Les auto-entrepreneurs sont-ils nombreux à utiliser les plateformes collaboratives ? Pourquoi les utilisent-ils ou non ? Gagnent-ils mieux leur vie ? Quid du bâtiment ? Eléments de réponses avec Grégoire Leclercq de la Fédération des auto-entrepreneurs.
Ubérisation. Derrière ce nouveau mot se cache un phénomène qui bouleverse notre société, change nos pratiques. Engagé dans l'Observatoire de l'ubérisation, la Fédération des auto-entrepreneurs a réalisé, du 28 mai au 26 juin 2016, un sondage pour savoir comment les petits entrepreneurs se positionnaient vis-à-vis des plateformes collaboratives. Il était question de savoir si elles leur permettaient de mieux gagner leur vie, et de connaître leurs attentes à l'égard de ces plateformes. "On entend souvent des critiques sur ces plateformes, nous voulions savoir si c'était vrai", explique Grégoire Leclercq de la Fédération des auto-entrepreneurs.
Les auto-entrepreneurs dans le bâtiment sont entre 25 et 35% à être inscrits
L'enquête révèle ainsi que le nombre d'inscrits sur les plateformes collaboratives, tout type confondu, est en hausse depuis 2014. Dans le détail, 34% des auto-entrepreneurs sondés, toutes catégories confondues, disent être inscrits sur une plateforme de service aux particuliers et 29% sur une plateforme de services aux entreprises. Parmi ces personnes inscrites, les professionnels du bâtiment représentent un peu moins de 35% pour les services aux particuliers et presque 25% pour les services aux entreprises.
Si le nombre d'inscrits augmente, en revanche, pour 67% d'entre eux, les plateformes leur rapportent moins de 20% de leur chiffre d'affaires. Seuls 9% estiment que cela leur rapporte 80% de leur CA. "Cela signifie qu'il sont peu en situation de dépendance vis-à-vis de ces plateformes", analyse Grégoire Leclercq. Et de poursuivre : "Ils ont des clients et cherchent avant tout des revenus complémentaires. En quelque sorte, ces plateformes sont devenues pour eux des agents commerciaux, c'est une notoriété et une prospection supplémentaires". Et toujours selon le sondage, 66% des personnes qui travaillent avec ces plateformes en sont satisfaites.
Pourquoi les auto-entrepreneurs n'y vont pas ?
Mais il existe encore des freins. Plusieurs raisons à cela, explique Grégoire Leclercq. Tout d'abord, près de 35% jugent la relation business to business essentielle à leur activité. Plus de 30% expliquent avoir suffisamment de clients et donc ne pas avoir besoin de passer par de telles plateformes. Un autre argument : la méconnaissance de ces sites. Plus de 20,3% des sondés disent ne pas être au courant de leur existence. Mais "ils vont de plus en plus y recourir", estime le responsable de la fédération qui parle d'un phénomène encore récent qui va se développer dans les années à venir. "Les plateformes vont monter en puissance dans les services aux particuliers et le chiffre d'affaires moyen réalisé sur celles-ci va grimper", prédit-il.
Parmi les sites collaboratifs les connus, Le Bon Coin arrive largement en tête avec 62%, devant Uber (42%) dont le nom qualifie pourtant le nouveau système. Dans le secteur des travaux et du BTP, les sites JeMEPropose et SeFaireAider arrivent bien après avec respectivement 15 et 11%. Et dans la fin du tableau, le site Helloartisan n'est connu que par 2% des sondés.
Une relation entre plateforme et auto-entrepreneurs qui se structure
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La relation entre les plateformes et les auto-entrepreneurs va évoluer. Grégoire Leclercq nous confie d'ailleurs que la fédération lance actuellement des actions auprès de nombreuses plateformes pour les aider à mieux connaître le régime. "Parce que certaines ne sont pas très structurées pour le moment, nous les accompagnons pour les démarches administratives, comptables et juridiques", précise Grégoire Leclercq. "Les plateformes ont une responsabilité sociétale à faire travailler les indépendants mais aussi à les protéger davantage", ajoute-t-il.
Sur la question de la protection sociale, il rappelle que l'article 27 bis de la loi Travail introduit cette notion pour les auto-entrepreneurs qui collaboreraient régulièrement avec des plateformes. Interrogés sur cette mesure, 57% d'entre eux se disent d'ailleurs favorables et ce chiffre passe même à 66% pour ceux qui utilisent les plateformes. C'est pourquoi, "nous continuerons de soutenir cette mesure", nous confie Grégoire Leclercq, de la Fédération des Auto-entrepreneurs.