POLITIQUE. Quelques jours avant les élections européennes, l'Union nationale des syndicats français d'architectes (Unsfa) a transmis une série de questions aux principaux candidats. Le Rassemblement national et la République en marche, les deux listes en tête du scrutin, se sont positionnés sur les principales préoccupations des architectes.

Ce dimanche 26 mai 2019, les élections européennes en France ont vu les listes du Rassemblement national (RN) et de la République en marche (LaRem) glaner près de la moitié des voix. Quelques jours avant le scrutin, ces deux partis avaient répondu au questionnaire de l'Union nationale des syndicats français d'architectes concernant leurs principales préoccupations : la reconnaissance de la profession, la transition écologique, la défense du citoyen européen et la simplification des procédures. Détails.

 

Si Nathalie Loiseau (LaRem) et Jordan Bardella (RN) ont témoigné "de leur reconnaissance de la place de l'architecture dans les sociétés françaises et européennes", synthétisent l'Unsfa, la principale différence entre les deux listes réside sur l'importance accordée à l'Europe. D'un côté, la liste présidentielle souhaite développer un cadre européen pour la profession, de l'autre, celle du RN semble plus frileuse à l'idée de laisser les clefs à l'Union Européenne (UE). Par exemple, concernant la promotion d'une architecture durable de qualité, LaRem a pour objectif de parvenir à un accord européen tandis que la liste de Jordan Bardella refuse que l'UE impose des règles de gestion des marchés publics. Situation similaire sur la classification en intérêt public de l'environnement bâti et de l'architecte. Nathalie Loiseau estime que cette notion devrait être élargie au niveau européen. A l'inverse, la liste de l'opposition souhaite y intégrer le patrimoine historique culturel français. Sa tête de liste en profite pour affirmer sa volonté de reconstruire la cathédrale Notre-Dame de Paris "à l'identique".

 

Harmoniser les diplômes au niveau européen

 

Concernant la transition écologique, l'idée d'un audit global par un architecte avant les projets de rénovation plaît à Jordan Bardella, qui considère que "le recours à l'expertise d'un architecte est indispensable". De son côté, Nathalie Loiseau propose "d'aller plus loin", sans répondre à la question de l'audit : "il conviendrait également d'intégrer l'ensemble du cycle de construction dans une telle démarche environnementale : cela passe par exemple par une redéfinition du cycle de recyclage des matériaux. De nombreux matériaux de construction sont jetés à la fin du chantier alors que certains de leurs composants, comme le zinc, se font de plus en plus rares. Il convient donc de travailler conjointement sur le réemploi des matériaux, certains pays européens étant plus avancés que d'autres sur ces questions". Sur la question de l'organisation d'états généraux de l'aménagement du territoire, les deux y sont favorables, LaRem proposant même d'inclure les collectivités locales aux participants. Autre aspect, l'abaissement du seuil de recours obligatoire à un architecte. Actuellement, en France, il est situé à 150 m², tandis qu'en Belgique, il est activé dès le premier mètre carré. Une nouvelle fois, la liste présidentielle souhaite parvenir à un accord européen, alors que le RN se dit favorable à une discussion avec les acteurs concernés.

 

Sur la suite des sujets abordés, les différences entre les deux programmes sont de moins en moins visibles. Concernant les systèmes de responsabilité garanties/assurances, LaRem et le RN soulignent "la nécessité qu'une harmonisation se fasse tout en exigeant qu'il soit tenu compte des différences culturelles de chaque État", résume l'Unsfa. Même constat pour la mise à niveau des diplômes à l'échelle européenne. Les deux y sont favorables, "si elle est étendue à l'apprentissage", selon Nathalie Loiseau, et "à condition qu'elle ne devienne pas uniformisatrice", pour Jordan Bardella. Suite au vote de ce dimanche 26 mai, les deux listes ont obtenu 23 sièges chacune, sur les 79 accordés à la France. Pour leur part, les candidats de la liste Europe écologie-Les Verts (EELV) n'ont pas répondu au questionnaire. Pendant les cinq prochaines années, ils débattront avec 632 autres députés au Parlement européen de Strasbourg.

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