Dans l'archipel, où le sable de construction est importé pour préserver les plages, où les prix de transport sont astronomiques et où l'habitude est à la qualité, le prix de la reconstruction sera particulièrement élevé.

Le coût humain y a été bien moindre que dans les autres pays touchés par le raz-de-marée du 26 décembre (82 morts, 26 disparus) mais "les dégâts ont été considérables aux Maldives où un tiers de la population a été touchée" d'une façon ou d'une autre, relevait lundi le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan.
Selon les autorités, neuf îles de l'archipel de 300.000 habitants sont complètement inhabitables, 79 ne disposent plus d'eau potable, 26 n'ont pas d'électricité, 24 n'ont pas de téléphone.

Avec le Sri Lanka, les Maldives sont considérés comme le pays le plus touché économiquement par les experts.
Or "les coûts de construction ici sont environ six fois plus élevés qu'au Sri Lanka", selon le porte-parole de la présidence Ahmed Shaheed.

Premier facteur onéreux, le sable de construction que les Maldives importent pour préserver leurs plages paradisiaques. Chaque année, le pays achète pour 100.000 tonnes de sable de rivière mais les pays exportateurs ont récemment établi des restrictions.
"Il nous faut beaucoup de sable de construction pour remplacer ce qui a été perdu dans les tsunamis mais où allons-nous trouver tout ce sable ? C'est notre tragédie", explique M. Shaheed. "Si nous utilisons notre propre sable, cela entraînera des problèmes écologiques sur nos îles", poursuit-il.

Deuxième facteur, le transport. D'habitude, les sacs de sable de 50 kg sont convoyés sur la capitale Male avant d'être distribués par ferry vers les petites îles et îlots. Mais les coûts sont astronomiques.
La multitude d'îles éparpillées sur 800 km le long de l'équateur et la distance compliquent la tâche et multiplient les coûts de reconstruction. Sur 1.192 îles, 200 sont habitées et il faut remplacer les générateurs sur 53 d'entre elles. Ecoles, cliniques et pharmacies ont été détruites dans 50 îles.
"Il ne s'agit pas juste de remplacer une école ou un générateur. Quoi que l'on fasse, il faut tout multiplier par 200 pour que (chaque) île" soit approvisionnée, poursuit M. Shaheed.

Une vingtaine de complexes touristiques de luxe sur 87 ont dû fermer pour entreprendre des travaux dans ce pays majoritairement musulman et qui vit en grande partie du tourisme (74,1% du PIB, selon le Conseil mondial du tourisme).

Les transports, la qualité, le niveau de vie auxquels se sont habitués les habitants de l'archipel, où le PIB par tête y est le plus élevé d'Asie du Sud, avec 2.200 USD, font que les prix à la reconstruction seront beaucoup plus chers qu'ailleurs, expliquent également des diplomates asiatiques.

"Les Maldiviens ne remplacent pas leur matériel de construction avec des matériaux (achetés) en Asie, ils les font venir d'Europe ou des Etats-Unis", dit l'un d'eux sous couvert de l'anonymat. "Naturellement, les coûts pour eux seront plus élevés que ceux annoncés au Sri Lanka ou en Inde", ajoute-t-il.

Au sommet exceptionnel sur l'aide aux pays touchés par les tsunamis de Jakarta la semaine dernière, les Maldives ont demandé 239 millions de dollars d'aide d'urgence et 1,3 milliard de dollars supplémentaires sur trois à cinq ans pour la réhabilitation et la reconstruction de l'habitat, des systèmes d'alimentation en eau, des structures sanitaires et éducatives, des infrastructures.

Au-delà de cet horizon de cinq ans, les autorités estiment que 2,8 milliards de dollars seront nécessaires notamment pour la protection de l'environnement, soit au total quelque 4,4 milliards de dollars.
Pour "contribuer" à la reconstruction des Maldives, le ministère du Tourisme a appelé dimanche les vacanciers à revenir dans l'archipel qui avait alors déjà perdu la moitié de ses 17.000 touristes.

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