REPORTAGE. C'est aux murs à pêches, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), que Stéphane Bern a donné le coup d'envoi de la troisième campagne du loto du patrimoine. L'occasion de visiter ce site en phase de restauration depuis plusieurs années.
"Depuis l'Ancien régime jusqu'à la seconde guerre mondiale, les mûrs à pêches ont fait la gloire de Montreuil." C'est Patrice Bessac, maire de la ville de Seine-Saint-Denis, qui l'a rappelé, ce 31 août 2020, lors de la visite sur les lieux de Stéphane Bern. L'animateur chargé d'une mission "patrimoine" par Emmanuel Macron y lançait la troisième édition du "loto du patrimoine", en partenariat avec la Française des jeux et la Fondation du patrimoine. Une liste de plus de cent sites a été révélée (consultable sur le site de la mission Bern), dont ces 34 hectares de murs à pêches, dont 28 sont classés et inconstructibles.
L'animateur a tenu à rendre hommage aux "associations bénévoles" ayant permis d'alerter les pouvoirs publics de l'état de dégradation du site, avant de participer à sa restauration. La sphère publique a en partie pris le relais, la mairie de Montreuil affectant ainsi, chaque année depuis 2015, 100.000 euros dans la reconstruction de l'ouvrage. "Fruits d'un rare savoir-faire de construction et d'arboriculture pour acclimater les pêches au climat francilien, les murs sont un exemple unique d'utilisation des ressources topographiques et géologiques locales et de leurs qualités thermiques", explique la Fondation du patrimoine.
Lors des deux premières éditions, 47 millions d'euros ont été récoltés par le loto du patrimoine et fléchés vers la fondation du patrimoine (25 millions en 2019 et 22 millions en 2018).
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"De bonnes nouvelles pour le patrimoine dans les semaines à venir"
Stéphane Pallez, présidente-directrice générale de la Française des jeux, et Stéphane Bern, présentent devant un tronçon des murs à pêches un bulletin du loto du patrimoine 2020.
Alors que le député insoumis Alexis Corbière, présent à la conférence de presse, regrettait qu'il faille passer par un loto pour rénover des ouvrages patrimoniaux, Stéphane Bern a révélé qu'un plan de relance du patrimoine allait être annoncé dans les jours à venir, dans la dynamique du plan de relance économique. Une information confirmée par Philippe Barba, directeur général du patrimoine, quelques minutes plus tard : "Nous espérons pouvoir vous annoncer de bonnes nouvelles pour le patrimoine dans les semaines à venir."
Un patrimoine horticole
Trois jardins des murs à pêches ont été labellisés "Jardins remarquables" en juin 2019. "Cette labellisation reconnaît le travail effectué depuis de nombreuses années par ces associations pour aménager et animer les jardins sur le site", précise la ville de Montreuil.
La quête d'une nouvelle biodiversité
Si les eaux du ru ressuscité ces dernières années grâce au déblaiement de nombreuses ordures entassées là par des riverains peu scrupuleux sont polluées (la zone ayant été atteinte par des rejets d'usines), les associations locales font des efforts pour redonner de la place à la nature et la biodiversité. Exemple ici avec la création d'une petite mare où l'on peut trouver aujourd'hui, entre autres, crapauds et salamandres. A la manœuvre, l'association "Le sens de l'humus".
De nombreuses portions du mur sont endommagées
Le maire de Montreuil, Patrice Bessac, et son adjoint Gaylord Le Chequer, indiquent à Stéphane Bern le niveau d'endommagement de certaines parties des murs à pêches, dont l'ensemble totalise 17 kilomètres de linéaire. Ces parcelles sont progressivement reconstruites grâce à l'implication d'acteurs du patrimoine, organisant notamment des chantiers "participatifs associatifs et bénévoles".
Support d'insertion professionnelle
Le chargé de mission Stéphane Bern échange avec de jeunes ouvriers participant activement à la rénovation et la reconstruction des murs à pêches. L'un des points d'attention de la fondation du patrimoine, dans le choix des sites qu'elle soutient en priorité, est celui de faire de ces travaux "un support d'insertion professionnelle".
Jadis, les murs à pêches recouvraient la majorité de la ville
A la fin du XIXème siècle, le secteur des murs à pêches recouvrait 500 des 900 hectares de la ville de Montreuil.
Une majeure partie des ouvrages nécessitent restauration
Aujourd'hui, précise la Fondation du patrimoine, la majorité des murs nécessitent restauration. "A l'arrêt des dernières productions dans les années 1970, quelques cultures subsistent entre les murs", explique l'organisme. "Mais ces derniers, non entretenus, commencent à se fissurer, des poches apparaissent et des pans entiers de murs s'affaissent progressivement. La disparition des chaperons, qui les protègent des infiltrations, et le développement de la végétation, qui pénètre les murs et en déstabilise la structure, sont les principaux facteurs de dégradation, auxquels s'ajoutent les alternances de gel et dégel en hiver."