A l'occasion d'un séminaire de travail sur l'industrie, parlementaires, dirigeants de groupes d'industrie de secteurs divers et présidents de fédérations ont débattu, mercredi 4 juillet sur la question suivante : comment protéger nos savoir-faire, mobiliser nos territoires et dynamiser nos PME ? Décryptage.
Quelles mobilisations des compétences et des territoires pour développer les tissus économiques locaux ? Et quelles politiques industrielles pour défendre les petites et moyennes industries françaises ? Va-t-on vers un pacte gagnant /gagnant avec « nos champions nationaux » ? Telles ont été les principales questions posées et débattues au cours du séminaire de travail sur l'industrie, organisé mercredi 4 juillet en présence d'Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif.
François Drouin, président-directeur général de l'EPIC OSEO, depuis 2007 - plus connue sous le nom de la banque de l'industrie- a apporté d'emblée sa vision à propos du soutien apporté aux PMI. Son constat ? « On remarque deux aspects à l'heure actuelle : l'investissement ne représente que 13 % de la valeur ajoutée et la dernière enquête dédiée aux PME prouve qu'elles s'interrogent sur la baisse de leurs carnets de commandes et sur l'avenir de la fiscalité en France. Le soutien de proximité a donc une place fondamentale.»
Accompagner les PME
Par ailleurs, Jean-Yves Gilet, directeur général du Fonds stratégique d'investissement (FSI), a estimé que « les normes prudentielles de Bale III vont réduire forcément l'appétit de l'investissement des entreprises. Emploi, innovation, export, et l'approche des filières constituent l'écosystème d'une PME. Ainsi, toutes ces initiatives doivent se décliner à l'échelle régionale et nationale pour éviter que les PME tombent dans ces 'fameuses allées de la mort'. Ce qui est nécessaire au-delà du financement, c'est la notion d'accompagnement auprès des PME : elle permet une meilleure prise en compte de l'intérêt de l'entreprise. »
Dans la foulée, Valérie Létard, ancienne secrétaire d'Etat au ministère de l'Ecologie, de l'Energie et du Développement durable, sénatrice du Nord, a rappelé son projet de territoire mené dans le Valenciennois. « Avec une vraie culture industrielle, c'était notre première richesse. Il fallait défendre les bons axes grâce notamment à l'automobile, et offrir ainsi une attractivité via la création de logements, des transports et apporter un cadre idéal, signale l'actuelle présidente de la Communauté d'agglomération Valenciennes Métropole. Nous avons donc recomposé toutes les bonnes adéquations de la ville via par exemple la construction d'un Institut de développement durable et d'un nouveau stade de Ligue 1.»
« Obtenir un crédit inter-entreprises »
Martial Bourquin, sénateur du Doubs et vice-président de la Commission des Affaires économiques au Sénat, a de son côté, analysé la notion de réindustrialisation en France : « On voit que 40 groupes optent aujourd'hui pour des stratégies dans des pays asiatiques, observe-t-il. Il faut donc repenser les décisions dans l'industrie et il nous faut un Etat stratège pour que l'entreprise s'épanouisse ». Les régions, les Communautés urbaines doivent selon le sénateur « se salir les mains » aux côtés des entreprises pour travailler sur la réindustrialisation du pays. « La fiscalité est importante, et nous espérons que la banque publique d'investissement jouera son rôle », ajoute-t-il. Et de préciser : « Souvent les PME témoignent leur inquiétude sur la question du crédit et elles comptent bien obtenir un crédit inter-entreprise.»
Alors si l'on veut un avenir sur les territoires, il est indispensable de les « clustériser », poursuit le sénateur et travailler en réseau, mettre en place des fondations publics-privés pour lancer des brevets… « Et pour humer le marché, nous n'avons pas besoin seulement de grands groupes, il faut des milliers de petites entreprises qui fonctionnent bien », estime-t-il.
En guise de conclusion, Pierre Gattaz, président du groupe des fédérations industrielles (GFI), a apporté quelques lueurs d'espoir aux dirigeants et parlementaires : « Aujourd'hui, les signes ne sont pas tous négatifs, par exemple, la demande est telle que nous ne trouvons plus de chaudronniers et de soudeurs. Et nous sommes prêts, dès maintenant à exécuter le plan de modernisation de l'industrie française ».
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