DIAPORAMA. Utopique, visionnaire ou avant-gardiste, l'architecture du futur est difficile à définir. Entre inspiration biologique, débrouillardise, originalité, ingénierie humaine, la prospective en matière d'habitat existe depuis longtemps. Certains architectes parviennent aujourd'hui à passer de l'esquisse à la réalisation à l'image de Stéphane Malka et Vincent Callebaut. Rencontre.
L'échange est cordial, voire confraternel entre Vincent Callebaut et Stéphane Malka. Ces deux trublions de l'architecture aiment bousculer nos habitudes. Si le premier se définit comme un créatif qui espère voir un jour disparaître du vocabulaire architectural les termes "déchet" et "pollution", l'autre défend le low-tech, ou plutôt le zéro-tech.
A l'occasion des 20 ans de l'association Archinov, ces deux adeptes de la construction utopique n'ont pas hésité à se prêter au jeu en partageant leur point de vue. Si l'un comme l'autre reconnaissent ne pas avoir tout à fait la même démarche, force est de constater que ces deux fortes personnalités se retrouvent sur l'essentiel : celui de proposer des démarches originales tout en cassant les codes traditionnels de l'architecture.
Comprenant rapidement l'importance de la communication, tous deux ont eu de nombreuses publications. Lucide et transparent, le Belge, Vincent Callebaut, qui accompagne toujours ses projets de très belles perspectives 3D, ne s'en cache pas : l'image est indispensable : "Le dessin est une arme de séduction massive, notamment dans les pays émergents. Par le dessin, on peut faire rêver les gens, les projeter ailleurs et créer l'émerveillement. C'est grâce au dessin que j'arrive désormais à construire". Construire… Si pendant quelques années, ces deux concepteurs étaient davantage perçus comme de doux rêveurs, leur persévérance semble aujourd'hui payer.
Des projets en cours de réalisation
Vincent Callebaut, auteur de la ville flottante Lilypad et de la ferme urbaine Dragonfly, voit enfin émerger ses premiers projets : "Au Caire, nous construisons une résidence recouverte d'une canopée solaire. Les travaux ont démarré et l'inauguration est prévue pour 2019. Avant, nous livrerons une tour torsadée végétale à Taiwan", détaille-t-il.De son côté, Stéphane Malka a su séduire Marseille avec ses abris furtifs implantés sur une friche industrielle, et tente actuellement de charmer Paris avec des surélévations urbaines sur le Canal Saint-Martin. Selon lui, "l'Homme doit être cœur des projets avec ses aspirations et ses volontés". "L'architecture, cela ne consiste pas à simplement construire, cela doit permettre de vivre autrement", analyse Stéphane Malka.
Avec la concrétisation de leurs projets, ces deux architectes auraient-ils trouvé les clés pour rendre crédible leur architecture utopique ? Une certitude, leur ténacité, leur réflexion, et parfois même leur transgression leur ont ouvert les portes de certains marchés, notamment dans les pays émergents : "Je travaille essentiellement en Afrique et en Asie", reconnaît Vincent Callebaut, tout en regrettant de ne pas avoir percé en Europe, même s'il a travaillé sur Paris 2050 récemment : "En France, on est encore frileux", admet-il. "Etre créatif, c'est forcément un peu suspicieux", renchérit Stéphane Malka. Frileux, suspicieux, peut-être qu'un jour, serons-nous courageux ?
Découvrez en pages suivantes quelques projets de ces deux architectes