L'artisanat du bâtiment affiche des chiffres en repli au premier trimestre 2015 et ne prévoit pas de réelle embellie pour la fin de l'année. A cela s'ajoutent de nombreux sujets de préoccupations qui tardent à trouver des solutions et/ou issues politiques. Détails.
"Nous ne sommes pas encore dans le redémarrage", lance Patrick Liébus, président de la Capeb. Il faut dire que les chiffres du premier trimestre 2015 parlent d'eux-mêmes : "Ce sont les mêmes que ceux du trimestre précédent", note-t-il.
Ainsi, l'activité de l'artisanat du bâtiment recule de 3%, notamment en raison d'une chute de 6% de la construction neuve et d'une légère dégradation (-1%) du secteur de l'entretien-rénovation. Pas d'exception, tous les métiers sont concernés avec une baisse de volume d'activités qui diminue entre -2 et -4%, l'activité la plus impactée étant la maçonnerie (-4%). Résultat : les trésoreries sont au plus bas avec 34% de professionnels qui disent disposer d'une trésorerie détériorée et seulement 5% qui disent voir une amélioration. Quant au montant moyen des besoins de trésorerie, il atteint 20.000 euros en avril. Sur ce premier trimestre, le carnet de commandes n'est que de 66 jours contre 72 un an auparavant : "Comment envisager d'investir, de faire de la formation, de l'apprentissage, d'embaucher dans ce contexte", clame Patrick Liébus. Et effectivement, entre le 4ème trimestre 2013 et celui de 2014, le BTP a perdu 49.500 emplois dont 12.000 dans l'artisanat. Enfin, autres chiffres pointant vers le bas : les créations d'entreprise qui, au 4ème trimestre 2014, baissent de 9,8 % sur un an.
Des difficultés qui perdurent
Cette conjoncture est donc révélatrice d'une situation qui ne parvient pas à se redresser, malgré tout le syndicat veut y croire : "Après trois ans de ralentissement de baisse d'activité, nous continuons d'espérer un ralentissement de cette baisse, puisque nous tablons sur un recul de 1% pour 2015. Nous savons aussi qu'avant d'apercevoir le bout du tunnel, il y a un virage ! Nous comptons sur les incitations publiques et leur impact réel sur la demande. La TVA réduite sur tous les travaux de rénovation serait le plus sûr moyen d'y parvenir", souligne le président de la Capeb. TVA à taux réduit pour les travaux énergétique à 5,5%, travaux de rénovation à 10% et le taux à 20% pour divers, "beaucoup ne comprennent pas tous ces taux", développe le président de la Capeb. Afin de lisser et de simplifier l'ensemble, le syndicat demande donc une TVA à 7% pour tous les travaux sur une durée suffisamment longue. Visibilité toujours, il réclame une prolongation du CITE (Crédit d'impôt à la transition énergétique) avec une priorité : "Si effectivement, de septembre à janvier, rien ne bougeait sur ce terrain, depuis le début de l'année, on sent que les choses bougent. C'est pourquoi il faut reconduire le dispositif jusqu'à fin 2016 (NDLR : Manuel Valls a confirmé la prolongation du dispositif le 8 avril dernier), et bien sûr je le dis fermement au même taux !", note Patrick Liébus.Suppression de la fiche pénibilité
Côté RGE, outre la simplification de la qualification engagée, la Capeb a déposé un recours en justice contre l'instruction fiscale permettant aux GSB (Grandes Surfaces de Bricolage) d'intervenir dans le champ des travaux réservés en principe aux entreprises : "Les grandes surfaces de bricolage, via une instruction fiscale, vont pouvoir être RGE et faire bénéficier du Crédit d'impôt sur la transition énergétique (CITE) à leurs clients. Ce qui est injuste car nous, nous avons des obligations en matière d'assurance et de garantie", précise l'intéressé. Enfin, le compte pénibilité. Si François Rebsamen, ministre du Travail, a annoncé lors de l'assemblée générale de la Capeb le 9 arvil dernier, vouloir la suppression de la fiche, il semble que Matignon ne l'entende pas de cette oreille. "Il faut corriger les textes et supprimer la fiche", a martelé de nouveau Patrick Liébus, qui a rencontré tour à tour Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, Christian Eckert, secrétaire d'Etat au Budget, et François Hollande. A ce sujet, il n'hésite pas à dire : "Si leurs promesses ne sont pas tenues, nous redeviendrons un syndicat revendicatif, voire agité". Le ton est donné.