Lundi 3 février, le Premier ministre a donné le coup d'envoi de la réforme des retraites, en présentant les grands axes de sa politique. Par la voix de la Capeb, les artisans du bâtiment ont apporté leur soutien à la démarche du gouvernement.

La réforme des retraites sera votée avant l'été. Tel est l'objectif visé par Jean-Pierre Raffarin, qui présentait la philosophie de son projet devant le Conseil Economique et Social, puis sur TF1 dans la soirée.

En premier lieu, le Premier ministre a tenu à rappeler que son objectif était avant tout la sauvegarde du système de retraite par répartition en jouant sur les trois facteurs de la durée, du niveau de cotisation et du niveau des pensions. La Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (Capeb), qui "a suivi avant beaucoup d'attention le discours du Premier ministre", précise qu'elle "partage entièrement le constat [ que le Premier ministre ] a dressé de la situation et considère également que, dans un contexte démographique très contraignant, il est devenu urgent d'engager une réforme dans la perspective de préserver le dispositif actuel ".

Dans son texte, qu'il avait scrupuleusement soupesé avec son cabinet, Jean-Pierre Raffarin - qui exclut un referendum sur cette réforme - a avancé prudemment et s'est employé à rassurer sur les sujets qui inquiètent le plus : "pas question" de remettre en cause l'âge légal du départ en retraite à 60 ans, la sauvegarde du système par répartition est l'objectif "prioritaire" du gouvernement, et un "bon niveau de retraite" sera assuré a t-il annoncé.

Le chef de l'exécutif s'est également montré soucieux de prendre en compte les "petites retraites", les salariés entrés très jeunes dans la vie active et ceux exerçant des métiers à forte pénibilité, ce dernier point étant une revendication essentielle pour les artisans du bâtiment.

Le Premier ministre entend aussi encourager la retraite à la carte, en permettant aux salariés de travailler au-delà de 60 ans s'ils le souhaitent et de bénéficier ainsi d'une pension majorée. Cette mesure est "appréciée" par la Capeb qui se dit "attachée à la liberté de choix des hommes et des femmes qu'elle représente".

Sur le terrain miné des retraites du secteur public, Jean-Pierre Raffarin s'est montré ouvert à un débat sur un allongement de la durée de cotisations des fonctionnaires, actuellement de 37,5 annuités contre 40 dans le privé. Le soir, sur TF1, il s'est dit "favorable à une harmonisation des deux statuts progressivement" en excluant un retour à 37,5 annuités pour tous, une mesure "non finançable". Dans son communiqué, la Capeb a accueilli "favorablement le souci du Premier ministre d'aller vers une plus grande équité en procédant à une harmonisation progressive des systèmes publics et privés". "Pour les artisans du bâtiment, cette équité repose sur la validation de tout trimestre d'activité en trimestre d'assurance et non au prorata des cotisations. Elle repose également sur la prise en compte, dans le calcul des retraites, des 25 meilleures années de vie professionnelle, tous régimes sociaux confondus" commente la confédération.

Tout en admettant que les assurés devront fournir un nouvel effort pour pérenniser le dispositif actuel, la Capeb "juge prioritaire que la réforme recherche d'autres moyens que l'allongement de la durée de cotisation ou l'augmentation du taux de cotisation". En effet, les représentants des artisans du bâtiment souhaitent que l'élargissement de l'assiette des cotisations, faisant appel à d'autres sources que les salaires, soit privilégié. La Capeb considère par ailleurs que "l'augmentation des taux d'activité en début et en fin de carrière doit être un levier important de cette réforme et approuve en cela la volonté exprimée par M. Raffarin de conduire une politique active en matière d'emploi des quinquagénaires".

Prenant la mesure des récentes manifestations, le chef du gouvernement a beaucoup insisté sur l'importance d'impliquer les syndicats dans les discussions. Afin d'éviter d'avoir à prendre des mesures trop radicales, Jean-Pierre Raffarin a d'alleurs inscrit sa réforme à "l'horizon 2020", en soulignant qu'elle serait "progressive" et "ajustable", tous les cinq ans par exemple, en fonction des évolutions démographiques. Un projet de loi devrait toutefois être présenté aux Français au printemps, et devant le Parlement avant l'été.

Plus d'informations sur le site www.retraites.gouv.fr.

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