BUDGET. Au cours de son discours de politique générale face aux députés le 12 juin 2019, Edouard Philippe a esquissé de premières mesures en faveur de l'écologie et l'énergie, annonçant une "remise à plat" des aides à la rénovation. Mais la promesse faite aux Français de baisser leurs impôts en ciblant certaines niches inquiète les acteurs du bâtiment.

Ce mercredi, depuis l'hémicycle de l'Assemblée nationale, le Premier ministre ouvrait l'acte II du quinquennat par un discours de politique générale censé répondre à la gronde populaire qui avait trouvé sa quintessence dans la crise des gilets jaunes.

 

Transition écologique, énergie, logement, emploi ou fiscalité, Edouard Philippe a égrené de nombreuses mesures qui devront être portées par les parlementaires. Il a notamment annoncé sa volonté de "remettre complètement à plat les aides existantes à la rénovation énergétique", qui irait dans le sens d'une transformation du CITE en prime.

 

Le gouvernement entend également réformer l'assurance chômage pour permettre aux salariés démissionnaires ou travailleurs indépendants de toucher des indemnités et redonner du souffle financier aux collectivités territoriales. Une équation qui semble délicate, quand le Premier ministre maintient la suppression progressive de la taxe d'habitation et promet une baisse de 5 milliards d'impôts pour les Français.

 

Haro sur "les niches anti-écologiques"

 

La suite est désormais bien connue. C'est en supprimant certaines niches fiscales que l'Etat entend contenir cette perte de ressources pour les deniers publics, en ciblant celles qui ne sont plus en phase avec les impératifs écologiques. "Soyons clairs: baisser les impôts de 5 milliards en une fois nous obligera à faire des choix pour contenir nos dépenses publiques (…) nous nous concentrerons sur les niches anti-écologiques", a esquissé le Premier ministre, faisant craindre aux acteurs du bâtiment d'être sacrifiés sur l'autel de la baisse des impôts.

 

Car les propos d'Edouard Philippe ont rapidement confirmé la suppression du taux réduit pour le gazole non routier (GNR) et la disparition de la déduction forfaitaire spécifique, abattement de charges patronales qui bénéficie notamment au secteur du bâtiment. Sur son fil Twitter, la Fédération française du bâtiment (FFB) a rapidement déploré des mesures annoncées "sans aucune concertation" entre le gouvernement et les corps intermédiaires.

 

"Ne pas ouvrir de périodes d'incertitude préjudiciables"

 

Chiffrant à 2,2 milliards d'euros la "nouvelle charge" qui s'abattrait sur le secteur, la FFB (1,3 milliard de surcoûts pour la main d'œuvre, 900 millions d'euros de TICPE) estime que les TPE et PME seront les premières à payer les frais de ces augmentations de charges. Sur le TICPE, le président Jacques Chanut et son homologue de la FNTP Bruno Cavagné, reçus le 6 mai dernier à Bercy avaient déjà fait part de leur "vive opposition à la suppression du GNR".

 

 

Les porte-paroles du secteur du bâtiment plaident donc pour une disparition progressive de ces niches avec des alternatives adaptées, pour "permettre aux entreprises de s'adapter et de ne pas ouvrir de périodes d'incertitude préjudiciables", espère la CPME dans un communiqué.

 

 

Face aux députés, le Premier ministre Edouard Philippe a tenté de rassurer, affirmant que "le changement est possible, mais qu'il devait être progressif". Dans un discours censé servir d'épilogue à la crise des gilets jaunes, le chef du gouvernement dit avoir "appris de la taxe carbone", et laissera "aux entreprises le temps de s'adapter".

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