Les éditions Poïésis / A.E.R.A. présentent Pierre Debeaux (1925-2001), l'un des architectes français les plus originaux de la seconde moitié du XXème siècle. L'ouvrage, paru le 3 janvier 2005, est signé Stéphane Gruet.

Les Cahiers Critiques de la revue Poïesis sont destinés à porter un regard approfondi sur des lieux et des oeuvres architecturales et urbaines. Le premier numéro s'engage à faire découvrir l'oeuvre d'un des architectes français les plus originaux de la seconde moitié du XXème siècle : Pierre Debeaux.

«Ceux qui l’ont connu se souviennent d'un artiste intransigeant et d’un géomètre rigoureux habité par la passion du maître d’oeuvre, obstinément tendu vers son but, comme un enfant seul à la recherche d’un trésor. Intérieurement animé par une grande tension créatrice, il tirait de tout ce qu'il touchait des formes nouvelles et n’avait de cesse qu’elles se réalisent dans la matière et la lumière.
Pythagoricien en ce que la beauté du monde était pour lui d'essence mathématique, passionné de physique moderne et de musique contemporaine, il poursuivait une sorte de musique des sphères qu'il exprimait dans la matière austère et rude du béton armé.

A une époque où tant d’artistes, soit visent le beau et le perdent immanquablement, soit s’en détournent et se perdent eux-mêmes, Debeaux, tel un maître d’oeuvre cistercien, sans jamais viser le beau pour lui-même, l’a souvent approché, comme s’il ne voyait dans la beauté que l’apparence de l’infini, et ne visait l’inaccessible que pour mieux en capter les reflets.

L'exploit spéculatif demeurait ainsi une quête presque mystique à laquelle il sacrifiait beaucoup, une sorte de magie de l'art dont il cherchait les arcanes dans les mathématiques. On comprend que s’il pouvait avoir quelques affinités avec le héros de Cervantes, c'est que lui-même concentrait les aspirations les plus hautes en un temps où tout le monde s'en moque.

C’est cette exigence tyrannique qui lui imprima jusqu'à la fin une tension psychique excessive, mais c'est en même temps cette vie, ce désir insatiable, ce vertige créateur d’un esprit empreint d'exigence et de rigueur, qui a donné naissance à ce que nous tenons pour quelques-unes des oeuvres d'architecture les plus fortes que nous puissions voir dans ce pays mi-gascon, mi-occitan dont il est l'enfant.

Des oeuvres que je place sans hésiter au côté de celles de Le Corbusier, comme celles de son petit frère du Sud. Et si l'histoire de l'art ne se résume pas à une histoire des styles mais contribue à célébrer cette mémoire de l'esprit que sont les vraies oeuvres d'art, alors cette oeuvre fougueuse, ascétique, sensuelle et spirituelle doit y trouver sa place.»



104 pages, 15 euros

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