AVANT/APRES. Afin d'améliorer les performances énergétiques d'une maison de ville datant de 1910, l'architecte Catherine Bonnier est venue recouvrir le bâti existant d'une seconde peau en bois. Rendue plus compacte et parfaitement étanche, la maison atteint maintenant l'excellence et, en prime, a complètement changé de visage. Les détails de cette réalisation...
Ses précédents propriétaires ne la reconnaîtrait probablement pas. Il faut dire que l'habitation a complètement changé de visage. D'une maison de ville typique de la région parisienne, elle s'est muée, suite à une importante vague de travaux, en une habitation contemporaine parée de bois. Si son esthétique a évolué, l'habitation a également subi d'importantes améliorations sur le plan énergétique. Si elles sont moins flagrantes, elles n'en sont pourtant pas moins réelles.
D'ailleurs, ce sont elles qui ont poussé, Catherine Bonnier, architecte propriétaire des lieux, à entreprendre le projet de rénovation. "La maison était très mal isolée et présentait de nombreuses zones de fuites d'air. Cela impactait le bien-être des occupants en hiver et, surtout, les factures de chauffage qui s'envolaient", se souvient-elle. Pour mettre un terme à cette situation, elle décide donc de lancer un chantier de rénovation...
La suite de notre reportage et plus de photos en pages suivantes.
Du statut de passoire à habitation BBC
L'objectif de la rénovation est ambitieux : faire passer l'habitation du statut de passoire énergétique à celui de bâtiment basse consommation. Et pour corser les choses, le chantier ne doit pas perturber la vie des occupants du logement autrement dit, tout doit pouvoir se faire sans qu'ils aient à quitter les lieux.
Pour information, cette maison a été lauréate de l'appel à projets BBC en 2010 par l'ADEME et le CSTB, et a remporté le prix NÉOPLANÈTE par le Ministère de l'écologie en 2012.
Ci-dessus la maison avant travaux, façade nord-ouest.
Une sur-enveloppe étanche et compacte
Pour améliorer les performances de la maison sans gêner les occupants, l'architecte a eu l'idée de venir recouvrir le bâtiment existant d'une seconde peau parfaitement étanche. Cette sur-enveloppe - constituée de 24cm de de laine de verre, en double pose croisée de 12cm avec lame d'air respirante - isole la maison par l'extérieur tout en la rendant plus compacte et en accroissant sa surface habitable. 'L'extension est constituée par l'espace créé entre l'existant et la nouvelle enveloppe", précise l'architecte.
Ci-dessus le plan de masse du projet imaginé par Catherine Bonnier.
Un nouveau volume simple et compact
La sur-enveloppe en bois englobe la maison existante faisant ainsi disparaître toutes ses excroissances, notamment les deux terrasses qui agrémentaient la façade sud/ouest (voir photo ci-dessus). Il en résulte un volume contemporain et simple limitant les pertes d'énergies. 'Afin de compacifier la forme en L existante, le bâti nouveau s'inscrit dans un rectangle, moins déperditif", explique l'architecte. "A emprise constante, poursuit-elle, le projet s'efforce de gommer les irrégularités des volumes existants afin d'augmenter le volume habitable à surface déperditive constante".
Plan de coupe du projet
Des réseaux techniques cachés dans la sur-enveloppe
La présence de cette sur-enveloppe a également permis de faire passer discrètement tous les réseaux techniques en extérieur, entre le mur existant et l'isolation. C'est notamment le cas de la VMC double flux avec récupérateur de chaleur qui prend place dans l'épaisseur de l'isolant. "Cela évite les faux-plafonds et permet de profiter de l'inertie", commente l'architecte.
Espace en double hauteur dans l'extension
A l'intérieur, la sur-enveloppe a généré un vaste espace double hauteur. La pièce abrite le salon et la salle à manger, des pièces qui communiquent librement avec la cuisine. Pour optimiser l'espace tout en améliorant le confort des habitants, un chauffage au sol alimenté par une chaudière à granulés bois y a été installé.
Des traces du passé du lieu
Au rez-de-chaussée la meulière des murs d'enceinte de la maison existante reste apparente, un élément qui rappelle l'histoire du lieu tout en lui apportant du cachet supplémentaire.
Façade sud/ouest presque entièrement vitrée
Afin de profiter des apports solaires passifs, l'architecte a pris le parti d'agrémenter la façade sud/ouest d'un immense mur rideau suspendu garni d'éléments vitrés. Grâce à lui, la maison est baignée de lumière et renoue avec l'extérieur, une ouverture qui tranche radicalement avec l'ancienne configuration. "Avant, la maison était repliée sur elle-même donc très sombre", se rappelle la propriétaire. Et en été, c'est un imposant chêne classé centenaire qui protège la maison.
Une façade atypique qui attire l'œil
La façade côté jardin est rythmée par des modules colorés rappelant ceux des tableaux de Mondrian. Certains y voient également une ressemblance avec la maison atelier de Charles et Ray Eames, à Santa Monica, en Californie, véritable chef d'œuvre de l'architecture du XXème siècle. "L'idée était non seulement de faire une maison agréable à vivre mais aussi de faire quelques d'original avec une vraie plus value architecturale", insiste Catherine Bonnier regrettant au passage que cette notion soit oubliée dans de nombreux projets BBC.
Façade nord/ouest fermée
Côté rue, la maison ne présente pas du tout le même visage : au lieu d'être ouverte, elle est complètement fermée, un atout étant donnée sa position au nord/ouest. Les principes de l'architecture bio-climatique sont ainsi parfaitement respectés.
Remplacement des menuiseries existantes
Pour améliorer les performances énergétiques de la maison, Catherine Bonnier a également remplacé toutes les menuiseries existantes par de nouvelles en double vitrage à isolation renforcée avec une lame d'argon. Les modèles à double vantaux ont, par ailleurs, été remplacés par des châssis simples fixes, le but de la manœuvre étant encore une fois supprimer tous les éventuels ponts thermiques.