INTERNATIONAL. BBT SE, la société en charge de la réalisation du tunnel du Brenner, à la frontière austro-italienne, a annoncé avoir mis fin à un contrat de près d'un milliard d'euros la liant au consortium ARGE H51, qui avait commencé les travaux de creusement sur un tronçon de ce grand projet d'infrastructure européen.

Le tunnel ferroviaire alpin du Brenner entre l'Autriche et l'Italie est un projet ambitieux : long de 64km, dans les Alpes du sud, il fait partie d'un projet de liaison ferroviaire important à l'échelle européenne, qui doit relier Munich (Allemagne) à Vérone (Italie). Plus largement, il est un maillon central du corridor européen allant d'Helsinki (Finlande), à La Valette (Malte). Il devrait aussi être le tunnel le plus long du monde à terme. Comme tout grand projet, le chemin de sa réalisation est semé de multiples embûches.

 

Dernier épisode et non des moindres en date : l'annulation le 28 octobre 2020 d'un contrat par BBT SE, la société gestionnaire du tunnel, avec le consortium austro-italien ARGE H51. "Nous avons malheureusement dû mettre fin à notre relation contractuelle" concernant les travaux de creusement d'un des tronçons, a-t-elle en effet annoncé dans un communiqué.

 

Perte de confiance

 

Les travaux avaient déjà commencé depuis 2018, sur une section de 15km environ, la plus méridionale de la zone du projet en Autriche. Mais BBT SE évoque "le refus" du groupement de réaliser certaines prestations contrairement aux engagements qui avaient été pris et "la perte de confiance" qui en résulte. La société estime par ailleurs qu'il n'y a pas eu de "collaboration constructive avec l'ARGE H51 depuis l'attribution du lot de construction", qui représente tout de même un montant de près d'un milliard d'euros !

 

BBT SE n'a cependant pas précisé quel serait l'impact de ce gros contretemps sur le calendrier du projet. La date de livraison a déjà été repoussée avant cet épisode. Annoncée un temps pour 2025, l'inauguration est actuellement prévue pour 2028. En mai 2020, la Cour des comptes autrichienne a de son côté estimé que la livraison se ferait plutôt en 2030, au regard des différends juridiques entre les sociétés impliquées et divers autres litiges.

 

Retard et surcoûts à prévoir

 

La résiliation de ce contrat va en tout cas générer inévitablement des délais supplémentaires. Le retard pourrait même être de plusieurs années selon le constructeur autrichien PORR, qui fait partie du consortium et a réagi dans un communiqué. Elle devrait aussi alourdir considérablement la facture selon l'entreprise. Pour rappel, le coût des travaux est estimé à 8,4 milliards d'euros, financés à 50% par l'Union européenne, l'Autriche et l'Italie partageant le solde.

 

PORR juge l'annulation du contrat "clairement illégale" et annonce une action en justice. Côté BBT SE, on explique tout faire pour "garantir que la construction du tunnel puisse se poursuivre le plus rapidement possible". Pour cela, "une analyse approfondie de l'ensemble du projet a déjà été lancée en vue d'un nouvel appel d'offres".

 

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