FORMATION. C'est une alerte lancée par la CFDT construction et bois : le CCCA-BTP, tête de réseau de l'apprentissage BTP, serait menacé dans son existence dans le cadre de négociations menées par les partenaires sociaux. Explications avec Pascal Barbey, de la CFDT, contacté par Batiactu.
"Il est hors de question que nous laissions disparaître 75 ans de paritarisme dans l'apprentissage !" C'est Pascal Barbey, de la CFDT construction bois, qui s'exprime ainsi auprès de Batiactu. En effet, pour le syndicat de salariés, l'existence du Comité de concertation et de coordination de l'apprentissage du bâtiment et des travaux publics (CCCA-BTP), tête d'un réseau cumulant plus de 120 centres de formation des apprentis (CFA), serait menacée. Le risque serait apparu le 22 mai 2019, lors d'une première séance de négociation des partenaires sociaux du BTP concernant le taux de cotisation au bénéfice de la formation professionnelle et de l'apprentissage, "comme la loi du 5 septembre 2018 l'oblige" précise la CFDT (il s'agit de la loi "Avenir professionnel").
Flécher les ressources vers l'Opco
"Le projet présenté prévoit le fléchage de la nouvelle cotisation conventionnelle supplémentaire vers le nouvel Opco de la Construction", détaille la CFDT. "En conséquence, le CCCA-BTP se trouverait privé de ses moyens financiers pour accompagner le réseau paritaire." La Fédération française du bâtiment (FFB) et la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) soutiennent visiblement ce scénario. Sans avoir convaincu la CFDT. "Sous couvert de leur interprétation de la loi du 5 septembre 2018 [pour un avenir professionnel, NDLR] et d'un marché concurrentiel sur la formation professionnelle et initiale, leur vision purement libérale vise à déconstruire un système paritaire reconnu des politiques, adaptable et performant", regrettent les auteurs du communiqué de presse.
La crainte première est de "perdre des compétences", nous explique Pascal Barbey. "Nous avons des personnes d'une certaine qualité à la tête de ce réseau d'apprentissage." Par ailleurs, la CFDT pointe le risque de voir des CFA étouffés financièrement et condamnés à disparaître. "Si la tête de pont que constitue le CCCA-BTP saute, les régions récupèreront la gestion des établissements, avec toutes les conséquences que cela peut avoir quand on connaît les difficultés financières que peuvent connaître certaines d'entre elles...", illustre Pascal Barbey.
Un budget de 82,5 millions d'euros en 2017
Pour rappel, le budget 2017 du CCCA-BTP était de 82,5 millions d'euros, récoltés en majorité par une taxe dont le taux diffère en fonction de l'activité (0,3% de la masse salariale dans le bâtiment, 0,22% dans les travaux publics).