Le géant de l'électronique grand public Apple va faire construire deux data centers sur le Vieux continent, afin d'améliorer la qualité du service de ses clients européens. L'investissement, le plus conséquent de la marque à la pomme dans cette zone géographique, démontre l'importance du coût des infrastructures de service informatique.
En 2017, Apple inaugurera deux nouveaux data centers en Europe, en Irlande et au Danemark, abritant de puissants serveurs informatiques dédiés aux services iTunes, iMessages, Siri et AppStore. L'opération, la plus importante pour le groupe américain dans la zone européenne, nécessitera un colossal investissement de 850 M€ par data center ! Car ces bâtiments - qui abritent des fermes d'ordinateurs puissants, de serveurs, de baies de stockage et d'équipements réseaux afin de gérer et traiter des quantités astronomiques de données informatiques - posent de grands défis dans leur conception et leur fonctionnement.
Selon Apple, les deux data centers de 166.000 m² chacun seront entièrement alimentés grâce à des énergies renouvelables. Une gageure lorsqu'on sait qu'un tel équipement d'une surface de 10.000 m² consomme autant qu'une ville de 50.000 habitants. Si la relation entre surface et consommation électrique était parfaitement linéaire, les deux futurs mastodontes du groupe nécessiteraient autant de courant que deux villes de 4 millions d'âmes, ce qui ne manquerait pas de poser problème aux réseaux électriques irlandais et danois, des pays de respectivement 4,2 et 5,4 millions de citoyens. Les concepteurs des bâtiments d'Apple devront donc plancher à une réduction et une optimisation drastiques des consommations électriques.
Rafraîchir en permanence les serveurs informatiques
Les serveurs informatiques sont en effet rafraîchis en permanence par des systèmes de climatisation afin d'évacuer les calories qu'ils dégagent. Ce qui n'est pas sans poser des questions environnementales : selon l'ONG Greenpeace, en 2012, si tous les data centers existant alors avaient été réunis dans un seul pays, ce dernier serait devenu instantanément le cinquième consommateur d'électricité au monde, tout en générant 2 % des émissions globales de CO2, soit autant que le secteur du transport aérien mondial. Les deux nouveaux centres d'Apple devront donc faire appel à des solutions innovantes en matière de refroidissement et de récupération de la chaleur afin de limiter l'empreinte écologique du groupe.
à lire aussi
En France, Qarnot Computing estimait en 2013 qu'environ 200 data centers existaient dans l'Hexagone. Ils consommaient environ 7 % de toute l'électricité nationale afin d'alimenter et de refroidir leurs processeurs. La question de l'approvisionnement et de la durabilité énergétique de ces bâtiments va donc se poser, et de façon de plus en plus pressante : la quantité de données informatiques devrait être multiplié par 40 ou 50 d'ici à la fin de la décennie. Le big data pourrait finalement avoir raison de la planète bien avant le big crunch…