CORONAVIRUS. En une dizaine de jours, la crise sanitaire a contraint à suspendre la quasi-totalité des chantiers de travaux publics en Ile-de-France. Et la reprise espérée ne pourra se faire que sous certaines conditions, tient à alerter la FRTP dans une lettre ouverte adressée aux maîtres d'ouvrage et aux maîtres d'œuvre de la région.
Depuis le 16 mars et l'annonce des mesures de confinement par le président de la République, ce sont 90% des chantiers de travaux publics en Ile-de-France qui se sont interrompus. Des décisions prises "la mort dans l'âme", selon la FRTP, qui a adressé une lettre ouverte ce 27 mars aux maîtres d'ouvrage et maîtres d'œuvre du territoire. Mais des décisions cependant inévitables, du fait de plusieurs facteurs : "L'impossibilité de mettre en œuvre les mesures barrières préconisées, d'assurer leur protection individuelle et collective, de garantir leurs conditions de travail et pour réagir à la désorganisation en cascade de la filière du fait de cette situation sans précédent (absence de personnel, rupture d'approvisionnement chez nos fournisseurs, mise à l'arrêt des centrales…)".
"Ces arrêts de chantiers ont souvent été réalisés à la demande ou avec l'accord du maître d'ouvrage et du maître d'œuvre", tiennent à rappeler les entrepreneurs, en saluant cet esprit d'humanité, de solidarité et de responsabilité collective. Cependant, si plusieurs voix semblent prôner une relance rapide des chantiers de BTP dans l'Hexagone, la fédération francilienne se veut prudente.
Reprise progressive sous condition
"Nous devons nous rendre à l'évidence : nous sommes aujourd'hui dans l'incapacité de reprendre l'activité normale de nos entreprises", tranche-t-elle même. Et elle demande aux maîtres d'ouvrage et aux maîtres d'œuvre de "sécuriser la situation", en prenant les ordres de service "d'ajournement ou d'arrêt de chantier le temps de permettre à chacun de travailler à la réouverture des chantiers dans des conditions de sécurité".
Dans sa lettre, la FRTP émet aussi plusieurs conditions à cette relance. La première: que le guide de bonnes pratiques réalisé par l'OPPBTP et qui attend la validation de l'Etat soit rendu public. Ce qui est imminent. Mais au-delà, il faut surtout que les entreprises s'approprient ces protocoles, "les traduisent au cas par cas dans leurs activités". Enfin, il faut qu'elles soient en capacité de "trouver les matériels et équipements préconisés pour la protection des salariés".
Sécurité et disponibilité de tous les acteurs
Il sera par ailleurs important que l'ensemble des acteurs s'assure de cette capacité à protéger les salariés et à appliquer les recommandations issues des négociations entre l'Etat et les fédérations professionnelles. Ce n'est pas tout, puisque la FRTP souligne également la nécessité de s'assurer "que l'ensemble de la filière soit opérationnel pour répondre à nos besoins", évoquant les matériaux, les matériels, les centrales, les décharges. Il est aussi impératif que les espaces publics dans lesquels les entreprises travaillent soient rouverts, et que tous, maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre, architectes, bureaux de contrôle, SPS, soient disponibles, présents sur le chantier.
La FRTP évoque également le besoin de mettre à jour le plan général de coordination, du côté des maîtres d'ouvrage, "afin d'assurer la sécurité sur le chantier dans ce contexte nouveau". Et le traitement "dans les meilleurs délais", des bons de commande et des factures, chez les clients comme dans les directions des finances publiques.
Si toutes ces conditions sont remplies, la reprise ne pourra malgré tout pas être totale et immédiate. A l'inverse "nécessairement progressive", elle concernera d'abord "les travaux urgents et les chantiers prioritaires". Pour une montée en puissance "à mesure que nous gagnerons en capacité d'intervention". Avec l'objectif que l'ensemble des chantiers soit opérationnel "une fois l'épidémie derrière nous".