Sylvia Pinel et Michel Sapin, respectivement ministre de l'Artisanat et du Travail, se sont succédé à la tribune de l'Assemblée générale de la Capeb, qui se tenait ces 10 et 11 avril au Cnit-La Défense. Bien entendu, le sujet de l'auto-entrepreneur était sur toutes les lèvres, le président Liébus n'a ainsi pas manqué de dire sa déception mais surtout sa détermination à poursuivre le combat. Détails.
C'est dans un contexte économique plus que morose que Patrick Liébus a introduit la deuxième journée de l'AG de la Capeb, qui accueillait Michel Sapin à la tribune. En effet, annonçant un 4e trimestre 2012 encore négatif avec un repli de 2,5 % de l'activité, il a évoqué une perspective 2013 à -3 % et "une chute d'activité pire encore si la TVA sur la rénovation devait passer à 10 %". Il a enfin confirmé un recul de -3 % pour le 1er trimestre 2013. "Ce qui veut dire 3.500 emplois perdus pour la construction par mois et 1.600 pour le seul artisanat en 2013", a-t-il martelé.
Il a ensuite invité le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Formation professionnelle à réagir sur les sujets qui touchent les artisans au quotidien : sécurisation de l'emploi, concurrence déloyale, l'auto-entrepreneur, droit du travail et formation. Et de l'interpeller : "Je sais que vous êtes désireux de vous attaquer aux obstacles et aux lourdeurs qui entravent notre dynamisme ; sachez que nous serons toujours à vos côtés si vous vous attaquez résolument à ces problèmes que je viens d'évoquer. 'Penser petit d'abord' est une expression que nous n'utilisons pas à tort et à travers. Faites en une règle de conduite. Vous verrez, ce sera bon pour l'artisanat mais ce sera bon aussi pour la France". Standing ovation pour le Président !
Une aide salutaire
"Je salue le rôle décisif de la Capeb dans l'élaboration du Plan Logement présenté, il y a quelques semaines, par le Président de la République, et notamment sur le sujet du travail illégal", a d'emblée souligné Michel Sapin. Puis, il a égrené, point par point, les dossiers importants du secteur du bâtiment. "L'emploi est un bien précieux, non délocalisable, le socle de l'économie de nos territoires. Mais il est fragile. Nous vous aiderons pour que les 1.600 emplois perdus annoncés ne deviennent pas une réalité", a-t-il déclaré. Puis d'évoquer la mise en place du contrat de génération, puissant levier dans le secteur de l'artisanat du bâtiment, "où la transmission fait partie de l'ADN des métiers".
Un ministre porte-voix de la cause artisanale
Enfin, pour ce qui est du sujet de l'auto-entrepreneur - dont sa collègue Sylvia Pinel avait, la veille, présenté les grandes orientations du gouvernement suite à la remise du rapport de l'IGF et de l'IGAS, dans une ambiance, il faut bien le dire, de malaise - il a provoqué, lui, une salve d'applaudissements : "Je serais votre porte-voix dans les débats interministériels sur cette question". Il n'en fallait pas plus pour remonter le moral des troupes…
A l'issue de ces discours, Patrick Liébus nous a confié être déçu par les propositions du Gouvernement sur le sujet de l'auto-entrepreneur. Même si la limitation de la durée était l'une des demandes de la Capeb, il dit ne vouloir "rien lâcher" dans les semaines à venir et veiller au grain. "Nous serons attentifs à ce que tout cela porte ses fruits et apportent de réelles avancées, auquel cas, nous n'hésiterons pas à retourner dans la rue!". A bon entendeur…