ÉTUDE. De premiers chiffres viennent donner une idée de l'ampleur de la crise déclenchée par la mise en confinement à la mi-mars. Sans surprise, les artisans du bâtiment payent déjà un lourd tribut à la crise sanitaire et demandent à l'État de nouvelles mesures de soutien.
Les premiers chiffres tombés sur l'artisanat du bâtiment dessinent une situation inédite. D'après la note de conjoncture de l'Union des entreprises de proximité (U2P), le BTP est le deuxième secteur le plus touché par la crise du covid-19 après l'hôtellerie-restauration : 80% des sondés déclarent une baisse de leur chiffre d'affaires de plus de 70% pour la deuxième partie du mois de mars. Ces données sont corroborées par celles que vient de publier la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), qui portent sur le premier trimestre 2020. Ils sont éloquents : 80% des entreprises ont arrêté leurs chantiers "jusqu'à nouvel ordre", 17% se limitent aux travaux d'urgence où aux opérations qui ne présentent pas de risque sanitaire, et 3% maintiennent une activité quasi-normale.
Les clients particuliers refusent de poursuivre les travaux
Quelles sont les cinq principales raisons pour lesquelles les chantiers sont fermés ? Vient en premier lieu le refus des clients particuliers de poursuivre les travaux (71%), le refus d'exposer ses salariés (46%), le refus des clients professionnels publics ou privés de poursuivre les travaux (45%), l'impossibilité d'intervenir car les locaux sont fermés (39%) et la fermeture des fournisseurs habituels (39%).
Dans cette situation, les deux tiers des entreprises ont recours au chômage partiel (demandes en cours ou acceptées), et 15% l'envisagent - 5% ayant vu leur demande refusée par l'administration. Sur la part des sociétés qui ont maintenu une activité, sans surprise, 84% déclarent rencontrer des difficultés d'approvisionnement.
Des mesures pour "accompagner et inciter" les artisans
Le président de la Capeb, Patrick Liébus, appelle l'État à "accompagner et inciter" les artisans à reprendre leur activité, en mettant en place de nouvelles aides financières permettant d'absorber les "surcoûts découlant de la mise en œuvre de règles sanitaires" (par exemple, le transport des salariés, la réorganisation des chantiers, la gestion de la co-activité, le réaménagement des bases de vie... Ces aides, selon l'organisation professionnelle, ne seraient pas de trop au vu de la situation économique et financière des petites structures : au premier trimestre, l'activité a baissé de -12% par rapport au premier trimestre 2019, les professions les plus touchées étant la maçonnerie (-16%), l'aménagement décoration plâtrerie (-12%) et l'électricité et la menuiserie (-10%). Au niveau des trésoreries, elles souffrent, étant en nette détérioration pour un tiers des artisans. "Les mesures engagées par l'État pour soutenir la trésorerie des TPE sont vitales et devront se poursuivre dans les prochains mois", assure Patrick Liébus.