Evoquée récemment par François Hollande, l'idée de flécher une partie des encours de l'assurance-vie vers l'immobilier a été précisée par Jérôme Cahuzac, ministre du Budget. Il souhaite que "quelques dizaines de milliards" financent la construction de nouveaux logements. Détails.
Encore une piste pour tenter d'atteindre l'objectif de 500.000 logements neufs construits par an. Voilà donc la dernière idée du gouvernement : investir une partie des encours de l'assurance-vie vers le logement. Le Chef du gouvernement l'avait évoquée, lors de son déplacement dans le Val d'Oise. Son ministre du Budget l'a précisée mercredi dernier.
"Le Gouvernement pourrait privilégier des dispositifs incitant […] à ce qu'une partie de cette épargne puisse s'investir dans le secteur immobilier. […] Une partie qui serait minoritaire. Le total de la collecte (de l'assurance-vie) c'est 1.300 ou 1.400 milliards d'euros […]. On parle là de quelques dizaines de milliards d'euros, et non pas au-delà […]", a indiqué Jérôme Cahuzac à l'occasion des rencontres parlementaires sur l'épargne et la fiscalité. Et d'ajouter : "Ce serait donc une utilisation marginale, mais nécessaire pour un secteur qui aujourd'hui souffre énormément, et qui aurait pour conséquence seconde, de peut-être moins solliciter le pouvoir d'achat des Français".
Meilleure orientation de l'épargne
Le ministre a également reconnu, peut-on lire dans les colonnes des Echos, que "les incitations fiscales n'ont pas contribué à détendre les prix en matière de logement, au contraire […]". Voulant rompre avec cette logique-là, il poursuit la volonté de François Hollande, qui avait annoncé qu'il ferait "appel aux investisseurs institutionnels, tout ce qui est assurance-vie, pour qu'il y ait une meilleure orientation de l'épargne pour faire de l'immobilier".
Si l'idée n'est pas nouvelle - les professionnels de l'immobilier l'avaient déjà eue il y a plusieurs mois, comme Nexity par exemple, à la différence que l'Etat devait abonder pour garantir des rendements suffisants aux institutionnels - l'approche du Gouvernement se veut différente. "On pourrait maintenir certains avantages fiscaux si les assureurs proposent une diversité d'investissement", indique, au quotidien économique, un conseiller ministériel. A ce jour, rien n'est arrêté, le gouvernement attend les conclusions du rapport des députés Karine Berger et Dominique Lefebvre, qui travaillent sur l'épargne financière et le financement de l'économie.
Négociations en cours
En revanche, dès ce lundi, promoteurs et assureurs se retrouveront pour une troisième réunion de travail sur ce sujet. Objectif : tenter de trouver l'équilibre entre ce que pourrait accepter les assureurs sur la rentabilité minimale acceptable et l'effort que pourrait consentir les promoteurs sur leurs prix de vente. L'Etat pourrait même donner un coup de pouce, un promoteur indiquant, dans les colonnes des Echos, qu' "il n'a jamais dit qu'il ne contribuerait pas et son aide pourrait prendre diverses formes, comme un amortissement accéléré des logements".