Le projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine prévoit de faire évoluer la pratique et la profession d'architecte. Dans ce cadre, plusieurs d'entre eux ont été auditionnés lors d'un table ronde au Sénat dédiée au volet architecture. Tous ont réaffirmé, sans concession, l'importance du concours dans les marchés publics.

"La loi est une avancée, même si nous préférerions une place plus grande pour l'architecture", les mots de la présidente du Conseil national de l'ordre des architectes, Catherine Jacquot, tenus lors d'une table ronde organisée par le Sénat ce mercredi 9 décembre dans le cadre du projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine, sont sans équivoque. Même si elle émet certaines réserves, elle se montre plutôt indulgente avec le projet de loi.

 

Elle est tout particulièrement satisfaite du vote de trois amendements au parlement : l'intervention obligatoire de l'architecte pour les permis d'allotissements, la simplification du permis de construire et bien sûr la fixation du seuil à 150 m2 de surface plancher du recours à l'architecte pour les maisons individuelles. Sur ce dernier point, elle écrivait dans une tribune le 16 novembre dernier : "Les architectes travailleront toujours avec les entreprises pour construire une maison ! En quoi l'intervention d'un professionnel compétent peut-elle engendrer un tel hallali ! N'est-il pas dans l'intérêt de tous de bénéficier de territoires mieux aménagés et de maisons de meilleure qualité ? Comment se fait-il que tant d'acteurs de l'acte de construire s'imaginent pouvoir impunément se passer d'architectes pour concevoir des maisons ou des lotissements ?". Une réponse à ceux qui accusent régulièrement la profession de corporatisme.

Préserver le concours avec force

Dans le cadre de cette table ronde, les architectes ont tenu à souligner certains points d'inquiétude. Parmi eux, le concours d'architecture. Tous sont pour le préserver et le renforcer. Marie-Françoise Manière, présidente de l'Unsfa jusqu'au 31 décembre prochain, indique que de "plus en plus de collectivités mettent à disposition des terrains pour des promoteurs. Résultat : plus de concours", note-t-elle. Avant d'ajouter : "Un phénomène que l'on observe aussi bien sur les logements que sur les équipements". La présidente de l'Unsfa propose donc de développer des fonds publics afin de soutenir des procédures de type marché public. Christine Edeikins, membre du groupe de réflexion "Développer" de la Stratégie nationale pour l'architecture, enfonce le clou : "La question de la procédure est importante. Le concours fait valoir la création et la recherche tandis que d'autres procédures seront plus axées sur une comparaison de prix et favoriseront le dumping". Même son de cloche chez Lucie Niney, appartenant également à ce groupe de réflexion : "Le concours est un gage de qualité. Il permet aussi aux jeunes d'accéder à la commande", souligne-t-elle.

 

Ainsi, tous ont clamé qu'il fallait une maîtrise d'œuvre forte. Catherine Jacquot a même déclaré : "La dénomination 'architecte DPLG' n'existe plus, il faut désormais une habilitation à la MOE". Reste à savoir si cette suggestion sera validée dans le projet de loi. Prochaine étape de celui-ci, le 16 décembre prochain, où seront discutées au Sénat des dispositions relatives au patrimoine.

actionclactionfp