Le couperet vient de tomber : la direction d'ArcelorMittal a annoncé lundi en fin de matinée, lors d'un comité central d'entreprise (CCE), « la fermeture définitive de la filière liquide » des hauts-fourneaux de Florange, à l'arrêt depuis 14 mois. Elle donne ainsi un délai de 60 jours au Gouvernement pour trouver un repreneur y compris pour la cokerie. Précisions et réactions.
Le comité central d'entreprise extraordinaire, (CCE), d'ArcelorMittal s'est donc ouvert lundi matin avec à l'ordre du jour un seul point : «Information sur la situation économique et industrielle d'ArcelorMittal Atlantique et Lorraine. Et c'est exactement à 10h45, que nous avons appris l'arrêt historique de Florange », nous explique le délégué FO Walter Broccoli.
Après de longs mois d'inquiétudes et d'incertitudes, la décision de la direction d'ArcelorMittal, prise ce lundi lors du CCE est bien claire : les deux hauts -fourneaux à l'arrêt depuis 14 mois ferment définitivement. De plus, elle vient de donner un délai de 60 jours au Gouvernement pour trouver un repreneur pour la filière liquide, y compris pour la cokerie.
La direction a ainsi annoncé « un projet de fermeture définitive de la filière liquide de Florange », ont fait savoir les syndicats, l'un d'eux précisant que la direction entendait faire des « investissements sur le train à chaud », qui est utilisé pour le laminage de l'acier.
Ce sont donc entre « 600 et 700 » salariés des 2.500 du site de Florange qui se retrouvent à partir d'aujourd'hui au chômage, sans compter les sous-traitants.
Vers la recherche d'un repreneur ?
Par ailleurs, d'après les syndicats, la direction ne s'est pas encore prononcée sur une éventuelle cession des hauts-fourneaux. Le délégué FO Walter Broccoli nous a confié que « ce n'est pas le lieu pour une telle annonce. »
Il nous a d'ailleurs indiqué que la direction entendait conserver la cokerie, ce qui rend les hauts-fourneaux invendables aux yeux des syndicats. « Mittal n'est pas fou, il garde la partie qui lui convient, il sait que la partie hauts-fourneaux est invendable, c'est un marché de dupes », estime le syndicaliste. Et d'ajouter : « Pour le moment, l'avenir du site est en train d'être discuté, et nous comptons encore sur la filière automobile. Nous comptons sur les 150 M€ promis par le Gouvernement.» Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg avait demandé, en effet, à la direction d'ArcelorMittal d'injecter au moins 150 M€ sur la partie du site qu'elle conserverait.
Baisse de la demande
Le groupe sidérurgiste justifie l'arrêt des hauts fourneaux de Florange, après ceux de Gandrange, par une forte baisse de la demande d'acier dans le monde et un coût de production trop élevé en Europe. Pour rappel, la World Steel Association (WSA) estime à 25% la baisse des commandes d'acier dans le monde depuis 2007. Un constat également relevé par l'expert Pascal Faure dans son rapport remis fin juillet au nouveau gouvernement. Toutefois, cet expert n'exclut pas un renversement de tendance dans les prochains mois, nourrissant encore le relatif optimisme du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.
D'ores et déjà, le patron du groupe Lakshmi Mittal avait déjà ordonné la fermeture de 9 hauts-fourneaux européens -temporaires ou définitifs- comme à Liège en Belgique. Seize autres sont en sursis jusqu'à ce jour.
Finalement, la possibilité même de trouver un repreneur paraît incertaine. En effet, quelle entreprise voudrait d'un outil industriel amont -les hauts-fourneaux qui produisent l'acier-séparé des installations avales, la transformation de l'acier ?
Pour éviter cette situation, dans une région déjà très largement affectée par la fermeture de nombreux sites sidérurgiques - le dernier en date celle du site ArcelorMittal de Gandrange en 2009 - le nouveau Gouvernement a appelé à la mobilisation générale. Le président François Hollande a ainsi reçu jeudi dernier à l'Elysée Lakshmi Mittal. Le Premier ministre Jean Marc Ayrault, son ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, et même la ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, ancienne élue de la région, sont montés au créneau. « L'idée de l'Etat étant que si la fermeture des hauts fourneaux est actée, ces derniers puissent être rachetés en dépit du refus du propriétaire », nous explique un syndicaliste.