HABITAT. Artificialisation, rénovation, vacance... L'ensemble des problématiques touchant le logement ont été évoquées lors de la conférence des villes, qui s'est tenue le 18 septembre 2019 à l'hôtel de ville de Paris.

Faire du sur-mesure pour la politique du logement au niveau des territoires. Cette idée a fait l'unanimité lors des échanges qui se sont tenus lors de la conférence des villes le 18 septembre 2019. "La politique du logement s'est construite sur de grandes centralisations des dispositifs d'incitation" a par exemple analysé le ministre du Logement Julien Denormandie. "Or il faut davantage territorialiser en fonction des lieux, les adapter aux spécificités." Le proche d'Emmanuel Macron en appelle aussi à "en finir avec le zonage" et d'appliquer un maillage à la dimension "de la ville, de l'interco, de l'agglo ou de la métropole". La constitution française irait d'ailleurs à l'encontre des expérimentations locales mais cette difficulté devrait être levée, rapporte le ministre, du fait du projet de réforme du texte de 1958 porté par la Garde des sceaux.

 

Des politiques "cousues main" au niveau des territoire

 

Des propos qui sont allés dans le sens de maires de l'organisation France urbaine, intervenant sur scène. "Je suis très heureuse que l'on puisse aller vers des politiques pensées au niveau régional, cousues main. Que l'État fixe les grandes règles et nous laisse adapter à nos territoires", a ainsi réagi Catherine Vautrin, maire de Reims. Yvon Robert, édile de Rouen, a lui insisté sur la difficulté à lutter contre la vacance des logements. "Nous mettons des mois et des mois à récupérer une bâtisse pourtant à l'abandon depuis des années", regrette-t-il. "Il faudrait nous attribuer de nouveaux pouvoirs pour récupérer de l'habitat au niveau de l'interco."

 

 

Les élus doivent également tenir compte de nouvelles formes d'habitat pour récréer du lien social. "Nous devons créer des quartiers en concertation avec les habitants, en tenant compte des autres formes de logements : l'habitat partagé, nouveaux matériaux, villes nouvelles..." "Politique de l'habitat", une notion partagée par Julien Denormandie qui assure la préférer à celle de "politique du logement".

 

"Ne plus artificialiser et développer des territoires avec une sobriété dans la consommation d'espaces"

 

Ces nouvelles manières de faire devront s'accorder avec l'objectif fixé par le Gouvernement de "zéro artificialisation nette", réaffirmé par Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire. "Cela n'est pas seulement une ambition écologique, mais aussi la question de la société que nous voulons pour moins dépendre de la voiture et soutenir le commerce de proximité", a-t-elle rappelé. Pour cela, deux leviers : "Ne plus artificialiser", bien sûr, mais aussi "développer des territoires avec une sobriété dans la consommation d'espaces, réhabiliter les friches, désimperméabiliser les sols et ramener la nature en ville". Pour ce qui est des friches, la maire de Reims Catherine Vautrin en a appelé à de nouvelles aides au vu du coût parfois exorbitant d'assainissement de ces terrains pollués. "Il faut voir comment les organismes de foncier solidaire (OFS) pourraient nous aider", explique-t-elle.

 

Quand le ministre du Logement égratigne une gare du Grand Paris

 

Les OFS sont précisément cités par Julien Denormandie comme les meilleurs outils permettant de lutter contre la rareté et la cherté du foncier. "Cela permet de dissocier le prix du bâti du prix du foncier, et de rendre des logements abordables", a-t-il rappelé. Avant de regretter divers types de construction allant à l'encontre d'une nécessaire densification dans certaines zones. "Quand on construit, en Île-de-France, 1 m² sur 2 dans un projet, c'est dommage. Et quand un architecte d'une future gare du Grand Paris me dit qu'il est très fier d'y avoir conçu le puits de lumière le plus profond d'Europe, on marche sur la tête ! On aurait plutôt besoin de logements à cet endroit." Le ministre du Logement n'a pas précisé s'il pensait, en disant cela, au projet de l'architecte japonais Kengo Kuma pour la gare de Saint-Denis Pleyel. Mais c'est probable.

 

Chiffres de la construction : les raisons d'une baisse
Si les chiffres de la construction se portent moins bien aujourd'hui, c'est pour Catherine Vautrin, maire de Reims, du fait du ralentissement des projets de rénovation urbaine pendant quatre ans. "Aujourd'hui, l'Agence nationale de rénovation urbaine a enfin des crédits", s'est-elle félicité. Mais elle pointe toutefois la "complexité des fiches techniques Anru", ainsi que le fait qu'il faille à présent valoriser "parcelle par parcelle", ce qui ne "favorise pas le lancement des projets". Pour Yvon Robert, maire de Rouen, c'est plutôt la réforme des organismes HLM qui a freiné le marché. "Pour les bailleurs sociaux, les conflits ne sont toujours pas résolus", assure-t-il. "On en parle moins car l'État a fait des concessions. Mais il reste des sujets. Certains OPH ont 60% de locataires qui touchent les APL, donc plus les loyers diminuent plus cela impact ces OPH."

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