EXPERIMENTATION. Quel est l'état de l'art d'un projet réel mené en BIM aujourd'hui ? L'Atelier BIM Virtuel, lancé en juillet 2016 par le PTNB et l'USH, livre ses conclusions au terme de neuf mois d'expérimentation. L'opération a mobilisé 130 acteurs différents, afin d'évaluer tout le processus de travail collaboratif en rétro-conception.
L'Union sociale pour l'habitat (USH) et le Plan Transition Numérique pour le Bâtiment (PTNB) ont mené, dans un délai de neuf mois, un projet d'envergure, permettant d'apprécier "l'état de l'art, dans la vraie vie, du BIM aujourd'hui". L'Atelier BIM Virtuel a, en fait, consisté à partir d'un immeuble déjà construit de façon traditionnelle et de mener à nouveau le projet, cette fois de façon numérique avec les outils disponibles. Le but ? Démontrer ce que les professionnels savent "concrètement et optimalement faire en BIM de niveau 2, pour une opération courante traitée en lots séparés avec des TPE/PME, en suivant les jalons de la loi MOP". A savoir, les phases de programmation, conception, réalisation et exploitation, mais également d'anticiper celles de déconstruction et recyclage.
L'atelier s'est donc attaché à démontrer ce qui devrait ou pourrait se réaliser autrement grâce à la maquette numérique, destinée à simplifier les travaux. Christian Herreria, le pilote du projet, précise : "Même s'il existe beaucoup d'écrits sur le BIM, le secteur manquait de vision globale pour une opéraiton courante traitée en BIM en lots séparés". Il estime que d'autres expérimentations actuellement menées mettraient du temps à livrer leurs conclusions et que la rapidité de la démarche de rétro-ingénierie permettait de s'affranchir "des longues phases de conception" en s'appuyant sur de l'existant "BIMisé". L'opération choisie était un immeuble de 30 logements sociaux de l'OPH de La Rochelle, dans le quartier Saint-Eloi. Un bâtiment R+3, labellisé BBC Effinergie et exploité depuis la fin de l'année 2012.
Des outils standards mais des protocoles à revoir
Première difficulté : réunir tous les acteurs potentiellement impliqués, organisations professionnelles, opérationnels, animateurs praticiens du BIM et observateurs/contributeurs (sur certaines thématiques particulières). Une plateforme collaborative a donc été mise en place, munie d'une organisation de pilotage assurant le suivi. Outre des outils courants (Archicad, Trimble Connect, Attic+, Revit, Allplan, Tekla, Plancal Nova, Alpi…), l'expérimentation a également été l'occasion d'utiliser des travaux du PTNB comme le guide méthodologique pour une convention BIM. Pas moins de 130 acteurs ont ainsi participé à l'Atelier, dont 44 opérationnels(*). Huit réunions ont été tenues à ce jour.
Christian Herreria révèle : "Même si les outils sont encore perfectibles, notamment en termes d'interopérabilité, nous savons aujourd'hui surmonter les quelques problèmes qui se présentent. Les vraies difficultés rencontrées relèvent plutôt des processus et de l'organisation du travail collectif autour de la maquette". Il estime que des règles et objectifs doivent être préalablement définis, qu'un chef d'orchestre doit être choisi et que les intervenants soient formés aux outils collaboratifs mis en place. "Nous devons donc commencer par définir précisément le cahier des charges de l'opération et les divers protocoles (MOA, MOE, entreprises) adaptés à la maturité BIM des acteurs pour fixer les règles : qui fait quoi, quand, comment et pourquoi ?", ajoute-t-il. C'est ainsi que la première version du protocole a été largement révisée, car trop complexe et pas assez précise. "Nous en sommes à la version 7", poursuit le pilote du projet. Le management du BIM doit ensuite s'assurer de l'application de ce protocole : "A ce niveau, nous avons perçu toute la difficulté de faire évoluer les processus et les pratiques". Une question qui a suscité des débats "et donc les organisations professionnelles doivent se saisir", conclut le spécialiste.
(*) 30 organisations professionnelles, 22 entreprises intervenantes, 17 industriels fournisseurs, 27 autres entreprises et industriels, 5 prestataires techniques en support, 29 contributeurs et observateurs