Ce vendredi 17 janvier, syndicats et patronat ont entamé le marathon des négociations sur la redéfinition des règles d'assurance-chômage, qui seront valables pendant trois ans. Les marges de manœuvre s'annoncent faibles, les deux parties préconisant des pistes divergentes. Mais un consensus semble possible. Décryptage.
C'est parti pour plusieurs semaines de négociations entre patronat (Medef, CGPME et UPA) et syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC), qui ensemble co-gèrent l'Unedic, organisme en charge de l'indemnisation des chômeurs.
Objectif : établir, d'ici à mars prochain, les nouvelles règles d'indemnisation des demandeurs d'emploi pour les 3 ans à venir. Pas si simple si l'on considère les données suivantes : un déficit de l'Unedic qui se creuse de 4 Md€ chaque année ; une dette cumulée qui devrait atteindre 22.1 Md€ à fin 2014 ; une crise qui perdure ; un nombre de chômeurs en hausse. Une équation difficile à résoudre, mais qui devra bien accoucher de solutions, quitte à trouver des compromis. Et c'est bien ce vers quoi se dirigent les parties prenantes du dossier.
Les syndicats soutenus par l'Etat
Le chef de l'Etat a donné le ton, mardi dernier, lors de sa conférence de presse. "Ce n'est pas à un moment de chômage élevé qu'il faut réduire les droits des chômeurs". C'est dit, et le soutien aux syndicats est donc clair. Car ceux-ci ne veulent absolument pas d'une baisse des droits. Certains même envisageraient une hausse des taux de cotisation. Mais globalement, tous attendent une reprise durable de l'emploi. "Les comptes se redresseront lorsque l'activité et l'emploi reprendront", clament-ils.
Ce à quoi le Medef rétorque : "Si nous ne faisons rien, la dette atteindra 40 Md€ en 2017", annonçait Pierre Gattaz, son patron, le 15 janvier dernier. L'organisation patronale a toutefois mis de l'eau dans son vin, quant à un éventuel retour de la dégressivité des allocations, comme elle le prônait haut et fort il y a encore quelques mois. Histoire d'inciter les chômeurs à retrouver du travail… Mais la position du Gouvernement et l'annonce du Pacte de responsabilité et de la réduction du coût du travail ont calmé ses ardeurs.
Droits rechargeables : objet de consensus ?
Seule nouveauté dans ces négociations : l'introduction des droits rechargeables, qui permettraient aux salariés de cumuler leurs droits au chômage. Concrètement, s'ils retrouvent un emploi avant la fin de la période d'indemnisation, ils pourraient réutiliser ces droits lors d'une prochaine période de chômage. A suivre…
La France jouit d'un des systèmes d'indemnisation du chômage les plus protecteurs d'Europe. Pour bénéficier des allocations, un demandeur d'emploi doit :
- Avoir travaillé pendant au minimum 4 mois au cours des 28 mois précédents la perte d'emploi
- Ses indemnités seront perçues pendant une durée égale à la dernière période de travail, dans la limite de 2 ans ou de 3 ans pour les chômeurs âgés de plus de 50 ans.
- Les allocations chômage sont proportionnelles au dernier salaire perçu. En France, elles s'élèvent en moyenne à 70% du salaire.