013. "Nous nous sommes battus pour cela, et il faut vraiment qu'il perdure pour la période 2014-2017", a-t-il plaidé auprès des sénateurs.
De son côté, Didier Ridoret, qui a indiqué partager les propositions de M. Liébus, a demandé que soit lancé "un signal fort" de la part du Gouvernement. "Les entreprises se forment, la demande est là, mais il n'y a pas l'étincelle qui permettrait de faire démarrer le marché de la rénovation thermique", a-t-il estimé. Et d'ajouter : "L'éco-PTZ a montré ses limites, il faut le reconditionner, l'allonger en termes de durée de remboursement et le rendre sécable".
500.000 constructions neuves : un objectif inatteignable ?
L'autre grand thème de cette audition était de savoir comment atteindre l'objectif de 500.000 logements neufs fixé par le Président de la République.
"C'est un objectif ambitieux", a salué Didier Ridoret. Cependant, il a rappelé qu'en 2012, 345.000 logements avaient été construits et qu'un chiffre de 315.000 était avancé pour 2013. "Certains positionnent même le curseur sous la barre des 300.000", a-t-il noté. Le président de la Fédération du Bâtiment a aussi fait ce constat : 500.000 logements au total, ce sont 150.000 logements sociaux, 70.000 logements locatifs privés et 280.000 logements en accession. Reconnaissant que pour les logements sociaux, la TVA sera une question majeure, il a insisté sur le rôle que devra avoir Action Logement dans ce domaine. Le rapporteur de la Commission, Claude Berri-Debat, a, à ce titre, confirmé que le Sénat milite pour une baisse de la TVA à 5% pour le logement social. Didier Ridoret a aussi salué le dispositif Duflot, pointant du doigt quand même la question du zonage (qui exclut la zone B2) et celle du nichage limité à 10.000 €.
Patrick Liébus s'est interrogé sur le fait qu'on était en mars et qu' "aucune décision n'a été prise". Revenant sur le dispositif Duflot, il a salué la "bonne idée", dont les "effets ne seront malheureusement visibles que plus tard". Concernant la TVA, il a réitéré la nécessité de redescendre le taux à 5%. "Cela créera des emplois", a-t-il martelé.
Puis les deux présidents se sont exprimés sur de nombreux sujets tels que la LME et les délais de paiement, le travail "low cost" et bien sûr les auto-entrepreneurs, le tout sur fond d'une économie en réel danger. Tout n'est pas joué, les présidents le savent et ne lâcheront rien dans les jours qui viennent. Patrick Liébus mise tout sur son prochain entretien avec François Hollande… A suivre.