CONJONCTURE. La Fédération Française du bâtiment a dressé ce mardi le bilan de cette année 2017, marquée par une accélération de la reprise, et présenté ses prévisions pour 2018. Une progression qui pourrait ralentir en 2018 compte tenu de l'environnement institutionnel.
A l'occasion de la dernière conférence de presse de l'année, ce 19 décembre 2017, le président de la FFB, Jacques Chanut a présenté le bilan de cette année 2017 et les prévisions pour l'année à venir. Globalement, la reprise entamée en 2016 s'est accélérée en 2017 avec une croissance de l'activité du bâtiment de +4,7% (contre 1,6% en 2016). Une progression concomitante avec l'emploi dans le secteur qui s'est "enfin redressé". Au total, ce sont +20.000 emplois (9.000 salariés et 11.000 intérimaires) qui ont été créés en 2017. "Il faut remonter à 2006 pour retrouver un niveau aussi élevé", a fait remarquer le président de la FFB.
Concernant l'activité, la production de logements neufs est un des moteurs de la croissance avec une progression de 12,8%. En 2017, le nombre de logements commencés est en hausse de 11,8% avec 410.000 unités. Les hausses s'observent dans presque tous les secteurs. L'amélioration-entretien, qui représente 60% du Chiffre d'affaires des entreprises, "sort de l'ornière avec une croissance 1,4%", annonce Jacques Chanut. Une hausse que le président de la FFB attribue notamment par la puissance du CITE qui a profité à la rénovation énergétique.
La FFB pour un redressement des prix
Si les résultats d'activités sont encourageants, l'avenir n'est pas forcément tout tracé. L'activité en 2018 devrait augmenter dans une moindre mesure (2,4%) selon les prévisions de la FFB. Et, Jacques Chanut fait valoir que "faute de redressement des prix bâtiment, les marges des entreprises restent très faibles". Il a d'ailleurs annoncé une hausse globale du prix des matériaux en 2018 pouvant aller jusqu'à 10% pour l'acier. "Nous craignons l'effet ciseau et appelons à la raison les fournisseurs", a déclaré Jacques Chanut qui "exhorte les entreprises du bâtiment à remonter leur prix" pour éviter de se trouver en difficulté.
De même, si les créations d'emploi croient, il indique que sur le terrain, les entreprises peinent à recruter. Prix bâtiment et emploi, deux sujets importants sur lesquels la FFB se penchera en 2018.
D'autres sujets seront aussi au cœur des préoccupations de la fédération, cette fois tournés sur l'environnement institutionnel. Si certaines mesures prises par le gouvernement sont de bonnes nouvelles pour le secteur, d'autres le sont moins, comme par exemple la hausse de la TVA à 5,5% en vefa pour les HLM. Jacques Chanut reste attentif aux décisions prises pour les différents dispositifs (Pinel, PTZ, CITE…). "Il y a des choses sur la loi de finance qui nous agace", a-t-il dit. C'est notamment le cas du PTR (Prêt à taux réduit), qu'il souhaite voir supprimé et remplacé par le PTZ. Un amendement déposé par le député Joël Giraud (LREM) va justement dans ce sens.
"Des mesures prises en loi de finances 2018 comme le prêt à taux réduit #PTR & le rabotage du #CITE pourraient faire capoter la reprise. Nous demandons donc le maintien du #PTZ & un #CITE à 15% sur le remplacement du simple vitrage et chaudières fioul jusqu'au 31.12.18" @chanutj
- FFB (@FFBatiment) 19 décembre 2017
CITE, PTZ, Pinel, apprentissage, formation, travail détaché au menu en 2018
Sur le CITE et l'éviction des fenêtres et chaudières au fioul après le 30 juin 2018, Jacques Chanut prévient "nous ne baissons pas les armes". D'autres sujets seront abordés en 2018 : la révision du zonage HLM et du Pinel, la numérisation du secteur "sur laquelle nous avons des attentes fortes" et qui "nous permettra de gagner du temps", a-t-il expliqué. Il y aura aussi le plan climat présenté par Nicolas Hulot qui comprend "des annonces que nous ne pouvons que soutenir", a déclaré le dirigeant de la fédération tout en étant prudent : "attention à ne pas décevoir avec de trop gros objectifs qui ne pourraient être atteints".
Il y aura aussi la question de l'apprentissage. "La réforme est un sujet majeur" a-t-il rappelé. L'enjeu est multiple : il s'agira de "mettre en adéquation l'apprentissage avec les besoins des entreprises", de "revoir les formations obligatoires et de les rendre efficaces" tout en maitrisant les coûts. La FFB sera attentive à la réforme de l'assurance chômage. Alors qu'il y a 425.000 chômeurs dans le secteur du BTP, les entreprises ont des difficultés à recruter. Selon Jacques Chanut, le problème vient très probablement du niveau de formation. Il y a donc un sujet sur la formation des chômeurs à étudier pour les rendre employable, estime t-il.
Enfin, c'est un sujet sur lequel le président de la FFB compte poursuivre son action : la lutte contre la fraude au travail détaché et notamment chez les particuliers, comparant cela à "un trou dans la raquette". "Nous avons demandé une campagne de sensibilisation aux pouvoirs publics auprès de ce public", a annoncé Jacques Chanut. Ce dernier aimerait par exemple que les gendarmes puissent faire des contrôles sur les chantiers, surtout lorsqu'ils ont lieu en dehors des heures de travail habituelles (soir et week-end par exemple).