660 millions d'euros ! C'est le montant de l'amende que vient d'infliger l'Office allemand anti-cartel aux six principaux cimentiers du pays.

Cette amende est la plus lourde jamais infligée par l'Office allemand anti-cartel. Celui-ci précise que les groupes concernés se seraient mis d'accord entre eux sur des quotas de production et se seraient répartis différentes zones d'activité en Allemagne, dans certains cas depuis les années 1970.

Le leader du secteur dans le pays, HeidelbergerCement, écope de la part la plus importante, 251,5 millions d'euros, devant Schwenk Zement avec 142 millions d'euros et Dyckerhoff, 95 millions d'euros.Lafarge Zement, la filiale cimentière allemande du groupe français n'est pas épargnée avec une amende 86 millions d'euros, de même que Alsen (filiale du groupe suisse Holcim, numéro deux mondial du ciment) qui devra payer 74 millions d'euros, et Readymix, 12 millions d'euros.

Sur ce total, des dirigeants de toutes les entreprises concernées vont devoir verser de leur poche une somme globale de 1,5 million d'euros, a également précisé l'Office anti-cartel.

En outre, une enquête se poursuit contre treize autres PME du secteur du ciment en Allemagne, également soupçonnées d'avoir pris part à l'entente illicite sur les prix.

Les différences dans le montant des amendes s'expliquent d'une part par le volume des ventes des entreprises, d'autre part par le degré de leur "coopération" avec les autorités, a précisé le président de l'autorité de la concurrence, Ulf Boege.

Readymix, par exemple, qui s'en sort avec une sanction financière plutôt modérée, fut ainsi la première des entreprises mises en cause à accepter de coopérer avec l'Office anti-cartel, après ouverture de l'enquête initiale, et à sortir de ce cartel qui a fonctionné jusqu'en 2002.
"Les ententes qui ont eu lieu entre cimentiers pendant des décennies ont abouti à empêcher pratiquement toute concurrence sur ce marché", a accusé Ulf Boege lors d'une conférence de presse.
"Les prix ont pu par ce biais être augmentés à un niveau qui n'aurait pas pu être atteint dans des conditions normales de concurrence", a-t-il ajouté, en estimant que les clients des entreprises sanctionnées et les consommateurs dans leur ensemble avaient subi "des dommages très importants".

L'autorité allemande, qui avait déjà infligé des amendes à des firmes du secteur en 1972 puis en 1988, avait ouvert sa dernière enquête l'année dernière.
Trente-huit sociétés ont été perquisitionnées à ce jour, permettant de saisir des documents compromettants et d'obtenir plusieurs aveux.

Malgré tout, plusieurs des groupes punis n'entendent pas en rester là. HeidelbergCement et Lafarge ont annoncé qu'ils feraient appel en justice de la sanction.
Le montant de l'amende est "disproportionné", a estimé Lafarge dans un communiqué, en précisant qu'il ne passerait pas de provision supplémentaire dans ses comptes pour se couvrir, contrairement à ce qu'a fait pour sa part HeidelbergerCement.
Le groupe français avait déjà passé une provision de 300 millions d'euros dans ses comptes de l'exercice écoulé.
Cette somme permettra de couvrir non seulement l'amende distincte de 249,6 millions d'euros que lui avait infligée la Commission européenne en novembre dernier pour avoir participé à une entente sur le marché européen des plaques en plâtre, mais également "le risque lié à l'enquête des autorités allemandes de la concurrence dans le secteur du ciment en Allemagne", a-t-il affirmé.

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