INTERVIEW. Alors que les onze membres de la commission d'évaluation du Comité international olympique (CIO) effectuent leur visite sur les sites pour étudier le dossier de candidature parisien à l'organisation des JO en 2024, la maire de Paris, Anne Hidalgo, rappelle à Batiactu quelles sont les forces architecturales, urbanistiques et sociales du projet.
Depuis le dimanche 14 mai, la ville de Paris accueille en grande pompe, jusqu'à mardi 16, la commission d'évaluation du Comité international olympique (CIO), qui vient jauger les capacités de la capitale française pour organiser les Jeux olympiques 2024. Anne Hidalgo, maire de Paris, nous détaille les points forts du projet de la capitale.
Batiactu : Le 6 juillet 2005, vous y étiez lorsque Paris a perdu les JO 2012... Qu'est-ce qui vous a donné l'envie de retourner et organiser Paris 2024 ?
Anne Hidalgo : C'est le monde sportif qui m'a convaincue de m'engager dans cette formidable aventure. En février 2015, le Comité français du sport international (CFSI) et le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) m'ont remis une étude d'opportunité d'une exceptionnelle qualité. Dans ce projet, ils ont fait le choix de la sobriété, en valorisant les nombreux équipements de haut niveau qui existent sur notre territoire. Ils ont fait preuve d'une vraie ambition en matière de respect de l'environnement et de développement durable, en conformité avec l'Agenda 2020 du CIO. Ils ont aussi proposé une vision à la fois très fédératrice, très innovante et très puissante des Jeux, fondée sur le partage et donc capable de mettre en mouvement toutes les forces de notre ville, de la métropole et du pays. Depuis, nous avons fourni un travail collectif, autour de Tony Estanguet et de Bernard Lapasset, nous avons associé tous les acteurs et toutes les sensibilités politiques, parvenant à une unité sans faille autour de cette candidature. Nous avons pensé ces Jeux pour les sportifs, pour les délégations et les visiteurs, mais aussi pour les habitants, avec un héritage à la fois utile et durable.Batiactu : Quelle sera la force de la candidature sur le plan des 36 sites ?
Anne Hidalgo : Paris 2024, c'est d'abord un projet d'une exceptionnelle compacité. 85% des sites se trouveront dans un rayon de 10km autour du Village Olympique, lui-même contenu dans un rayon de 500m. Tous les athlètes seront logés à moins de vingt minutes de leur site d'entrainement. C'est un gain de confort considérable. Cette candidature s'appuie aussi sur la qualité exceptionnelle de notre réseau de transport en commun. Déjà classé comme le plus dense au monde par l'Institute for transportation and development policy, basé à New-York, il sera encore perfectionné d'ici 2024, grâce au Grand Paris express. 100% des spectateurs des Jeux seront en permanence à moins de 400 mètres d'une station de métro et pourront ainsi se rendre aux épreuves en transports en commun. Autre atout : notre capacité à célébrer le sport et les valeurs de l'Olympisme au cœur de la ville. Paris a une vraie culture de la fête et des grands rassemblements sur l'espace public, nous l'avons vu pendant l'UEFA Euro 2016, nous le voyons chaque année avec la Nuit blanche. Ces Jeux, c'est la promesse de sites de compétition et de célébration au cœur de la capitale, avec le parc des Rives de Seine, écrin de verdure classé au Patrimoine mondial de l'Unesco, comme fil conducteur.Batiactu : Des programmes de logement sont-ils prévus dans ce cadre ?
Anne Hidalgo : Oui, c'est le sens du village olympique, situé en bord de Seine à l'Île-Saint-Denis. D'une superficie de 50 hectares, il se veut un modèle de renouvellement urbain et d'innovations durables. Il comptera 3.500 logements, répartis dans des bâtiments de sept étages qui respecteront les plus hautes normes environnementales. Il sera alimenté à 100% en énergies renouvelables, comptera des espaces verts et d'agriculture urbaine. Pendant les Jeux, il accueillera jusqu'à 17.000 athlètes et officiels, avec un très haut niveau de confort. À l'issue des Jeux, il constituera un nouvel écoquartier à part entière au cœur de la Seine-Saint-Denis, qui fera la part belle à la mixité sociale. Je suis d'ailleurs très heureuse que dans le cadre de cette candidature nous ayons réussi à orienter les nouveaux investissements sur la Seine-Saint-Denis, département le plus jeune de France, qui doit tenir une place majeure dans l'avenir de l'Île-de-France.Batiactu : La loi Jeux Olympiques est d'après-vous une bonne idée pour accélérer les projets ?
Anne Hidalgo : Si le CIO décide mi-septembre d'attribuer les Jeux 2024 à Paris, nous travaillerons en effet avec l'Etat et les parlementaires à une loi olympique et paralympique, qui facilitera la réalisation de ce fabuleux projet. Sur ce sujet, je n'ai aucun doute sur le fait que nous avancerons dans le consensus et dans l'unité, comme c'est le cas depuis le début de la candidature.Batiactu : Quels seront les bénéfices pour les Parisiens des constructions liées au projet 2024 ?
Anne Hidalgo : Nous tenons à ce que ces Jeux soient utiles à la population. Dès le début du processus de candidature, j'ai mis en place un programme d'accompagnement doté de 43 mesures, qui se traduit dès maintenant par des avancées concrètes. Stéphane Troussel, président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, a fait de même pour son territoire. Le plan parisien prévoit que, d'ici 2024, chaque habitant se trouve à moins de 5 minutes d'un équipement sportif. Nous ferons de l'activité physique dans l'espace urbain un vrai levier de santé publique, nous allons créer des équipements sportifs dans l'habitat social, favoriser la pratique sportive des familles et des enfants ou encore celle des personnes âgées. J'ai par exemple signé en février dernier un accord de partenariat avec le Recteur de l'Académie de Paris, pour ouvrir de nouvelles classes sportives à horaires aménagés dans les différents arrondissements. Les Jeux à Paris permettraient aussi de rendre la Seine à la baignade, pour les épreuves olympiques mais aussi, durablement, pour les Parisiens et les visiteurs. Sur le plan économique, les Jeux sont aussi un véritable levier de création d'activités et d'emplois non délocalisables, avec des retombées de long terme, notamment sur le plan touristique. Le Centre de droit et d'économie du sport de Limoges (CDES) a réalisé une étude d'impact extrêmement rigoureuse, qui estime que les Jeux créeraient 250.000 emplois et conduiraient à 10,7 milliards d'euros de retombées économiques. Ce ne sont que quelques exemples de l'impact à la fois très concret et très positif du projet.Batiactu : Quel message souhaitez-vous faire passer aux architectes urbanistes et professionnels de la construction parisiens qui attendent avec impatience la date du 13 septembre 2017, à laquelle la ville lauréate sera désignée ?
Anne Hidalgo : Que nous avons besoin d'eux, de leur énergie, de leur créativité, pour valoriser et faire vivre cette candidature ! Depuis le début de mon mandat, je n'ai eu de cesse de les impliquer dans les projets municipaux, avec des démarches innovantes comme celles de Réinventer Paris, de Réinventer la Seine ou de FAIRE. Cette méthode participative, de co-construction, qui fédère les énergies, nous avons à cœur de l'appliquer également pour ces Jeux. Notre mobilisation doit être totale, et cela jusqu'au bout du processus de candidature. Comme pour toute compétition sportive, nous devons donner le maximum et le meilleur de nous-mêmes jusqu'à la ligne d'arrivée !Découvrez dès la page 2, les principaux sites découverts par Batiactu en parallèle de la visite du de la commission d'évaluation du CIO.