Alors que des décrets sur les délais de paiement dans la construction viennent de paraître, la récente étude Deloitte-Altarès montre que les durées de crédits clients-fournisseurs ont enregistré une baisse significative entre 2003 et 2007. Un des meilleurs élèves en matière de maîtrise des délais des paiements est le bâtiment ; si l'on ajoute les informations complémentaires fournies par Altarès, il est également meilleur en matière de retards de paiement. En revanche, le bonnet d'âne revient à l'immobilier. Explications avec Benjamin Madjar, senior manager en charge de l'offre BFR Leverage de Deloitte Finance.

La Loi de modernisation de l'économie (LME), votée en août 2008, a été élaborée pour réduire les délais de paiements entre entreprises qui s'élevaient à 67 jours en France en 2008. Objectif final de ce dispositif : diminuer les risques de défaillances dues au retard de paiement notamment celles des petites structures.
En outre, selon la dernière étude Altarès-Deloitte, les durées des crédits clients et fournisseurs sur la période 2003-2007, calculées en nombre de jours de chiffre d'affaires, ont enregistré une baisse globale assez significative dans la plupart des secteurs d'activité.

 

Retards de paiement pour le bâtiment : 9,3 jours
Selon de chiffres complémentaires publiés par Altarès, en matière de retards de paiement, le bâtiment est le bon élève avec seulement 9,3 jours en 2008 alors que pour l'ensemble des activités le nombre atteint 11,8 jours. Pour Benjamin Madjar, cette tendance est due «à la période faste de la construction entre 2003 et 2007. En effet, le secteur générait beaucoup d'activités, les banques disposaient de beaucoup de liquidités et de cash. Cette situation semblait permettre aux acteurs de ne pas avoir à trop tirer sur leurs délais» . Dans le détail, le délai de paiement fournisseurs affiche 90 jours en 2007, avec un recul de 6 jours en l'espace de 4 ans pour les entreprises de 150 à 500 millions d'euros de chiffre d'affaires. Toutefois, en raison de la dégradation de la conjoncture fin 2008, les délais fournisseurs et clients risquent de progresser, selon Benjamin Madjar.

 

L'immobilier, mauvaise élève
D'autre part, si le bâtiment est le secteur qui respecte le mieux les délais de paiement, il n'en est pas de même avec l'immobilier. Ainsi, les entreprises dont le chiffre d'affaires est compris entre 30 et 50 millions d'euros ont connu une hausse de 7,1% de leurs délais clients, avec un passage de 35 à 46 jours entre 2003 et 2007. De leur côté, celles dont le CA est compris entre 150 et 500 millions d'euros affichent une augmentation de leurs délais clients de 5,3% (35 à 43 jours), selon Deloitte et Altarès. Quant aux délais fournisseurs, ils affichent pour les entreprises au CA compris entre 30 et 50 millions d'euros une hausse de 4,1% sur la période 2003-2007. Selon Benjamin Madjar, ces hausses pourraient s'expliquer par la latitude laissée aux entreprises qui, grâce à des volumes croissants, «ne portaient que peu d'attention aux délais de paiements, la solvabilité des entreprises et l'afflux de liquidités les rassurant sur le fait d'être payés».
Dorénavant, avec la LME, les marges de manœuvre risquent d'être plus limitées. Le secteur du bâtiment qui va devoir appliquer la loi est parvenu à négocier deux accords afin d'étaler les réductions des délais de paiement d'ici à 2012. Ces décrets «devraient permettre à la profession de s'organiser pour trouver des sources complémentaires et ainsi financer la diminution des délais de paiement», conclut Benjamin Madjar.

 


Deux décrets sont parus au journal officiel du 2 mai 2009. Ils valident le calendrier des délais de paiement maximums prévus dans deux accords concernant les achats de produits et matériaux de construction. Ainsi, les entreprises de bâtiment pourront négocier avec leurs fournisseurs un délai de paiement moins strict que celui de la LME, dans la limite de 70 jours fin de mois en 2009, 60 jours fin de mois en 2010 et 50 jours fin de mois en 2011.

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