Dernier portrait de notre série darchitectes nommés au Prix de larchitecture durable, voici celui du chinois Wang Shu. Découvrez à travers lui, une nouvelle génération darchitectes revendiquant une architecture non unifiée et humaniste, dans un pays en plein bouleversement urbaniste.
La Chine : un pays de bouleversements, où lorsque lon parle dexode rural il sagit de déplacement de millions de personnes, durbanisation à léchelle de la mégacité. Un pays également ancré dans une rigueur politique qui, malgré son ouverture de plus en plus pressante, garde une vision à la fois globale et unique sur certains sujets, notamment sur larchitecture. Pour comprendre larchitecte Wang Shu, il faut avoir tout cela en tête.
Larchitecte en Chine na pas en effet le statut quil possède dans le monde occidental, comme lexplique Chantal Béret (1). Là-bas, les instituts officiels hérités de lépoque communiste, qui comptent des milliers demployés, tiennent le haut du pavé. Quelques «stars» occidentales font exception, mais la majorité des bâtiments sont construits de manière aléatoire, sans identité, sans repère, pressés par les bouleversements urbains évoqués plus avant, dans un mélange de cultures uniformisées, rationalisées.
Une nouvelle génération darchitectes refuse ce système et prône une architecture critique, inventive, qui nen perd pas pour autant son identité. Ils intègrent au bâti un devoir de mémoire. Wong Shu fait partie de ceux-là.
Architecte «amateur»
Né en 1963 à Hangzou en Chine du Sud, il y fonde en 1997 son agence et la baptise Amateur Architecture Studio. Loin de lamateurisme, il sémancipe ainsi de larchitecture «officielle». «Avec ce nom, raconte-t-il, nous nattirons aucun client en Chine, mais nous persévérons, la société chinoise accepte de plus en plus nos idées.» Il sinscrit dans une architecture durable, car elle se veut profondément humaniste, réaliste et intégrée à son environnement, une architecture «qui travaille sur le terrain.» Jeune homme aux multiples casquettes, architecte mais aussi auteur, enseignant et philosophe, ses bâtiments sont pensés à travers le prisme de lhumain et de sa mémoire. Avec les ruines de la ville rasée par un urbanisme dévastateur de Hangzou, il construit le nouveau campus de lEcole Nationale des Beaux-Arts. Tuiles et pierres sont ainsi récupérées et réutilisées «dans une architecture ( ) fondée sur la quête dune identité moderne pour la Chine qui ne nie pas sa propre civilisation», comme la définit Marie-Hélène Contal (2). Des tuiles quil nhésite pas à transporter à Venise pour la Biennale dArchitecture pour créer un «jardin» vecteur de sens.
Il prône ainsi une «slow build», une urbanisation qui noublie pas les populations et la culture dans sa course au progrès. «Jétais écrivain avant de devenir architecte et larchitecture nest quune part de mon travail. Pour ma part, lhumanité est plus importante que larchitecture, et lartisanat plus important que la technologie.» Cette phrase résume à elle seule la personnalité de larchitecte chinois Wang Shu.
Pour découvrir luvre de Wong Shu en images, cliquez ici
(1) Conservateur du Musée national d'art moderne pour l'architecture contemporaine, dans «Polarités chinoises : entre épopée et mémoire», in Alors la Chine ?, quarante deux contributions d'auteurs chinois et français, proposant de découvrir la Chine de la création artistique au cours des trente dernières années, sorti à loccasion de lannée de la Chine en France en 2003.
(2) Directrice adjointe de lInstitut Français darchitecture, responsable du Prix de larchitecture durable pour la Cité de larchitecture.
Larchitecte en Chine na pas en effet le statut quil possède dans le monde occidental, comme lexplique Chantal Béret (1). Là-bas, les instituts officiels hérités de lépoque communiste, qui comptent des milliers demployés, tiennent le haut du pavé. Quelques «stars» occidentales font exception, mais la majorité des bâtiments sont construits de manière aléatoire, sans identité, sans repère, pressés par les bouleversements urbains évoqués plus avant, dans un mélange de cultures uniformisées, rationalisées.
Une nouvelle génération darchitectes refuse ce système et prône une architecture critique, inventive, qui nen perd pas pour autant son identité. Ils intègrent au bâti un devoir de mémoire. Wong Shu fait partie de ceux-là.
Architecte «amateur»
Né en 1963 à Hangzou en Chine du Sud, il y fonde en 1997 son agence et la baptise Amateur Architecture Studio. Loin de lamateurisme, il sémancipe ainsi de larchitecture «officielle». «Avec ce nom, raconte-t-il, nous nattirons aucun client en Chine, mais nous persévérons, la société chinoise accepte de plus en plus nos idées.» Il sinscrit dans une architecture durable, car elle se veut profondément humaniste, réaliste et intégrée à son environnement, une architecture «qui travaille sur le terrain.» Jeune homme aux multiples casquettes, architecte mais aussi auteur, enseignant et philosophe, ses bâtiments sont pensés à travers le prisme de lhumain et de sa mémoire. Avec les ruines de la ville rasée par un urbanisme dévastateur de Hangzou, il construit le nouveau campus de lEcole Nationale des Beaux-Arts. Tuiles et pierres sont ainsi récupérées et réutilisées «dans une architecture ( ) fondée sur la quête dune identité moderne pour la Chine qui ne nie pas sa propre civilisation», comme la définit Marie-Hélène Contal (2). Des tuiles quil nhésite pas à transporter à Venise pour la Biennale dArchitecture pour créer un «jardin» vecteur de sens.
Il prône ainsi une «slow build», une urbanisation qui noublie pas les populations et la culture dans sa course au progrès. «Jétais écrivain avant de devenir architecte et larchitecture nest quune part de mon travail. Pour ma part, lhumanité est plus importante que larchitecture, et lartisanat plus important que la technologie.» Cette phrase résume à elle seule la personnalité de larchitecte chinois Wang Shu.
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(1) Conservateur du Musée national d'art moderne pour l'architecture contemporaine, dans «Polarités chinoises : entre épopée et mémoire», in Alors la Chine ?, quarante deux contributions d'auteurs chinois et français, proposant de découvrir la Chine de la création artistique au cours des trente dernières années, sorti à loccasion de lannée de la Chine en France en 2003.
(2) Directrice adjointe de lInstitut Français darchitecture, responsable du Prix de larchitecture durable pour la Cité de larchitecture.