CHANTIER. Avant la pose de la couverture de verre au-dessus du Forum des Halles d'ici à décembre prochain, l'heure est à l'installation des éléments qui constitueront la charpente métallique destinée à soutenir l'édifice. Un va-et-vient important sur le chantier parisien qui mobilise près de 400 ouvriers. Découverte avec un des architectes, Patrick Berger.
Dernière ligne droite pour la Canopée. Au Forum des Halles, dans le centre de Paris, le projet imaginé par l'architecte Patrick Berger et Jacques Anziutti avance à grand pas. " Contrairement à ce qui se dit et s'écrit, le projet de la Canopée progresse bien, nous confie Patrick Berger. Ici, certes, la forme est complexe, par contre le système constructif demeure très simple. Nous nous sommes inspirés de la nature où de nombreux motifs sont le fruit de process de fabrication liés aux contraintes de l'environnement et au souci d'économie d'efforts."
Alors que l'installation des éléments de structure est sur un bon rythme de croisière, l'architecte souligne le contraste entre le projet et sa mise en œuvre. "C'est avant tout, une forme déduite", martèle l'architecte. C'est pour cette raison que l'agence Berger-Anziutti a anticipé toutes les contraintes prévisibles du site et du programme et pris en compte l'ensemble des flux comme les foules, le vent et la pluie."
"Pour rappel : les travaux divers superposés et entrelacés de la Canopée allant du centre commercial à la rénovation du Pôle Transport Châtelet-Les-Halles, forment un chantier d'une ambition inédite dans la capitale, notamment en raison de la difficulté accrue de construire en site occupé avec une fréquentation quotidienne de 800.000 personnes !, poursuit Patrick Berger. Ici, depuis juillet 2012, c'est une opération à cœur ouvert dont les battements n'arrêtent jamais."
Découvrez la suite de l'article dès la page 2 et le diaporama dédié à la visite du chantier de la Canopée.
18.000 pièces de verre
Effectivement, le défi est de taille. La surface de l'enveloppe est colossale et couvre 2,5 ha (25.000 m²), soit 18.000 pièces de verre. "Nous l'avons choisi de couleur jaune-vert. La teinte varie légèrement selon l'ensoleillement et l'angle de vision, et ce n'est pas un verre blanc, afin de filtrer les UV pendant les fortes chaleurs", explique le concepteur. Ainsi, le vitrage est constitué d'une épaisseur de verre clair trempé de 6 mm avec un surfaçage supérieur en léger relief ; un intercalaire de sécurité ; et enfin une épaisseur de verre extra blanc durci de 10 mm avec un traitement de sous face par émaillage sérigraphié mat dont l'opacité du motif varie entre 15 et 45 %.
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Une œuvre de 14,5m de haut et 7.000 t d'acier
Autre pilier de la structure : l'acier. "C'est un acier (Ndlr S460) qui reste performant sans être exceptionnel pour ne pas avoir de problèmes d'approvisionnement", glisse l'architecte. Et la structure créée, en surélévation et autostable est exclusivement en appui avec la structure de l'existant, complète-t-il en surplombant l'immense toiture constituée de quinze "ventelles" de différentes tailles. La plus grande, disposée en tuile comme un store vénitien comporte une portée de 96 mètres.
Par ailleurs, robustesse, circulation des efforts et constitution par élément, sont les maîtres mots de la conception de la structure porteuse. Cette dernière présente, d'après lui, des caractères de redondance. "Cela signifie que si une pièce est abîmée, une autre prend le relais, note-t-il. La circulation des efforts est extrêmement claire et repérable dans la structure, il n'y a pas à craindre de surprises et de circulations floues, qui pourraient engendrer des désordres."
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"Un grand projet complexe conçu de façon artisanale"
Enfin, du côté architectural, Patrick Berger confie: "J'ai dessiné toute l'architecture à main levée, depuis la forme d'ensemble dans son dialogue avec Paris, jusqu'aux parties et aux détails, raconte-t-il. Les différentes formes tiennent compte aussi dans mes 1.500 premiers croquis de l'écoulement des eaux pluviales, des mouvements des vents, Etc." La modélisation numérique a été dans la foulée utilisée dans l'atelier pour transformer ses dessins en pure géométrie.
En outre, plusieurs maquettes successives ont été fabriquées pour tester les sensations physiques. "C'est donc au final, un grand projet complexe conçue de façon artisanale", conclut Patrick Berger. Et qui dit projet complexe, dit budget global conséquent. Le montant de la couverture et des deux bâtiments de part et d'autre s'élève à 216 millions d'euros hors taxes.
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L'acier au coeur du projet
D'emblée, l'acier a été jugé le plus approprié pour la charpente de l'édifice, pour l'auvent comme pour les ailes latérales qui abriteront les programmes.
La toiture offre une portée de 96 m
La toiture, offre une portée de 96 m entre les deux bâtiments. Ceux-ci abriteront des commerces dédiés à la culture, aux loisirs, au bien-être, et surtout des équipements culturels : un conservatoire, une bibliothèque, un centre de hip-hop et un centre pour sourds et malentendants.
Un chantier audacieux
La future Canopée coiffera plusieurs strates de vie souterraine : la gare RER, la plus fréquentée d'Europe (800.000 voyageurs par jour) et le centre commercial, le plus grand de Paris (150.000 clients par jour).
Reconstruire les Halles sur les Halles
Un autre impératif du projet est de reconstruire les Halles sur les Halles, de réaliser le nouveau bâtiment sur un centre commercial en activité et une gare souterraine au fonctionnement incessant.
Vue de la Canopée
Par ailleurs, la Canopée prend appui sur la trame de 11 x 16 m environ des poteaux de béton du sous-sol.
Perspective de la Canopée
Un projet entièrement dessiné à la main, par l'un des architectes du projet, Patrick Berger.
A l'intérieur de la Canopée
A l'intérieur de la future Canopée.
L'entrée principale
La future entrée principale du Forum des Halles à Paris.