Rural Studio : de l’enseignement, certes, mais surtout une vraie leçon de vie pour des étudiants d’Auburn aux Etats-Unis qui apprennent leur futur métier d’architecte de manière concrète, en construisant des maisons durables pour les mal-logés. Découvrez ce premier portrait de nommé au Prix 2008 d’architecture durable.

C’est au cœur d’un des états les plus pauvres des Etats-Unis, l’Alabama, que le programme Rural Studio a pris place il y a une quinzaine d’années.

Samuel Mockbee, professeur d’architecture à l’Université d’Auburn décide de lancer un cours d’un genre un peu particulier, à la dimension humaine indéniable : la construction de maisons pour les mal-logés du comté de Hale, pour lesquelles les étudiants prennent en main le projet de A à Z. Dessiner les plans en concertation avec les habitants, lever des fonds, récupérer des matériaux, trouver du matériel et construire à proprement dit... L’expérience est plus qu’enrichissante !

A la mort de Samuel Mockbee, Andrew Freear lui succède en 2001 à la tête du Rural Studio, sans en altérer l’esprit, bien au contraire. «Les bonnes idées ne meurent pas», rappelle-t-il. Il veut faire de cette aventure un dispositif clé du redéveloppement de la région. «Chez nous, la ‘sustainability’ (durabilité, ndlr) se comprend avec un petit ‘s’» dénonce l’architecte. Durant leur formation de cinq ans, les étudiants sont donc ici amenés à une approche plus humaine de leur discipline «ils doivent se salir les mains» explique Andrew Freear, tout en explorant le rôle des maisons. «On leur suggère que construire est un privilège» précise-t-il.

«Faire quelque chose de durable en mettant l’accent sur le local»
Dans ce comté où humilité comme bonheur simple sont de mises, 16.000 habitants cohabitent, dont 35% sous le seuil de pauvreté. Les étudiants apprennent à les connaître et à répondre au mieux à leurs besoins. Ingéniosité, débrouillardise, solidarité mais aussi compétences techniques exacerbées et indéniables, caractérisent les équipes formées pour l’occasion. A trois ou quatre par projets, c’est plus qu’aux côtés, c’est avec les familles que ces jeunes entre 20 et 25 ans œuvrent à leur bâtir un logement. Chacun met ainsi la main à la patte. Avec comme matériau principal : le recyclage. Les moyens manquent ? Qu’à cela ne tienne : tôle, bois, carrés de moquette, paille, vitres de voitures... Rien ne se crée, tout se transforme... Et tout se récupère ! Au final, des habitants retrouvent la dignité d’un toit correct à la construction duquel ils ont participé et les étudiants ont appris leur métier. Ils connaissent ainsi l’expérience unique de comprendre de bout en bout les différentes étapes d’un projet, tout en œuvrant au bien commun. En filigrane, un message clair : «Faire quelque chose de durable en mettant l’accent sur le local».

Le Rural Studio réalise également des bâtiments publics : églises, caserne de pompiers ou encore pavillon, pont couvert, sentier, tour d’observation et toilettes publiques dans un parc... Avec toujours cette idée que tout bâtiment redonne une identité à la population. La dynamique sociale est lancée ! Une telle implication humaine qui explique la nomination du Rural Studio au Prix 2008 de l’architecture durable, une occasion formidable de faire connaître cette initiative unique.

A travers l'exemple concret étape par étape de la construction d'une maison à base de moquettes, ainsi que la présentation de quelques réalisations découvrez le projet du Rural Studio en cliquant ici.

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