Jeune fille surdouée, elle avait reçu des mains du compositeur Francis Poulenc, un premier prix d'harmonie au Conservatoire national de musique de Paris et, à chaque étape de sa vie, elle a su appliquer au métier qui l'a rendue célèbre, la rigueur et l'élégance apprises au cours de ses études artistiques. Musicienne, puis journaliste, styliste, directrice artistique... Toutes ces facettes ont formé l'architecte d'intérieur et la designer, comme nous le rappelle la monographie que lui consacre Donald Albrecht. "Faiseuse de tendances", elle s'est appliquée à donner au "goût français" une "nouvelle image". En donnant "belle allure" aux articles ménagers basiques chez Prisunic, puis dans l'agence MAFIA où elle acquit son statut de designer. Bannissant les frontières artistiques, elle s'amusait à mêler les univers, mode, design, culture, en véritable touche-à-tout qu'elle était. Avec cette élégance qui la caractérise à jamais.
"A l'écart"
Elle le disait elle-même, elle s'inscrivait à "l'écart". Et c'est d'ailleurs de ce nom, "joli", qu'elle baptise son agence "Ecart International" fondée dans les années 80. "Ecart", un nom qui, à l'envers, se lit également "trace" expliquait-elle à l'Express le 11 novembre 2006. Et des traces, elle en laisse sans conteste ! Citons pêle-mêle, outre de nombreux objets du quotidien, l'hôtel Morgans et des résidences privées, l'aménagement du Concorde, la réalisation du bureau du ministère de la Culture pour Jack Lang, le Pershing hall, le piano Pleyel "Voie lactée", une collection d'argenterie et de bijoux avec Christofle, un seau à champagne pour Veuve Clicquot, ou encore le Steamer Bag de Louis Vuitton, etc.
Sans oublier toutes ses collaborations avec le monde de la mode, comme le rappelait ce lundi Didier Grumbach, président de la Fédération française de la couture et du prêt-à-porter des créateurs : elle aura "changé le style du 20e siècle ou encore redéfinit l'élégance à la française".