Le Président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment s'est montré plutôt réservé sur les prévisions du secteur pour l'année 2011. Il y aura bien une reprise, mais « sous conditions » de divers paramètres, a-t-il insisté. Détails.
A quelques semaines de son grand événement lyonnais (cf. encadré), la Capeb a dévoilé ses derniers chiffres de conjoncture. Revenant sur une crise qui a impacté le secteur à partir de 2008, et sur une année 2010 qui s'achève sur un volume d'activité en baisse de 2.5%, le président, Patrick Liébus, indique être « réservé sur les paramètres de la reprise que tout le monde annonce » pour 2011.
« Elle sera sous condition », martèle-t-il, avant d'annoncer une prévision à +2% pour 2011. En effet, divers facteurs comme la hausse du prix des matériaux et des matières premières, la possible remontée des taux d'intérêt et les conséquences des événements géopolitiques actuels pourraient fortement impacter l'activité du bâtiment. « Déjà des fournisseurs ont répercuté des hausses de 4 à 5% sur les prix qu'ils pratiquent », reconnaît Patrick Liébus. Mais surtout, ce qui inquiète le Président de la Confédération, c'est le problème de trésorerie que rencontre une entreprise du bâtiment sur quatre. Une situation qui ne s'est pas améliorée, indique-t-il, où l'on voit les prix augmenter et les charges baisser. A ce titre, la Capeb a réalisé, en partenariat avec l'institut I+C, une étude sur les frais bancaires, qui révèle que 91% des entreprises déclarent rencontrer des problèmes avec leur banque. Plus grave, s'insurge le Président, « 22% des entreprises qui ont des besoins de trésorerie n'ont trouvé aucune solution ». Un dialogue avec les banques doit être trouvé, précise-t-il.
Soutiens de l'Etat
Cette année, les leviers de croissance demeurent les mesures d'accompagnement telles que l'éco-PTZ, le crédit d'impôt Développement Durable et le nouveau PTZ+. « Ces aides à la rénovation énergétique sont indispensables pour soutenir ce marché émergent qui représente déjà 15% des travaux d'entretien-réhabilitation », indique la Capeb. La confédération attend également un soutien du gouvernement, notamment concernant le maintien de la TVA à 5.5%. En effet, la semaine dernière, la Cour des Comptes a remis un rapport comparant les impôts entre la France et l'Allemagne, et son Président, Didier Migaud appelait à « corriger rapidement » les divergences fiscales entre les deux pays. Plus particulièrement, l'institution lançait une attaque en règle contre la TVA réduite à 5.5% dans la restauration et les travaux de logement, qui s'élève à 7% outre-Rhin. Ce réajustement du taux « rapporterait 15 milliards d'euros », avait souligné la Cour des Comptes. « Nous ne partageons pas l'avis sur le comparatif fiscal de la Cour des Comptes qui préconise un taux minoré de 7% ; il y a d'autres sources d'économie avant de toucher à la TVA à 5.5% qui, depuis 10 ans, a largement fait ses preuves (…) », affirme Patrick Liébus. Le passage à 7% impliquerait une perte de quelque 8.000 emplois et une baisse du volume d'activité de 900 millions d'euros.
Si l'artisanat du bâtiment a perdu entre 5.000 et 7.000 emplois en 2010, quelque 6.000 emplois sont à pourvoir cette année. 91% des entreprises « maintiendront leur niveau d'emploi » tandis que 6% ont exprimé « la volonté d'embaucher des salariés supplémentaires pour le premier semestre 2011 », indique le Président Liébus. Et de conclure : « Dans nos entreprises, il y a de l'emploi ! ».
Du 6 au 8 avril 2011, se tiendront les 4e Journées de la Construction au Centre de Congrès de Lyon. Près de 3.000 professionnels sont attendus chaque jour réunis autour des valeurs de l'innovation et la proximité. Ateliers, conférences, tables rondes ponctueront ces journées, qui aborderont des thématiques comme les Métiers, les Marchés de demain, l'Innovation et la qualité, la Réglementation, la Gestion des hommes et le Syndicalisme. Le 1er Concours de l'Innovation permettra de découvrir les solutions du bâtiment de demain. Sont attendus pour l'événement, les principaux représentants du gouvernement, Nicolas Sarkozy en tête…