SÉCURITÉ INCENDIE. Un peu plus d'un an après le tragique incendie de la tour Grenfell, à Londres, le gouvernement britannique a décidé de trancher dans le vif : il sera désormais interdit d'utiliser des produits combustibles en façade pour les bâtiments résidentiels de plus de 18 mètres.

Le Royaume-Uni a décidé d'interdire les matériaux combustibles sur les immeubles d'habitations de plus de 18 mètres, ainsi que sur les bâtiments sensibles (hôpitaux, écoles, logements étudiants, maisons de soins), nous informe le Guardian. Cela devrait concerner l'édification d'un millier de bâtiments par an, outre-Manche, et augmenter les coûts de construction de plus de 11 millions d'euros.

 

Un petit tremblement de terre pour le BTP britannique

 

"Les plastiques, le bois et les produits qui contiennent des matériaux combustibles comme les panneaux en aluminium composite [avec une âme en polyéthylène, NDLR] seront interdits sur ces bâtiments", peut-on lire. "Les seuls matériaux qui seront autorisés seront ceux qui sont classés A1 ou A2, ce qui comprend des produits tels que le métal, la pierre et le verre, qui contribuent rarement au feu ; ou encore le plâtre." D'autres produits devraient être exclus, comme la mousse phénolique et les produits en polyisocyanurate (PIR). L'interdiction ne sera pas rétroactive.

 

 

En Angleterre, 468 bâtiments de grande hauteur ont été repérés contenant des matériaux qui n'ont pas passé avec succès les tests de combustibilité. Un budget de 450 millions d'euros a été débloqué par le Gouvernement britannique pour ré-intervenir sur les façades concernées en logement social. Pour le secteur privé, les choses évoluent plus lentement, mais les pouvoirs publics pourraient employer des moyens coercitifs.

 

En France, le drame a donné naissance aux Immeubles de moyenne hauteur (IMH)

 

En France, l'incendie de la tour Grenfell a notamment eu pour conséquences d'entraîner la création d'une nouvelle catégorie d'immeuble, l'immeuble de moyenne hauteur (IMH), dans la loi Elan. Le texte vise notamment à limiter le risque de propagation des flammes en façades. Bien qu'un audit pour évaluer le nombre de bâtiments ressemblant à Grenfell ait été lancé au lendemain de l'incendie, aucun résultat n'a été communiqué pour l'instant par les pouvoirs publics - à l'inverse du nombre de ponts nécessitant des réparations communiqué à la suite de la catastrophe du viaduc de Gênes.

 

"Une décision excessive vient dans un contexte passionné et enflammé faisant suite au drame de Grenfell"
Jean-Charles du Bellay (FFB)

"Cette sentence interdit définitivement tous les essences de bois européennes et même exotiques en bardage extérieur", réagit Jean-Charles du Bellay, spécialiste incendie à la Fédération française du bâtiment (FFB), contacté par Batiactu. "Or, de nombreuses constructions en bardage en bois ou ossatures en bois apparent existent en Europe et en Amérique du Nord depuis longtemps sans engendrer des incendies. De plus, la hauteur de 18m correspond à un immeuble de 6 étages (3m moyen par niveau) ce qui correspond à de nombreux programmes de bâtiments courants en zone urbaine en France. En France, nos seuils règlementaires en matière de sécurité incendie sont liés à la hauteur des échelles des services de secours. Ainsi, deux hauteurs d'échelle encadrent nos constructions : la hauteur de 8m (échelles manuelles à coulisse) et 28m (échelles de camion de pompiers) avec des variantes de distance par rapport à la façade pour les échelles de 24m et de 18m. Ces deux seuils de hauteur (8m et 28m) peuvent impliquer des dispositions constructives très importantes pour la construction.

 

Cette décision est hâtive et ne rentre pas dans notre démarche de développement durable."

 

Une réglementation qui était devenue "extrêmement complexe"

 

"Cette interdiction simplifiera pour les choses pour les architectes et les constructeurs", commente également le Guardian. "La réglementation était devenue extrêmement complexe, du fait que certains produits combustibles étaient autorisés s'il était prouvé qu'ils réagissaient d'une certaine manière durant un test effectué sur le système de façade." "Je salue cette correction de la réglementation dans la construction", commente un expert incendie britannique. "Mais qu'allons-nous faire de tous les bâtiments existants, ayant été construits avec des système d'isolation non-protégés ? Il y en a des milliers. Que fera le Gouvernement sur ce point ?" Une question qui pourrait se poser, un jour ou l'autre, en France.

 


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