DEBAT.En présentant une usine de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, une fabrique de tapis artisanaux en Chine ou encore une manufacture de souliers Louis-Vuitton en Italie, l'architecte Jean-Marc Sandrolini a expliqué jeudi soir pourquoi la complexité de ce type de programme, comme la rigueur de l'industriel, sont des facteurs de créativité. Morceaux choisis.
C'est au Bastille Design Center, une ancienne quincaillerie du 19ème siècle, à Paris, que l'architecte Jean-Marc Sandrolini, fondateur de son agence en 1980, a exposé ses trois derniers projets menés de front dans l'univers de l'architecture industrielle, coeur de la production de l'agence.
Ses projets industriels concernent donc la livraison d'Air France Industries, une usine Aérostructures à Roissy-Charles-de-Gaulle fin décembre 2015, la construction en cours de Taiping Carperts factory, une fabrique de tapis artisanaux en Chine ou bien encore la réalisation de l'unité de conditionnement Hennessy (Groupe LVMH) à Cognac (Charente), pour une livraison en juin 2017.
L'occasion ainsi pour Jean-Marc Sandrolini de faire un "arrêt sur image" de chacun de ses projets, partager son expérience et expliquer la relation maîtrise d'œuvre-maîtrise d'ouvrage en présence de Christian Reyne, directeur Grands Projets LVMH, Olivier Herbemont, président de l'association "Architecture et maîtres d'ouvrage" (AMO) et directeur des Affaires immobilières chez Air France, Vincent Lacassagne, directeur industriel Hennessy et Marc Malinowski, ingénieur Groupe Alto.
La créativité exclue de l'architecture industrielle ?
"Un constat s'impose, l'âge d'or de l'architecture industrielle du 19ème et début du 20ème siècle est révolu et, peu à peu, l'architecte s'est détourné de ce domaine, au nom peut-être d'une fonctionnalité excluant toute créativité", estime l'architecte parisien.
Jean-Marc Sandrolini a pu expliquer "pourquoi la complexité propre à ce type de programme, comme la rigueur de l'industriel, loin d'être un handicap, sont un facteur de créativité qui place l'architecte au centre du jeu pour révéler toutes les qualités d'un lieu." Avant de reconnaître qu'"il faut une capacité de résistance pour faire face à l'exigence du maître d'ouvrage."
"L'architecture doit être contrôlée par l'architecte"
"C'est pourquoi, je suis en quelque sorte le chef d'orchestre et j'écris la partition en coordonnant une équipe constituée d'architectes ingénieurs", explique-t-il. Et le concepteur persiste et signe : "Je prétends donc que l'architecture doit être contrôlée par l'architecte."
D'après Jean-Marc Sandrolini, la relation d'écoute et d'échange avec le maître d'ouvrage est essentielle pour aboutir à un projet partagé. "Avant de réaliser la maroquinerie Louis Vuitton en Italie, je n'y connaissais rien. J'ai fait une immersion complète dans l'usine pour comprendre la culture de l'entreprise, son fonctionnement et ses différents process", développe-t-il.
De son côté, Olivier Herbemont, directeur des Affaires immobilières chez Air France, reconnaît la difficulté pour un architecte de défendre un projet dans l'univers industriel : "A chaque fois que l'on évoque le terme d'architecte à un directeur financier d'une grande entreprise, il y a toujours un blanc assez étonnant de sa part… D'où l'importance pour l'architecte d'échanger, écouter, et partager avec les acteurs de l'entreprise."
Les relations sociales au cœur des enjeux
Les deux partenaires s'accordent à dire que : "Grâce à l'architecture industrielle, nous changeons ainsi le lieu de production et lieu de vie, les comportements et les relations sociales. Preuve en est, aujourd'hui, nombre d'industriels responsables attendent de leur architecte, non seulement un outil de travail performant, mais aussi une architecture de qualité représentative d'un esprit ou d'une marque, que seule l'implication très forte entre maître d'ouvrage, ingénieur et architecte peut engendrer."
Découvrez les projets industriels réalisés par Sandrolini Architecte.