INSOLITE. L'architecte australien Simon Anderson a imaginé une maison qui peut supporter des incendies. Zoom sur ce projet d'habitation innovant, situé dans une zone forestière à hauts risques.
Au cœur des Blue mountains, une région forestière classée au patrimoine mondial située à une heure de route de Sydney (Australie), une myriade d'eucalyptus, des falaises de grès et de grandes cascades occupent l'horizon. Au milieu de ce paradis naturel, sur un terrain de trois hectares, l'architecte Simon Anderson a installé sa résidence secondaire. La zone est pourtant sujette aux feux de forêts, parfois violents, à l'image des grands incendies de 2019-2020, qui ont ravagé une importante partie de la côte Est du pays. "Les feux de forêts se sont accrus ces vingt dernières années en Australie, tout comme les normes de sécurité incendie pour les bâtiments situés dans des zones à hauts risques. Nous avons toujours su que construire une maison dans les Blue Mountains constituait un risque. Les avantages que l'on tire à vivre en forêt l'emportent cependant largement sur les risques liés aux feux, si les bâtiments sont construits conformément aux règles de conception relatives aux feux de forêt", raconte à Batiactu Simon Anderson.
Des installations anti-incendie
La demeure est constituée d'une dalle et structure en béton, et revêtue d'un panneau d'oxyde de magnésium résistant aux incendies. La forêt qui l'entoure possède aussi une faible quantité de combustibles. En effet, "le paysage près de la maison est clairsemé. Les fenêtres sont équipées d'un très haut niveau de résistance à la chaleur radiante", expose Simon Anderson. Des volets ont été installés pour réduire un peu plus la chaleur et protéger les vitres des braises et de potentiels débris projetés par les feux. Aussi, un système de récupération de chaleur filtre la fumée des feux de forêts.
À toutes ces protections, des réservoirs d'eau de pluie d'une capacité de 30.000 litres ont été ajoutés sur la propriété. Enfin, la famille s'est armée d'une couverture satellite afin de continuer de recevoir des informations sur les feux, en cas de coupure d'électricité et de rupture de réseau de téléphone portable. La famille peut également fermer certains pare-feux à distance grâce à ce système.
Architecte et pompier volontaire, une double casquette
"La maison doit être capable de résister à la plus terrible des tempêtes de feux"¸ ajoute-t-il. Et donc de protéger sa famille, si elle se trouvait coincée à l'intérieur. La villa possède le plus haut niveau de protection du label australien de protection contre les feux de forêts et est capable de résister pendant une trentaine de minutes aux flammes qui attaqueraient directement sa structure. Les fenêtres pourraient, certes, être endommagées mais pas la structure de la villa. Celle-ci a résisté à quatre feux de forêts durant les événements dramatiques de 2019-2020.
"Ma femme et moi sommes engagés comme pompiers volontaires au sein de la brigade locale. En cas de feu, nous irions défendre les maisons alentours, pendant que la nôtre se protégerait elle-même. C'est le scénario le plus probable. Bien sûr, l'option la plus sûre est toujours celle d'évacuer avant qu'un incendie ne touche votre maison. Mais dans le cas où nous serions sur place, nous verrouillerons l'habitation et attendrions à l'intérieur que le feu passe à l'avant de la maison, pour ensuite sortir et éteindre les feux qui encadrent la propriété." La famille a également élaboré une série d'itinéraires, dans le cas où la route qui mène à leur maison serait bloquée.
Des coûts relativement élevés
C'est la première fois que cet architecte travaille à concevoir une villa capable de résister à des conditions incendie aussi extrêmes. "L'idée était d'apprendre à concevoir ce type de constructions contre les feux et d'expérimenter cela sur ma propre maison, avant de proposer ce genre d'habitations à nos clients. Aujourd'hui, nous travaillons sur de nombreuses maisons en s'appuyant sur nos connaissances."
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Selon lui, les propriétaires de nouvelles maisons ont davantage d'options à leur disposition, alors que les règles de conception, la technologie et les équipements disponibles évoluent d'année en année. Si ce type de constructions coûte chère [celle de Simon Anderson s'élève à 750.000 dollars australiens, soit environ 462.000 euros], l'Australien imagine différentes façons d'utiliser ces mesures anti-incendie. Les fenêtres coulissantes perforées au niveau de la façade ouest protègent la maison en cas de feu mais peuvent également être utilisées comme pare-soleil en été. Quant au toit de la véranda, "lorsqu'il est replié, il peut servir de volet pare-feu pour les fenêtres adjacentes".