CRISE. L'assureur néo-zélandais CBL insurance, dont les contrats ont été massivement distribués en France via des courtiers, a été placé en liquidation, nous apprend la presse locale. Ses comptes auraient été volontairement maquillés ces dernières années pour cacher l'insolvabilité de la structure.

L'assureur néo-zélandais CBL insurance était en "liquidation intérimaire" depuis le début de l'année 2018 - ce qui correspond à une forme de procédure d'observation temporaire. Mais il a visiblement été placé en liquidation, nous informe le site Newsroom.co.nz. "La liquidation est inévitable du fait que les dirigeants de CBL, Peter Harris et Alastair Hutchison ne peuvent pas proposer leur propre proposition de restructuration, sans le soutien de deux importants créanciers européen, Elite insurance et Alpha insurance", explique de son côté le New zealand herald.

 

Elite et Alpha, deux créanciers majeurs de CBL

 

Pour rappel, des contrats d'assurance construction CBL ont notamment été largement diffusés en France par le courtier en assurance SFS, placé en liquidation il y a quelques semaines.

 

 

"Dans quelle mesure les assurés d'Elite, voire d'Alpha, vont-ils voir les 'bénéfices' de la liquidation de CBL, dans une capacité accrue par ces compagnies à régler les sinistres en cours ?", peut-on lire sur le blog Insurwatch, géré par quatre spécialistes du sujet. "Gageons que cela va rester long et compliqué, en espérant que cela ne soit pas totalement illusoire. [...] Dans ce contexte, les récents courriers envoyés aux assurés de SFS au nom de l'administrateur de CBL Europe, et explicitant le 'transfert de la gestion' de SFS au cabinet Pilliot semble d'autant plus dérisoire."

 

Une insolvabilité "dissimulée"

 

Un autre article paru sur News zealand herald contient des informations assez accablantes pour CBL. "Les dirigeants de CBL auraient dissimulé l'insolvabilité depuis 2013", nous explique un expert de l'assurance. "Avant que la liquidation de CBL ne soit prononcée, l'avocat Nathan Gedye, représentant le régulateur néo-zélandais (la Reserve Bank) a rendu public un certain nombre d'éléments particulièrement glaçants, justifiant sa volonté de liquider CBL. Ainsi, le témoignage d'une firme d'actuariat, établissant que le bilan de CBL était insolvable de 86,6 m NZD en 2013, 102 m NZD en 2014, 104 m NZD en 2015 et 98,6 m NZD en 2016. La solvabilité de CBL en décembre 2017 serait de 25 %, à comparer avec les 170 % requis par son régulateur."

"Une affaire péruvienne de mine d'or"

 

La dissimulation de ces éléments aurait permis à CBL d'être autorisé à continuer d'exercer. "La situation s'est semble-t-il aggravée depuis la mise sous administration de CBL. En effet, trois emprunts obligataires (pour un total de 200 m NZD) ont été effectués et n'ont été portés à la connaissance du régulateur que ces derniers mois", décrypte notre expert. "Mr Gedye a ensuite mis en lumière deux investissements mystérieux effectués par différentes entités de CBL, l'une dans la National Bank of Samoa, et l'autre dans une affaire péruvienne de mine d'or, dont le dirigeant a fait l'objet d'accusations de blanchiment d'argent et de trafic de drogue."

 

Ces éléments pourraient être reliés à l'information, parue en juin dernier, selon laquelle pesaient des soupçons de fraude sur CBL.

 

Crise de l'assurance : un ex-assuré de Gable écrit à Batiactu
A la suite de notre appel à témoignages, plusieurs lecteurs nous ont écrit. Un nouveau témoignage vient de nous parvenir, que nous retranscrivons ici. "J'avais créé une société de pose de panneaux photovoltaïques en 2007 et nous sommes rapidement devenus un acteur majeur du secteur." L'assureur important avec lequel il était d'abord engagé se soustrait de l'affaire du fait des nombreux sinistres liés au photovoltaïque. Et un courtier lui propose Gable insurance. "Devant cette localisation quelque peu 'exotique' (Liechtenstein), le courtier m'a rassuré en me disant qu'ils passaient par un cabinet parisien ayant pignon sur rue.

 

Tout s'est bien déroulé jusqu'en 2014. Année au cours de laquelle un sinistre a lieu, avec pour 800.000 euros de dommages chez le client concerné. "Je ne m'étais pas inquiété plus que cela des procédures car, n'ayant pas vendu, ni fourni, ni préconisé ces appareillages défectueux mais n'ayant fait que les poser, je ne me sentais pas concerné ni responsable…" Notre témoin est alors contraint de mettre la clé sous la porte. Du fait de la défaillance effective de Gable, en 2016, notre témoin "se retrouve seul, sans moyen, sans avocat devant les affaires juridiques qui m'avaient coûté la révocation puisque celles-ci, par la grâce de la lenteur judiciaire en France, ne sont toujours pas définitivement closes…". "C'est ce que j'appelle la double peine : perdre son entreprise dans laquelle j'avais tout investi et se retrouver sous l'épée de Damoclès judiciaire jour après jour..."

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